Au tout début de la première chanson du EP Produit du terroir, on entend Clément Turgeon relater la naissance du Festif ! à Baie-Saint-Paul. Rien d’anodin dans ce clin d’œil : c’est au Festif ! qu’Antoine Lévesque, alias Slim Tony, a découvert, et apprécié, le rap francophone.
«J’ai toujours été un fan de rap et de musique en général, mais honnêtement, le rap québécois, je regardais ça de haut jusqu’à ce que je découvre Koriass au Festif ! C’est devenu mon rappeur préféré », résume-t-il.
Le style, en français s.v.p., s’est invité de plus en plus dans ses listes de lecture musicales et Antoine a commencé à écrire à son tour.
« Je vivais aux États-Unis et écrire en français était un moyen de rester proche de ma langue maternelle», confie-t-il.
Antoine écrivait des textes en dilettante jusqu’à ce qu’un concours de circonstances l’incite à mettre des mots en musique.
« L’an dernier, j’étais à l’université et impliqué dans un comité étudiant. C’était la pandémie, on n’avait pas beaucoup accès à des événements présentiels et il fallait se réinventer. Tout a commencé avec une campagne de mobilisation pour le mouvement Movember », relate-t-il. Sa première création officielle est donc la chanson thème humoristique de cette campagne de sensibilisation dans son milieu universitaire, pour laquelle il a également créé des vidéos cocasses.
Une chose en entraînant une autre, il a par la suite composé une chanson pour une compétition académique puis une autre pour inciter les étudiants à ouvrir leur caméra lors des cours virtuels. «J’ai fait ça avec les moyens du bord, de façon très humoristique ! Je ne me prenais vraiment pas au sérieux… » résume-t-il, s’empressant d’ajuster le tir. «Je ne me prends pas plus au sérieux aujourd’hui!»
Produit du terroir, quoi qu’il en soit, tient la route. Il s’est acoquiné avec son ami François-Xavier Ménard, un «geek » de musique.
«C’est vraiment un passionné ! Il joue de la guitare, il a son clavier, ses programmes pour produire de la musique. C’est un fin connaisseur! Il amène le cadre. Sans François-Xavier, ça n’aurait pas été possible d’avoir cette qualité-là. Il avait une expertise que je n’avais pas pour créer de la musique de A à Z alors on a fait un projet commun… », insiste Antoine qui achetait auparavant des beats sur internet « à 5 ou 10 piasses » pour créer ses chansons.
What up, Slim Tony?
Le nom du EP, Produit du terroir, fait référence aux racines des deux artistes en herbe qui ont fait de leur passion un véritable projet. Un 3e Charlevoisien, Clovis Fournier, fait une apparition sonore sur l’album. Antoine Lévesque est diplômé en administration, il travaille, mais il ne cache pas qu’il aimerait voir la musique prendre un peu plus de place.
« J’aimerais ça, faire des shows, mais je me dis chaque chose en son temps. J’ai encore des croûtes à manger, des choses à peaufiner. J’ai des ambitions et j’aimerais que ça marche, mais je le fais pour le plaisir avant tout parce que j’aime la musique.»
Le parcours est aussi important que le résultat pour l’artiste qui écrit dans un franglais assumé et dont le « flow » s’apparente à celui des artistes qui l’inspirent, Koriass en tête.
Antoine Lévesque, ex-hockeyeur et amateur de crossfit, a une stature imposante qui sème le doute sur les origines de son nom d’artiste, Slim Tony. « Au début, c’était pour rire, un clin d’œil à Slim Shady… mais le temps a passé et je n’ai pas eu le choix de garder ce nom ! Aujourd’hui, je le porte fièrement », lance-t-il en riant.
On peut écouter ses chansons sur Bandcamp et Spotify.
50 exemplaires du EP ont été gravés. «J’en voulais juste un pour écouter dans ma vieille auto qui n’a pas de prise pour le cellulaire… mais 50 était le minimum!» conclut un Slim Tony à l’attitude résolument baba cool.
