Dans le ventre de l’Ukraine

Par Lisianne Tremblay 5:00 AM - 9 mai 2022
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Galina Khomenko et ses filles Maria et Angelina sont réfugiées en France. Photo courtoisie

Galina Khomenko et ses deux filles ont réussi à quitter l’Ukraine lorsque la Russie a lancé les hostilités le 24 février. Malgré les nombreux obstacles, elles ont réussi à se réfugier en France où elles aujourd’hui sont en sécurité en attendant de pouvoir venir au Canada.


Au Centre d’études collégiales en Charlevoix (CECC), les élèves en techniques d’éducation spécialisée de l’enseignante Audrey Lavoie ont pu discuter virtuellement la famille dont les membres sont présentement en attente de leurs autorisations pour venir au Canada. Une cousine de Galina, Élina Muradova, établie présentement à Toronto, a fait la traduction au fil de l’entrevue dont Le Charlevoisien a obtenu l’enregistrement.


La famille de Mme Khomenko habitait dans la ville de Tchernihiv, située à 156 kilomètres au nord de Kiev. À l’aube du 24 février, alors que les premiers échos de la guerre résonnaient, la famille Khomenko est partie vers le village de Horbove, entre Tchernihiv et Kiev (160 km de Kiev) chez la maman du mari de Galina.


«10 minutes pour ramasser les choses et courir vers l’autobus, c’est ce que nous avons eu quand les premières bombes sont tombées à proximité de notre maison. On pensait qu’on partait pour deux ou trois jours. Par la suite, tout se décidait sur le moment. Nous devions nous adapter aux événements. Nous ne pouvions plus rien prévoir », a raconté Galina Khomenko.La mère de famille a fait l’impossible pour protéger la vie de ses deux filles.


D’ailleurs, sa fille Maria, âgée de 12 ans, n’arrive pas à oublier ce matin où les bombardements ont débuté vers 5h30.
« C’est un ami de mon père qui est venu nous dire que la guerre était commencée et que nous devions quitter. Je me suis dépêchée de prendre mes crayons et mes dessins. Ma sœur Angélina a mis toutes ses peluches dans son sac et nous sommes partis », souligne-t-elle.


Ce départ hâtif leur a permis d’être évacuées toutes les trois un mois plus tard. Après leur départ, la ville de Tchernihiv est restée assiégée pendant 44 jours. L’apport d’aide humanitaire et l’évacuation des civiles étaient impossibles.


Au début, le mari de Galina s’est porté volontaire pour défendre le territoire avec l’armée. Sa femme Galina a pour sa part préparé des repas pour les soldats.


« Je partais avec ma mère pour préparer à manger dans une ancienne école. Nous avons aussi aidé à transporter l’aide humanitaire pour les gens âgés. Il y en a beaucoup qui sont restés dans leur maison et qui n’ont pas voulu quitter leur pays. Ces moments étaient joyeux pour nous », ajoute Maria.


La jeune fille admet qu’elle a connu la peur et la faim puisque la nourriture devait être rationnée.


Le 19 mars, Galina et ses filles ont pris la décision de quitter l’Ukraine. La chance leur a sourit encore une fois.


« La zone en question était un champ de bataille. Au début du trajet, le bus a été pris pour cible par l’armée russe. Seul le fait que le conducteur connaissait bien les environs leur a permis de survivre: le conducteur a pris la décision de traverser la forêt et pas une autoroute », raconte leur proche, Élina Muradova.


Mission de sauvetage


Danièle, qui a accueilli la famille ukrainienne depuis un mois, est la belle-maman d’Élina, qui est la cousine de Galina. Cette « mission de sauvetage » n’aurait jamais eu lieu sans des amis d’Élina à Paris et sans la famille de son conjoint. Galina Khomenko ne s’est d’ailleurs sentie en sécurité que lorsqu’elle a pu embrasser Danièle, à la gare en France.


La maman a obtenu son autorisation de travail pour le Canada ainsi que son visa d’immigration. Au moment d’écrire ces lignes, il ne restait qu’aux filles à obtenir leur autorisation d’entrée au pays. Selon l’ambassade, celle-ci ne devrait pas tarder.


Pour le moment, Galina Khomenko n’envisage pas retourner en Ukraine après la guerre. Elle tient à ce que ses filles puissent continuer à aller à l’école.


Si elle était seule, Galina n’hésiterait pas une seconde. « Je reviendrais pour reconstruire ma ville brique par brique ».

Les étudiants du CECC ont pu avoir un entretien avec la famille ukrainienne. Photo courtoisie

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