Climat de travail toxique au Club Med : un Mexicain aura tout essayé

Par Jean-Baptiste Levêque 6:15 PM - 18 mai 2023
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Luis Eduardo Shirasago Dominguez reproche au Club Med et au syndicat des Teamsters de fermer les yeux sur les nombreux problèmes vécus par les travailleurs.

À l’image de plusieurs de ses semblables, Luis Eduardo Shirasago Dominguez n’en peut plus des conditions de travail du Club Med Québec Charlevoix. Ce travailleur temporaire venant du Mexique a sollicité son employeur et son syndicat à de multiples reprises sur des situations injustes, en vain.

Malgré sa crainte de représailles, M. Shirasago a décidé d’en parler à visage découvert, une première pour un travailleur encore à l’emploi du Club Med. Comme d’autres avant lui, cet ancien chirurgien-dentiste devenu plongeur reproche à son employeur de fermer les yeux devant un climat de travail toxique où la discrimination et le harcèlement psychologique sont monnaie courante.

« J’ai essayé de parler avec les ressources humaines, avec le syndicat. J’ai essayé de trouver de nombreuses façons de résoudre nos problèmes, pas seulement les miens, mais tous les problèmes des employés. J’ai même essayé d’être représentant syndical. Ça n’a rien donné », déplore Luis Shirasago.

Le travailleur mexicain a commencé ses démarches pour améliorer ses conditions de travail en juillet 2022. Il affirme avoir relancé les ressources humaines et le syndicat des Teamsters de nombreuses fois. Mais selon lui, les deux parties ont clairement rejeté ses appels à l’aide.

« La dernière fois que j’ai parlé aux ressources humaines, ils m’ont crié dessus, ils m’ont dit que j’imaginais des choses dans mon esprit. J’ai essayé de trouver de l’aide auprès du syndicat et le syndicat m’a dit que je ne pouvais rien faire si ce n’était pas dans la convention », se plaint Luis Shirasago.

Voyant justement qu’il manquait de nombreux éléments dans la convention collective, le jeune homme s’est aussi proposé pour être représentant syndical au sein des travailleurs. Les élections promises par le syndicat des Teamsters n’ont jamais eu lieu.

Il explique aussi qu’après des semaines de rendez-vous manqués avec le responsable syndical du Club Med de l’époque, celui-ci « a fini par m’éviter à de nombreuses reprises ». Il a par la suite écrit à au moins six personnes différentes du syndicat sur sa situation. Il n’a reçu aucune réponse.

Luis Shirasago ne se fait plus d’illusions sur son avenir au Club Med. « Je serais heureux de voir des changements, mais je ne pense pas qu’ils renouvelleront mon contrat de travail. Ils peuvent facilement amener un autre groupe de Mexicains pour nous supplanter. »

Il devra donc retourner dans son pays. « Je suis venu au Canada pour fuir les problèmes d’insécurité, les cartels de drogue, la pollution, les bas salaires… » Mais au final, Luis Shirasago considère ses problèmes vécus au Club Med comme « une extension » de ceux du Mexique.

Selon Dulce Vivar, représentante des travailleurs au sein du regroupement Latinos en Charlevoix, une cinquantaine d’entre eux se sont plaints de leurs mauvaises conditions de travail à l’employeur ou au syndicat, ou encore sont aller chercher de l’aide psychosociale auprès d’organismes du territoire.

Luis Eduardo Shirasago Dominguez est actuellement en arrêt de travail. Le billet du médecin qu’il a reçu mentionne un « trouble d’adaptation avec humeur dépressive en lien avec harcèlement au travail », une « crainte de représailles et de perdre son emploi » et ajoute à la fin « employeur problématique! ».

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