Semaine de prévention du suicide: en parler sauve des vies

Par Emelie Bernier 7:14 AM - 2 février 2021
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Ce visuel signé Carol-Anne Pedneault évoque la solidarité et invite à devenir des «allumeurs de réverbères» pour les gens qui vivent des moments sombres.

Comment ça va? Cette question, banale, peut être la prémisse à un véritable échange. Et cet échange, si anodin soit-il en apparence, a beaucoup plus de pouvoir qu’on ne pourrait le croire…

Cette année, la semaine de prévention du suicide se tient du 31 janvier au 6 février et se veut une occasion d’ouvrir le dialogue.
« La thématique, c’est « parler du suicide sauve des vies », et l’objectif est de mobiliser la population pour faire en sorte que chacun sache qu’il joue un rôle actif en prévention du suicide, en tout temps », indique la directrice générale du Centre de prévention du suicide de Charlevoix, Renée-Claude Laroche.

La semaine de prévention a comme but de normaliser et d’encourager la demande d’aide. «C’est vrai en tout temps, mais c’est encore plus d’actualité. Personne n’est à l’abri de difficulté, mais le Québec entier est mis à l’épreuve depuis un an », ajoute la dg.

La pandémie affecte le moral des Québécois, évidemment, mais une tendance semble se dessiner. « Le point positif, c’est que dans les derniers mois, on a beaucoup parlé de santé mentale, de prendre soin de soi et ce message brise les tabous. Outre la santé physique, je crois qu’on intègre tranquillement que la bonne santé globale inclut la santé mentale », renchérit Mme Laroche.

Le Québec comptabilise une moyenne de trois décès par suicide par jour. «Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ça n’a pas changé dans les derniers mois. Oui, la détresse est documentée et il y en a plus. Mais les gens prennent plus de moyens pour prendre soin d’eux et consultent davantage. Ça corrobore l’hypothèse qui dit qu’en parler, ça fonctionne en prévention! Il faut faire en sorte que ce soit normal de dire que ça ne va pas bien.»

-Renée-Claude Laroche

Selon Mme Laroche, le rôle des proches est non négligeable en prévention du suicide. «Un des facteurs de protection les plus puissants, c’est l’entourage. Avoir des gens significatifs autour de soi. Les études le montrent, les réseaux virtuels sont des réseaux positifs quand même. Quand on se doute que quelqu’un ne va pas bien, ça se fait, poser la question!»
Et des ressources peuvent prendre le relais. « Que ce soit toi qui vit la situation, ou que tu t’inquiètes pour un de tes proches, nous sommes là. Le CPS existe et il y des intervenants qui peuvent t’aider en tout temps. Savoir que les ressources d’aide existent, ça fait partie de la trousse de premiers soins », estime Mme Laroche.

La multiplication de la souffrance

On estime que chaque décès par suicide fera 20 endeuillés.

«La personne suicidaire veut arrêter de souffrir, mais en s’enlevant la vie, elle multiplie la souffrance par 20. Son but n’est pas atteint! Oui, elle va arrêter de souffrir, mais la souffrance sera toujours là. Le suicide n’enlève pas la souffrance, il la multiplie », constate Renée-Claude Laroche.

Le CPSC invite tous les citoyens à devenir des « allumeurs de réverbères ».
Il est d’ailleurs possible d’allumer une bougie virtuelle pour prévenir le suicide, appuyer tous ceux qui traversent une période sombre ou être empathique envers les endeuillés par suicide en visitant le site Web cps-charlevoix.com.

 

S’informer, pour en parler

(EB)Le psychologue clinicien et auteur Marc-André Dufour (photo) offrira une conférence virtuelle gratuite sur le thème d’Il n’est jamais trop tôt pour prévenir le suicide. «Il a écrit le livre Se donner le droit d’être malheureux. C’est plutôt à contre- courant parce qu’on vit dans une société de performance où le bonheur est très valorisé. L’effet pervers de ça, c’est qu’au lieu d’accueillir les émotions douloureuses, on a tendance à les fuir », explique Renée- Claude Laroche, directrice du Centre de prévention du suicide de Charlevoix.


Le psychologue évoquera notamment l’envers de la fuite. «Si on les accueille et on les vit, ces périodes-là, plus difficiles, peuvent être des occasions de changement, d’apprentissage. Ce n’est pas nécessaire de souffrir pour apprendre, mais ces situations sont inévitables. On fait de la prévention en les acceptant et quand ça ne marche pas, il faut accepter d’être vulnérable et demander de l’aide », avance Mme Laroche.

La conférence aura lieu le 4 février à 19h30. On s’y inscrit au sur le site cps-charlevoix.com ou en appelant au 418 665-0096.
Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes inquiet pour un proche ou si vous êtes un endeuillé par suicide, téléphonez au 418 665-0096. Les soirs, nuits et fins de semaine, une ligne d’intervention téléphonique est accessible au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553).

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