La propriétaire du Gîte au Clocheton Johanne Robin ne croit pas à une 2e vie pour sa maison

Par Lisianne Tremblay 8:00 AM - 26 septembre 2023
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La propriétaire Johanne Robin ne croit pas que la Ville trouvera un acheteur pour sa maison.

La propriétaire du Gîte au Clocheton Johanne Robin a toutes les autorisations nécessaires pour démolir sa résidence, mais elle doit attendre son permis de démolition de la Ville de Baie-Saint-Paul.

Comme sa maison a une valeur patrimoniale supérieure, la Ville tente de trouver un acheteur et de quand même lui permettre d’obtenir son allocation de départ du ministère de la Sécurité publique.

« J’ai beaucoup de réserves concernant cette option. Les dommages sont beaucoup trop importants. Je suis dans un terrain de zone inondable et la maison est non assurable. J’ai tout essayé avant d’en arriver à la démolition. Pour moi, c’est la seule option possible. Je ne peux pas faire déplacer la maison puisque si je fais refaire le solage, je vais perdre mes belles galeries qui sont sur deux étages et qui sont reliées par une poutre. Je suis en attente et, durant ce temps, la maison se dégrade », déplore Johanne Robin.

La décision concernant sa maison, qui abritait aussi son commerce, a été reportée. La Ville dispose de deux mois pour tenir un autre comité de démolition.

Elle a obtenu la confirmation de son décret du ministère de la Sécurité publique le 18 août, qui confirme qu’elle a choisi l’allocation de départ. Elle a par la suite demandé une rencontre avec le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, et le directeur général, Gilles Gagnon.

Cette rencontre a eu lieu le 28 août. Mme Robin a remis la demande pour le permis de démolition, accompagnée d’une lettre de huit pages qui expliquait sa démarche.

D’autre part, la Ville a modifié le règlement de construction et de démolition afin que les immeubles à valeur patrimoniale et sinistrés ne soient pas exemptés du processus d’attribution d’un certificat d’autorisation de démolition. Cette modification a été apportée le 13 juillet et a pour conséquence de sauvegarder les maisons dans le cas où elles ont une valeur patrimoniale qualifiée de moyenne, forte ou supérieure.

Cette modification est jugée conforme selon le greffier de la Ville de Baie-Saint-Paul, Émilien Bouchard.

« Je ne comprends pas que la Ville ait pu modifier son règlement pour y ajouter une exemption, ce qui a été fait après le sinistre du 1er mai. La valeur de la maison de ma voisine était considérée comme moyenne et elle n’a pas eu de comité de démolition et elle a eu son permis quand même. J’ai pris soin de ma maison pendant 24 ans et en une seule journée, j’ai tout perdu. Tout ce qu’il y avait de patrimonial et de matériaux nobles a disparu. Mes pertes en biens sont estimées à plus de 110 000 $, J’ai refusé de céder mon terrain pour 1 $, ce qui n’a pas plu à la Ville », ajoute Mme Robin.

De plus, selon l’article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de l’environnement, les pouvoirs des municipalités dans le domaine sont limités et les règlements adoptés en vertu de cette loi prévalent sur tout règlement municipal portant sur le même objet, à moins que le règlement municipal ne soit approuvé par le ministre, auquel cas ce dernier prévaut dans la mesure que détermine le ministre. 

« Dans la Loi sur le patrimoine culturel, il n’y a pas d’article sur les maisons inondées. L’article de la Loi sur la qualité de l’environnement démontre qu’il n’est pas possible de reconstruire parce qu’on est en zone inondable et non assurable. Cet article prévaut sur les autres qui ont été adoptés par la Ville », soutient Mme Robin, qui a d’ailleurs demandé une copie du règlement de construction et de démolition au moment du sinistre du 1er mai 2023. 

Elle souhaite aussi obtenir les lettres des résidents qui se sont opposés à la démolition de sa résidence.

La Ville évalue ses options

Pour le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, le processus suit son cours pour ce dossier complexe. Il se défend d’avoir effectué du chantage concernant le terrain du 50, rue Saint-Joseph.

« Oui, on a posé la question à Mme Robin pour savoir si elle avait son permis de démolition, elle nous céderait le terrain. Sa réponse négative ne change rien au processus. On est encore en discussions avec les ministères concernés. J’ai d’ailleurs parlé au cabinet du ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, vendredi (15 septembre). On fonctionne vraiment au cas par cas. On cherche un juste milieu entre la demande de la propriétaire et la sauvegarde du patrimoine », commente M. Pilote.

Dans ce cas précis, même si la Ville autorisait la démolition, le ministre de la Culture pourrait cependant l’empêcher. La Ville a d’ailleurs reçu plusieurs lettres de différentes organisations, qui sont en faveur de la sauvegarde de cette maison.

Le maire, qui préside aussi le comité de démolition, ne peut pas donner de date quant à la tenue du prochain comité.

On voit encore la démarcation de l’eau de la rivière qui a monté en dessous de la fenêtre.
Le salon de la maison est bien différent d’auparavant. Le poêle ne peut même pas être utilisé.

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