Qui sont les vendeuses indépendantes de Charlevoix?

Par Karine Dufour-Cauchon 4:45 PM - 8 octobre 2020
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Laurie Bouchard est dans la partie de la vente directe depuis déjà quatre ans. Aujourd’hui, elle roule dans une Cadillac payée entièrement par la compagnie de cosmétiques Mary Kay. Pourquoi la vente multiniveau est devenue autant populaire depuis le début de la pandémie?

Elles n’ont pas de patron et sont maîtres de leur emploi du temps. Certaines d’entre elles ont des voitures de luxe et parfois même des voyages à l’étranger payés. Elles sont omniprésentes sur les réseaux sociaux afin d’y promouvoir les cosmétiques, huiles essentielles et autres produits des compagnies auxquelles elles sont affiliées. Le nombre de représentantes de compagnie de «vente multiniveau» a explosé dans Charlevoix depuis la pandémie. Qui sont-elles?

Si le phénomène existait avant la pandémie, depuis le début du confinement, de plus en plus de femmes semblent choisir de s’associer à une compagnie pour en devenir représentantes. Dans Charlevoix, les compagnies de «multi-levels marketing» (MLM) ou «compagnie de vente multiniveau» sont en pleine expansion. C’est ce que constatent celles qui ont depuis longtemps «fait leur nom» sur le territoire.

C’est le cas de Laurie Bouchard, 22 ans, de Baie-Saint-Paul. Après quatre ans à vendre et promouvoir les produits Mary Kay sur le territoire,  elle vient d’apprendre que la compagnie de cosmétiques lui fournira la convoitée Cadillac rose. De quoi faire rêver ceux (surtout celles) qui débutent dans le domaine!

Laurie a commencé en bas de l’échelle,  d’abord dans l’intention de payer ses études. Comme plusieurs représentantes, elle faisait des groupes Facebook, des vidéos et des démonstrations à la maison pour vendre un éventail de produits cosmétiques en tout genre. Un an à peine après avoir débuté pour Mary Kay, elle obtient le titre de directrice des ventes et recrute dans le grand Charlevoix. Trois autres années s’écouleront avant qu’une Cadillac lui soit offerte «pour célébrer le travail accompli par son équipe de vente».

À la veille du mois d’octobre, Laurie et sa large équipe de vendeuses ont atteint leur objectif, soit la vente de  200 000$ de produits en six mois, étape nécessaire pour se qualifier à l’obtention dudit véhicule. «Pour Charlevoix, il n’est pas chose aisée d’accomplir un tel mandat», soutient celle qui s’investit beaucoup dans cette forme de travail autonome.

«C’est simple, mais ça ne veut pas dire que c’est facile, répond-elle. Ce n’est pas tout le monde qui veut être son propre «boss». Dans Charlevoix, la pandémie a fait réaliser aux gens l’importance de la famille. En étant confinés, ils ont réalisé qu’ils n’ont pas le temps de profiter du bon temps avec leurs proches quand ils travaillent 40 heures par semaine. Surtout les femmes avec des enfants. Les femmes se sont rendu compte qu’elles pouvaient respirer», soutient Laurie.

Travailler de partout

La règle d’un MLM, c’est qu’il n’y en a pas. Considérées comme travailleuses autonomes, les vendeuses de ces compagnies doivent poser leurs limites, car il est facile d’être envahies de messages à toutes heures de la  journée, prévient Karine Bergeron. La jeune femme de 22 ans habite La Malbaie.

Si elle et son équipe de vente maintiennent le cap, elles partiront prochainement pour un voyage tout inclus à Las Vegas. Comme l’exige la compagnie de soins capillaires Monat, elles doivent remplir des objectifs de vente afin de se qualifier pour ce voyage aux États-Unis plein de promesses. Bien que cet objectif motive les troupes, il faut savoir mettre ses limites, indique-t-elle.

«Ton entreprise se fait à partir de ton cellulaire. Tu peux travailler n’importe quand et de n’importe où. Cet été, je me faisais bronzer sur le bord de la piscine et je faisais mes publications [de promotion]. Mais tu dois décider quand tu réponds  à tes clients. Si je suis en  souper avec des amis,  je ne répondrai pas. Oui, ça peut arriver n’importe quand, les ventes, mais tu dois mettre ta limite pour ne pas virer folle», raconte Karine.

Finalement, Marie-Christine Savard, représentante pour les parfums d’ambiance Scentsy, croit qu’un marché comme Charlevoix est  plus facile à percer qu’un milieu plus urbain. Tout comme ses deux homologues citées précédemment, la jeune mère de famille  originaire de Saint-Siméon est d’avis que la hausse  des MLM dans Charlevoix pourrait éventuellement saturer le marché.

«C’est un peu un stress  d’en voir autant dans Charlevoix. Nous sommes petits en plus. Des représentantes, il y en a beaucoup.  En même temps, personne n’a vraiment le même  réseau d’amis ou de famille. C’est plus facile qu’en ville, car ici, tout le monde se  connait», ajoute-t-elle en terminant.

Pendant le confinement,  il était permis d’ajouter un revenu supplémentaire «autonome» à la Prestation canadienne d’urgence (PCU). En plus du temps libéré  par les événements, c’est  une autre raison qu’évoquent les interviewées  pour expliquer l’élan  de popularité du mouvement dans la région.

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