Vignoble Baie-des-Rochers : une aventure en pleine maturation

Par Jean-Baptiste Levêque 5:00 AM - 14 novembre 2023
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Thomas et André Larouche ont planté leurs premières vignes en 2018. Photo courtoisie

Si la réputation agroalimentaire de Charlevoix n’est plus à faire, les produits viticoles ne sont pas légion. Mais un nouveau vignoble est en train de grossir les rangs de ceux de Charlevoix : le Vignoble Baie-des-Rochers, un projet père-fils d’André et Thomas Larouche.

Le projet a débuté il y a cinq ans, alors qu’André et Thomas, deux amoureux de la région, se mettent à rêver de planter des vignes. « Un soir d’hiver sur kijiji, on regardait les terrains à vendre, puis on trippait », lance Thomas Larouche.

Le fils rejoignait ainsi le projet de retraite de son père, qui travaillait au ministère des Ressources naturelles et des Forêts, et qui avait déjà expérimenté quelques vignes à sa maison de Québec et à leur résidence familiale de Port-au-Persil.

« La viticulture pour moi, elle est venue au début des années 90, quand je suis resté à Charlesbourg près d’un vignoble – le premier vignoble au Québec – et ça m’a immergé là-dedans. J’ai pu avoir quelques plants de vigne et j’ai commencé tranquillement », se souvient André Larouche.

Le choix du lieu pour leur nouveau projet était à la fois audacieux et stratégique. « Baie-des-Rochers est apparu. C’est dans un fond de vallée qui descend au fleuve. Une vallée dans le contexte d’un vignoble, c’est toujours intéressant parce qu’il y a une chaleur qui s’y installe, c’est uniforme », précise André.

Les Larouche acquièrent donc en 2018 une vingtaine d’hectares de terres agroforestières et y défrichent un lot partiel expérimental pour y installer des variétés d’essais.

« On ne partait pas nécessairement de zéro. C’étaient les anciennes terres agricoles du village », poursuit Thomas, qui précise que « quand on a embarqué là-dedans, Papa avait beaucoup de connaissances de la vigne, mais on n’avait pas vraiment d’expérience ».

Afin d’assurer leurs décisions, les deux associés se sont « entourés de gens du ministère de l’Agriculture, de la MRC, d’agronomes conseils ». « Donnez-nous cinq ans pour qu’on soit capable de dire : oui, le raisin il pousse ici, ces variétés-là, on peut les amener à maturité », clament-ils à l’époque.

« Cinq ans, c’est un minimum pour deux personnes qui partent de jardinage de cour à (une culture à) grande échelle avec un tracteur », affirme Thomas. Quatre ans auraient peut-être suffi pour les viticulteurs en herbe, si ce n’avait été d’un gros gel survenu à la fin septembre 2022.

Le projet compte aujourd’hui environ 2 000 plants. « C’est la première année qu’on est en vinification parce qu’on a eu une bonne récolte puis qu’on a eu une bonne maturité. Possiblement au printemps, on va amener une première bouteille sur la table et on va dire : voici le vin de Baie-des-Rochers », révèle André.

Le vigneron parle de 40 à 50 bouteilles, de deux ou trois variétés. De quoi mettre la table pour une éventuelle commercialisation d’un nouveau vin charlevoisien et… biologique? « On n’a utilisé aucun engrais chimique, on aimerait tendre vers le bio », glisse-t-il, même si « c’est beaucoup plus exigeant ».

Le potentiel agrotouristique du site est aussi dans la mire des deux producteurs. « Pour être constitué comme un vignoble officiel, ça prend un chai sur place, construit selon les règles du ministère. Donc l’an prochain, on va commencer à voir l’amélioration de notre bâtiment d’accueil, la construction d’un chai et l’amélioration du site », énumère André.

Pour voir la mise en marché d’une première cuvée, les amateurs de vin et les curieux devront patienter jusqu’en 2025 ou 2026. D’ici là, les deux hommes devront réfléchir à leur implication dans le projet, surtout Thomas, qui travaille à temps plein en sécurité informatique.

« J’ai déjà ma carrière en parallèle. Ce projet-là, j’y crois. Je rêve de dire : je quitte le monde des technologies pour aller en vivre, mais c’est sûr que dans ces deux ans-là, il va y avoir certaines décisions à prendre. Un projet entrepreneurial, il faut que tu y ailles à fond », résume-t-il.

Peu importe l’avenir du vignoble, les Larouche père et fils sont unis plus que jamais dans leur aventure. « On a appris beaucoup. Ça a été des up and down. Des fois, t’as envie de lancer la couverte, mais on a surmonté ça », dit fièrement Thomas.

On peut suivre l’aventure du Vignoble Baie-des-Rochers sur la page Facebook du même nom.

Le vignoble est situé dans la vallée de Baie-des-Rochers, à Saint-Siméon. Photos courtoisie

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