Des soins de proximité par le privé

Par Dave Kidd 5:00 AM - 4 avril 2023
Temps de lecture :

Élodie Brams fonde Clinique infirmière Charlevoix

Les services de proximité en santé peuvent emprunter désormais une nouvelle avenue. Une infirmière clinicienne privée ouvre son cabinet. Elodie Brams « compte prendre » le temps de s’occuper de ceux et celles qui recourront aux services de Clinique d’infirmière de Charlevoix.

Pour l’infirmière, c’est un peu un retour aux sources. En France, elle avait son cabinet. « J’ai quitté mon pays pour un avenir meilleur », dit-elle. La suite n’aura pas été tout à fait un conte de fées.

Après la reconnaissance de ses études par le Québec, elle a frappé à la porte de plusieurs hôpitaux sans avoir de réponse. Finalement, elle obtient un emploi dans la région de Montréal. « J’étais dans une équipe volante de nuit. Les infirmières étrangères obtiennent souvent les postes que personne ne veut ». 

Élodie Brams a aussi travaillé dans le privé (RPA). C’est là qu’elle a découvert le côté hiérarchique de la profession de ce côté de l’océan Atlantique. « J’ai travaillé à Genève et à Lausanne dans plusieurs spécialités. C’est l’expérience et la compétence qui priment là-bas », ajoute-t-elle.

Son histoire n’est pas banale. Ses expériences ont fait en sorte que l’option de recommencer à zéro avec son propre cabinet semble la meilleure. « J’aime mon métier par rapport aux contacts humains. On n’a plus le temps dans le système. Les patients sont rendus des chiffres. Je propose un service axé sur les besoins de la personne », résume-t-elle.

Comment ça marche?

Les services qui seront offerts vont de la prise de signes vitaux aux prélèvements sanguins, en passant par les pansements simples ou complexes et la gestion de la médication. Des services qui seront couverts par des assurances ou encore les crédits pour frais médicaux et les crédits d’impôt pour le maintien à domicile. Personne n’aura de mauvaises surprises, une évaluation des tarifs sera effectuée lors de la prise du rendez-vous. Le paiement sera fait sur place par carte de crédit, virements bancaires ou argent comptant. 

Elle a choisi de s’installer dans Charlevoix il y a un peu plus de deux ans. Pourquoi? Elle est tombée en amour avec une terre à La Malbaie. « J’ai alors décidé de réorienter ma carrière », continue-t-elle. Cette réorientation s’effectuera loin du tristement célèbre TSO (temps supplémentaire obligatoire) qui empoisonne la vie de nombreux travailleurs du domaine de la santé. « Je n’avais pas connu ça en Europe. J’avais mon cabinet, avec une équipe qui travaillait selon un horaire de trois jours de travail suivis de deux de congé, avec une fin de semaine de boulot par mois », résume l’infirmière clinicienne.

Élodie Brams a constaté que « les besoins sont criants » dans Charlevoix. Les secteurs de Saint-Siméon et de Baie-Sainte-Catherine, pour ne nommer que ceux-ci, réclament des services depuis des années. Une infirmière n’est pas une médecin. Or, son apport peut faire une réelle différence. « Les gens qui ont des pathologies vont comprendre que ça va faire du bien », croit-elle.

Le débat sur la place du privé en santé ne date pas d’hier. Il serait illusoire de penser que ce n’est que pour les grandes villes. L’infirmière croit que l’accueil sera un peu « mitigé », mais rappelle que des cliniques privées de professionnels en santé, il y en a déjà ici.

Pour débuter, elle est seule. Son objectif est de former une équipe. Elle voudrait également suivre la formation d’infirmière en rôle élargi pour en offrir davantage, avec des évaluations plus poussées et des actes comme des points de suture.

Tremblay intéressé

Le maire de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, dit que tous services publics ou privés peuvent être profitables. « Le privé va où les besoins ne sont pas comblés. On n’a pas tellement d’écoute des grosses machines. J’ai fait des demandes depuis un plus d’un an. On dirait que le temps aide les machines. Les gens s’organisent pendant ce temps-là », dit-il.

Il ne ferme pas du tout la porte à fournir un local pour Clinique d’infirmière de Charlevoix. « Tout ce que je peux faire, je vais le faire », poursuit-il. 

Le maire compte aussi demander au CIUSSS de la Capitale-Nationale un portrait de santé pour sa municipalité, ainsi que Sagard et Baie-Sainte-Catherine, pour orienter les solutions aux besoins. « Les gens vont à quel endroit pour obtenir des soins de proximité? Y’a-t-il des particularités ou des problèmes de santé propres à ces territoires? Ça aiderait aussi la Clinique d’infirmière de Charlevoix à déployer ses services », termine Sylvain Tremblay.

Partager cet article