L’art populaire d’Annick Gauvreau, pour chaque enfant en nous

Par Jean-Baptiste Levêque 1:00 PM - 21 janvier 2023
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L’artiste Annick Gauvreau, au centre de l’exposition qui lui est consacrée au Musée de Charlevoix.

L’artiste Annick Gauvreau est de nature généreuse. Autant par le don d’œuvres qu’elle a fait au Musée de Charlevoix, qu’en y animant elle-même un atelier créatif pour la famille, en marge de l’exposition L’imaginaire d’Annick Gauvreau – L’art populaire en mode actuel. Le Charlevoisien a profité de l’occasion pour la rencontrer.

En février 2022, Annick Gauvreau a fait don de 48 œuvres d’art populaire au Musée de Charlevoix. De cette donation, une quarantaine d’œuvres constituent l’exposition qui lui est consacrée. De ces assemblages d’objets inusités se dégage une impression paradoxale, partagée entre gravité et légèreté.

« Cette exposition s’adresse d’abord aux grandes personnes, mais également à tout enfant qui habite en eux », explique l’artiste dans un texte affiché dans la salle. À travers ses œuvres, Annick Gauvreau aborde des sujets graves, comme la crise humanitaire en Haïti, la prostitution ou les problèmes de jeu, tout en suscitant « la joie de l’émerveillement si accessible dans la petite enfance ».

« Je suis de nature fantaisiste et mes résolutions de problèmes sont souvent créatives », affirme l’artiste de Montérégie. Refusant d’être catégorisée dans un seul style d’art, elle se réclame avec humour du « bébélaïsme », car le « ludique découle souvent (de ses) œuvres ».

Annick Gauvreau ne fait pourtant pas de l’art pour s’amuser, même si elle avoue éprouver beaucoup de plaisir au travail. C’est en créant que les sujets viennent naturellement. Et ce qu’elle observe des beautés et des drames de ce monde ressort à travers un assemblage d’objets digne de l’imaginaire enfantin.

L’Empire State Building ou La Montagne sacrée? L’une des nombreuses oeuvres à la fois ludiques et intrigantes de l’artiste.

Ce travail d’artiste n’est pas simple pour autant. « C’est aussi complexe que de peindre un tableau », mentionne Mme Gauvreau. Elle passe ainsi beaucoup de temps à ajuster de menus détails, faire tenir les éléments ensemble, insérer des boîtes à musiques cachées…

C’est justement avec une boîte à musique que l’artiste a commencé à collectionner des objets de toutes sortes. « Les gens voyaient que je collectionnais, alors ils m’en apportaient. J’ai commencé à exposer sans savoir que c’était de l’art populaire! »

C’est Richard Dubé, collaborateur du Musée de Charlevoix et spécialiste de la question, qui le lui a confirmé lorsqu’il est venu évaluer sa collection. « Il m’expliquait que l’art populaire a toujours été un regard des gens sur la société. Je ne pensais pas que mes œuvres en étaient, mais selon lui elles reflètent la société d’aujourd’hui », se souvient Mme Gauvreau.

Un art qui parle de notre société complexe, autant aux adultes qu’aux enfants, annonce-t-il l’ « apparition d’une nouvelle tendance artistique? Peut-être, l’avenir nous le dira… En attendant, pas question que je me prenne au sérieux », conclut l’artiste.

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