Moment historique au Musée maritime de Charlevoix

Par Emelie Bernier 9:01 AM - 28 mai 2021
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Un dernier bateau a été remis à l’eau en ce matin du 28 mai à l’aide du treuil vieux de 75 ans.

Il a extirpé avec ardeur et délicatesse bien des bateaux des eaux du fleuve à l’automne et les a remis de la même façon aux flots du printemps. Le treuil des Chantiers maritimes de Charlevoix, site qui accueille désormais le Musée maritime de Charlevoix à Saint-Joseph-de-la-Rive, ne grincera plus sous le fardeau. Il a remis à l’eau son dernier bateau en ce matin du 28 mai, à la faveur de la marée haute . Plusieurs personnes ont assisté à ce moment historique.

 A 5 h 55 ce matin, un dernier bateau a été descendu au chantier avec le treuil vieux de 75 ans. Courtoisie.

La « vie utile » du treuil était terminée, selon les résultats d’une évaluation conjointe du Groupe Océan, dernier locataire du chantier, et du Musée.  « Dans les années fastes, les Chantiers maritimes de Charlevoix ont accueilli jusqu’à 28 bateaux. De 1948 à 1972, le contremaître du chantier a été Ernest Tremblay, originaire  du rang Saint-Marc des Éboulements », explique Marie-Hélène Thivierge, coordonnatrice aux communications, animations et événements du Musée.

L’équipe du Groupe Océan au travail. Courtoisie.

Rappelons que les goélettes, en raison de leur constitution de bois, ne pouvaient pas naviguer sur le Saint-Laurent l’hiver. Les Chantiers maritimes étaient un des lieux où les goélettes pouvaient ainsi passer l’hiver en cale sèche. Le système du treuil des chantiers de Saint-Joseph-de-la-Rive a fait ses preuves durant 75 ans. Des bateaux hivernaient encore sur le site du musée grâce à lui. «À l’hiver de 1949, on dénombrait 28 bateaux sur le chantier, déposés sur des tins, cordés l’un sur l’autre grâce à une chorégraphie d’automne savante et compliquée», indique le président du Musée, Claude Lafleur.

Le treuil.

Voici ce que dit l’exposition permantente du Musée maritime de Charlevoix sur cette importante pièce d’équipement qui deviendra un artefact à partir d’aujourd’hui.

«Vers la mi-novembre, ceux-ci reviennent passer l’hiver au sec. À la marée haute, la goélette est attachée au nez du traîneau (ou ber). Le bateau est supporté par des anguilles de bois qui reposent sur desrouleaux. Tiré par un puissant treuil, le berpermet de la hisser hors de l’eau et de la monter sur des rails, jusqu’aux tins. Il est ensuite roulé latéralement jusqu’à son emplacement d’hivernage. Au printemps, l’opération est reprise en sens inverse.»

Pendant l’hiver, les goélettes sont réparées. Les bordages abimés sont remplacés, la coque est calfatée et peinturée, le pont est rendu plus étanche, les mécaniques défaillantes sont ajustées. Dans le cas d’un navire qui a subi de sérieuses avaries, des radoubs plus importants sont parfois nécessaires.

Le chantier de Saint-Joseph-de-la-Rive peut accueillir jusqu’à vingt-huit goélettes en hivernage sur les tins. En plus de la scierie et des installations de base pour la mise au sec, quelques aménagements et équipements particuliers, comme l’étuve par exemple, sont mis à la disposition des usagers.

Le premier bateau à hiverner en 1946 est le Cap-aux-Rets, construit à Baie-Saint-Paul en 1927. C’est un navire de 71 pieds (21,6 m) de long par 23 (7 m) de large. En 1946, le coût de l’hivernage varie selon la taille du bateau. S’il en coûte 225 $ au Cap-aux-Rets pour hiverner, le tarif pour un bateau de 100 pieds de long (30,5 m) est de 250 $.

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