Projet de loi 86 sur la gouvernance scolaire : Rien de plus qu’un « brassage de structure »

Par Emelie Bernier 8 Décembre 2015
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Un brassage de structure : c’est ainsi que Pierre Girard, président de la Commission scolaire de Charlevoix, qualifie le projet de loi 86, soit la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance des commissions scolaires en vue de rapprocher l’école des lieux de décision et d’assurer la présence des parents au sein de l’instance décisionnelle de la commission scolaire

Devant ce projet de loi qui, s’il est adopté au printemps prochain, signerait l’arrêt de mort des commissions scolaires, Pierre Girard dit vivre « des sentiments partagés entre la fierté et la déception ». « Je suis fier du travail accompli avec mes collègues commissaires, d’où on en est. On a une bonne réputation. Au niveau de la diplomation, de la diminution du décrochage, on a gagné des points dans les dernières années. Notre personnel et la direction donnent une contribution exceptionnelle à tous égards. Ma déception, c’est que tout est de plus en plus difficile depuis que le gouvernement Charest a lancé les compressions budgétaires ».

Selon lui, Charlevoix n’a rien à gagner de ce projet de loi. «Il n’y  a rien de centré sur  la réussite des jeunes. L’enjeu principal est de pourvoir le ministre d’un pouvoir absolu de gouvernance et d’évacuer les commissaires », croit-il fermement. Il énumère quelques unes des difficultés à prévoir dans l’application de la loi 86 qui enverrait aux oubliettes les conseils des commissaires à peine 2 semaines après l’adoption. « Mettre la structure en place, faire le transfert de connaissances avec les membres du nouveau conseil scolaire,  le choix de ces membres… Selon moi, toute la dynamique sera moins objective. D’où vont-ils venir?  Le ministre se réserve le droit d’y placer des gens lorsqu’il y a des sièges vacants ou absence de quorum. Est-ce que ce sera encore représentatif de tous les milieux? Sur 16 membres qui siègeront au conseil scolaire,  8 pourraient ne pas demeurer dans Charlevoix. Même le président pourrait être domicilié à l’extérieur de la région. Quelle sorte de vision va émaner de ce nouveau conseil?», demande Pierre Girard.

Il n’hésite pas à dire que ce projet de loi   invite à un « cannibalisme du pouvoir ». «Le ministre a voulu faire plaisir à tout le monde et c’est du racolage avec tous les groupes qui ont eu le droit de cité, droit que les commissions scolaires n’ont pas eu. On ne nous a jamais demandé notre avis », s’insurge-t-il.

Le président  ne siègera pas sur le conseil scolaire. «Moi, mes couleurs sont annoncées depuis longtemps. Je ne serai jamais le commissionnaire du gouvernement en place. Je vais me retirer avec le sentiment du devoir accompli.»

Le président considère que le ministre a manqué de tact en qualifiant « d’erreur historique » les conseils des commissaires. «C’est blessant. Pour une première fois, il attaque une démocratie qui a 150 ans d’histoire. Après nous, la seule qui reste, ce sont les municipalités. Qu’est ce qui les attend? », questionne-t-il, rappelant que la société civile est de plus en plus expulsée des instances de pouvoirs. « Il n’y a  plus de place pour les citoyens dans les orientations de notre gouvernement ». Ce dernier va jusqu’à questionner les compétences de M. Blais. «Est-ce que le ministre a le talent et la maturité pour gérer son pouvoir absolu? A-t-il les aptitudes pour exprimer ses nouveaux pouvoirs à la population? », demande-t-il, allant jusqu’à affirmer que le même sort que celui réservé aux commissions scolaires devrait être échu au ministre de l’Éducation.

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