Philias Sylvestre, le bon vivant de Baie-Saint-Paul

Par Jean-Baptiste Levêque 8:00 AM - 16 mars 2024
Temps de lecture :

Philias Sylvestre et son amie Nancy Gagnon.

À l’occasion de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, Le Charlevoisien a rencontré Philias Sylvestre, un résident de Baie-Saint-Paul pas comme les autres, un homme social et actif qui ne laisse personne indifférent.

À 78 ans, M. Sylvestre mène une vie bien réglée. Tous les jours, il sort se promener dans les rues de Baie-Saint-Paul, fait quelques courses, passe le balai au salon de coiffure Barbier BSP, participe aux activités de l’association ALTI…

« Il est très autonome, très bien intégré dans la communauté. On lui offre simplement un support dans la vie quotidienne », dit Marie-Michèle Labbé, éducatrice spécialisée chez ALTI, qui offre des services aux Charlevoisiens adultes qui vivent avec une déficience intellectuelle.

Philias n’a pas eu un début de vie facile. Orphelin de Duplessis, il a passé son enfance dans des hôpitaux et des familles d’accueil.

Après cette période, « j’ai été envoyé dans le monde pour travailler », explique-t-il justement. Il a travaillé le bois au Centre de travail adapté puis à BFCO. Il a aussi été commis à la Boutique Origène. Pour finalement prendre sa retraite au début des années 2010.

Philias reste seul en appartement, il précise même qu’il est rendu à son quatrième. L’Agence pour vivre chez soi lui cuisine des repas. Il bénéficie des services d’une éducatrice spécialisée pour son budget, ses factures et quelques courses, qui peuvent parfois s’étirer quand il rencontre des connaissances.

« Tout le monde le connait! Il est très attachant, toujours de bonne humeur, il fait des farces », dit Anne-Sophie Girard, éducatrice spécialisée au CIUSSS de la Capitale-Nationale. « En famille d’accueil, je chialais! », nuance toutefois Philias.

Malgré cela, le Baie-Saint-Paulois a gardé un très bon contact avec l’une d’entre elles, située à Cap-à-l’Aigle. Il y retourne chaque année pour le temps des fêtes et trois semaines durant l’été. Et il leur achète un cadeau aux Trésors de Nancy, tenus par son amie Nancy Gagnon.

« Au restaurant, je le servais comme client il y a 24 ans, avec d’autres amis de son groupe. J’ai fait un peu la différence dans leur vie », nous confie-t-elle dans sa boutique. En 2003, Nancy Gagnon rejoint un voyage en Floride, organisé par des éducateurs pour plusieurs orphelins de Duplessis.

« C’est le plus beau voyage de ma vie. J’ai découvert d’autres valeurs », affirme celle qui accompagnait deux « gars », dont Philias. « On aurait dû y rester! », répète celui-ci depuis des années.

Philias lors de son voyage en Floride, à Walt Disney World Resort.

Nancy Gagnon n’a que de bons mots pour décrire son ami. « C’est un bon agaceux, un bon vivant, qui fait du bien dans nos vies. Il remet les valeurs à la bonne place. »

Mireille Tremblay et Nadia Simard, du salon Barbier BSP, abondent dans le même sens. « Il est très social, ponctuel, ordonné, fier, honnête, un peu trop des fois! », dit Mireille en riant.

Au début, Philias était un client, il passait souvent jaser aux deux coiffeuses. « Tant qu’à être ici, passerais-tu un beau balai? », lui a un jour lancé Nadia. Depuis, il vient chaque jour faire quelques tâches et partager sa bonne humeur.

« Il nous a organisé un party d’employés, alors qu’en 28 ans de coiffure, on n’avait jamais vécu ça! », souligne Mireille Tremblay. « Et il a déjà réservé le prochain », précise Nadia.

Philias sur la chaise des barbières Nadia Simard et Mireille Tremblay.

En arpentant la rue Saint-Jean-Baptiste, Philias rencontre encore une connaissance, jase, rigole, et continue son chemin sous le soleil.

NDLR : Les orphelins de Duplessis sont un groupe d’enfants placés, entre 1935 et 1964, dans des crèches, orphelinats et hôpitaux psychiatriques, où plusieurs ont été maltraités ou abusés. Un nombre important d’entre eux reçoivent de faux diagnostics de handicaps mentaux, afin que les institutions qui les hébergent reçoivent des subventions réservées aux établissements psychiatriques. Source : L’Encyclopédie canadienne

Partager cet article