Le bilan, après 8 mois de pandémie

Le 14 mars, Québec déclarait l’état d’urgence devant l’émergence de l’ennemi numéro 1 mondial: la COVID-19. Huit mois plus tard, l’ennemi rôde toujours et Charlevoix n’y échappe pas. Retour régional sur 2020.

(NDLR: Les chiffres présentés ici sont en date du 16 novembre. Des bilans quotidiens sont publiés sur notre site. )

Valse en trois temps

1- L’illusion  14 mars – 8 juin

Charlevoix est peu touchée par la première vague de la pandémie. À peine une dizaine de cas
épars se manifestent dans un printemps marqué par une saison de ski écourtée, la fin abrupte
des classes et la fermeture, souvent contestée,
de la plupart des commerces non essentiels.
L’hécatombe économique est toutefois accompagnée de mesures d’aide financière dont la
désormais célèbre PCU, ou prestation canadienne d’urgence.

2- L’accalmie  19 juin – 15 septembre

Malgré la menace d’une 2e vague, Charlevoix reprend vie et comment! Plusieurs entreprises touristiques connaissent leur meilleure saison à vie. Le blindage des frontières
et l’inhospitalité outremer provoquent un afflux réconfortant de visiteurs majoritairement québécois. Charlevoix affiche complet et malgré quelques mesures contraignantes ici et là, l’ombre du virus devient imperceptible et permet de rêver à un automne
achalandé.

3- La dure réalité 16 octobre à aujourd’hui

La 2e vague frappe et cette fois, Charlevoix la reçoit de plein fouet. Mi-novembre, le bilan
régional fait état de 333 cas,  dont la quasi-totalité est récente. Quatre-vingt-neuf cas sont actifs en date du 16 novembre. Les éclosions sont partout_: hôpital, résidences, écoles. La situation dans la région est à ce point grave que le premier ministre François Legault déclare début novembre: «Il reste un problème dans Charlevoix, mais dans tout le reste de la Capitale-Nationale, la situation s’est beaucoup améliorée.»

3 pôles préoccupants

1- L’Hôpital de La Malbaie

Une éclosion éclate sur un étage de l’Hôpital de La Malbaie où deux premiers cas sont déclarés le 15 octobre. On craint le pire. En quelques jours, on atteint une vingtaine de cas. Si la
première vague a donné des leçons, c’est bien sûr le comportement à adopter en pareille situation. En date du 13 novembre, 14 jours s’étaient écoulés sans nouveau cas lié cette éclosion. Celle-ci est déclarée vaincue.

2- La résidence des Bâtisseurs

Cette fois, l’éclosion est plus difficile à colmater. Résidents et employés sont infectés par dizaines. Jusqu’à 39 résidents et 26 employés sont porteurs du virus.  Pire, en date de 16 novembre, on dénombre sept décès parmi les résidents, dont cinq membres de la communauté religieuse des Petites Franciscaines de Marie. Afin de pallier à l’absence de nombreux employés atteints ou en quatorzaine, une équipe-mission est appelée en renfort pour stopper les ravages du virus à coups de mesures sanitaires drastiques et inhabituelles.

3- Les écoles

Sans surprise, des cas apparaissent dans une majorité des écoles de la région. Une douzaine d’écoles seront touchées. Jusqu’ici, soixante cas ont été dénombrés dans 16 classes, ce qui a entraîné l’isolement préventif successif de centaines d’élèves. Les jeunes,  asymptomatiques dans plusieurs cas, peuvent devenir un facteur de contagion s’ils ne sont pas retirés rapidement de leur milieu.

Et l’avenir

1- Le tourisme

Y aura-t-il une saison touristique cet hiver_? Et à quoi s’attendre en 2021?  «Par rapport à l’hiver, on sait que le ski alpin pourra opérer. On a des signaux très positifs du côté de la motoneige. Comme lors de la première vague, on espère que ce sera l’occasion pour les Charlevoisiens de découvrir les joies du
tourisme hivernal chez eux! Plutôt que de fuir l’hiver, on doit aller à sa rencontre! En ce qui concerne 2021, il faut accueillir positivement la nouvelle de  l’arrivée potentielle d’un vaccin, mais il faut être lucide et  réaliste: l’année touristique 2021 sera perturbée par la COVID.»

– Mitchell Dion,  directeur général de Tourisme Charlevoix

2- Noël dans Charlevoix

Le PM demande un effort supplémentaire à la
population dans le but avoué de permettre de petits rassemblements (deux familles provenant d’un
maximum de deux adresses différentes) durant les Fêtes. Noël s’annonce donc bien tiède cette année.

3- L’économie

Les programmes d’aide sont nombreux, mais sur le terrain, peut-on espérer une reprise_? Et quand_?  «Les différents secteurs d’activités économiques réagissent différemment aux impacts reliés à la pandémie. Certains secteurs éprouvent beaucoup de difficultés alors que d’autres ont su tirer leur épingle du jeu. Une reprise est inévitable et elle sera accélérée par l’annonce de certains assouplissements sanitaires (passage en zone orange, jaune ou verte), un peu comme nous l’avons constaté cet été et c’est à ce moment-là que les entreprises devront en tirer profit.»

– Stéphane Simard, conseiller en développement  économique au SDLE de la MRC de Charlevoix

Au front

Sans minimiser les efforts des équipes-écoles, il n’en demeure pas moins que les acteurs du système de santé sont sur la première ligne du combat. Il convient de louer leurs efforts face à un ennemi invisible dont on ignore l’armement et sans riposte reconnue. Voici un extrait d’une lettre d’une infirmière de la région pour décrire l’atmosphère qui règne dans nos différents lieux de santé.

«C’est difficile à vivre. Il faut y aller un quart de travail à la fois. Du jour au  lendemain, nos collègues doivent s’isoler et ça met de la pression sur nos  équipes. On se tient les coudes serrés malgré tout. C’est sûr que personne ne veut l’attraper [le virus]. On ne veut surtout pas le donner à nos collègues, encore moins à nos usagers. Ce n’est pas un domaine facile, travailler en santé, mais quand on a la vocation c’est sûr qu’on en ressort grandi. Entre nous, on sait l’importance de se protéger, même en dehors du travail. On demande aux gens de nous aider en continuant de faire attention à leurs contacts, et bien se laver les mains dans les endroits publics. On voit encore malheureusement des gens qui n’y croient toujours pas, au virus. Ceux-là, je les invite à aller passer une  journée dans un hôpital, un centre de soins ou une résidence près de chez eux. Ils verront bien que tout ça est bien vrai.»

La pandémie en chiffres dans Charlevoix

Nombre de cas depuis le 13 mars: 333

Nombre de personnes rétablies: 244

Nombre de décès : 13

Nombre de tests de dépistage: 7000

Proportion d’infection par 100 000 habitants : 280 cas

(NDLR: Les chiffres présentés ici sont en date du 16 novembre. Des bilans quotidiens sont publiés sur notre site. )