Des restaurants aux airs de « bloc opératoire », le Vices-Versa dit non

Par Karine Dufour-Cauchon 6:30 PM - 16 juin 2020
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Depuis le 15 juin, les restaurants peuvent accueillir à nouveau des clients dans leur salle à manger. Les nombreuses restrictions mises en place par la Santé publique transformeront l’expérience de restauration. Trop, au goût d’Éric Bertrand, chef cuisinier et propriétaire du Vices-Versa de La Malbaie, qui n’ouvrira pas cette année.

À partir de cette semaine, attendez-vous à être questionné sur votre état de santé si vous vous présentez au resto. Il se peut que les serveurs vous demandent si vous éprouvez des symptômes d’allure grippale, comme de la fièvre, de la toux et la perte du goût, ou si vous avez été en contact avec une personne potentiellement contaminée par la COVID-19. Après le questionnaire, vous devrez vous désinfecter les mains avant de prendre place à votre table. L’espace entre les tablées devra respecter les deux mètres de distanciation sociale, mot d’ordre des autorités sanitaires. Des séparateurs en plexiglas pourraient faire l’intermédiaire entre vous et votre accompagnateur si vous ne demeurez pas à la même adresse.

Les commis, serveurs, serveuses et cuisiniers feront le service munis d’équipements de protection individuelle : des visières, des masques et parfois des gants devront être mis à la disposition du personnel. Ces allures de « bloc opératoire » auraient trop dénaturé l’expérience que M. Bertrand travaille à faire vivre dans son restaurant spécialisé en fine cuisine française. Le contexte actuel rend impossible un dîner au réputé Vices-Versa, où une soirée complète est d’habitude nécessaire pour apprécier cinq services de qualité gastronomique.

«Quelle ambiance va-t-on offrir aux clients?, se questionne le propriétaire. Se faire servir par des serveuses que l’on ne voit pas, au travers de leurs masques, blouses, visières et avec des gants? Un restaurant n’est pas un bloc opératoire. Du moins, ce n’est pas ça l’expérience Vices-Versa. Ça me peinerait de faire payer les gens un montant conséquent, pour une expérience qui ne représente pas notre philosophie. Tant qu’à faire vivre cette expérience à moitié, nous aimons mieux prendre une année de repos et attendre que le tout passe », témoigne Éric Bertrand.

Pour lui et sa conjointe Danielle Guay, également copropriétaire, le compromis était trop grand entre rentabilité, sécurité et qualité. La question de l’achalandage a joué dans la balance, alors que leur clientèle se compose en grande majorité de touristes internationaux. « Comme les questions des frontières sont incertaines et l’industrie aérienne est au ralenti, ce n’était pas rentable économiquement pour nous », termine M. Bertrand.

La santé publique a également autorisé depuis lundi les bars ayant une offre de restauration à opérer. Les bars n’offrant pas de restauration n’ont toujours pas eu de date de réouverture. Les consignes sont répertoriées dans le guide de la CNESST, mis en place pour outiller les restaurateurs dans la reprise sécuritaire de leurs activités.

 

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