Et si ça n’allait pas bien aller ? Hausse des appels à venir au Centre de prévention suicide

Par Karine Dufour-Cauchon 6:30 AM - 29 avril 2020
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Renée-Claude Laroche, directrice du Centre de prévention du suicide de Charlevoix, est à la tête d’un service essentiel.

Pour certaines personnes vivant de la détresse, des problèmes de consommation et toutes sortes de situations difficiles, le message d’espoir auquel s’accroche la société québécoise n’a aucun sens. Si vous êtes dans une de ces situations, rassurezvous: vous avez le droit de dire que « ça ne va pas bien aller ».

C’est ce que souligne RenéeClaude Laroche, directrice du Centre de prévention du suicide (CPS) de Charlevoix. Bien que le slogan «Ça va bien aller » se veut un message optimiste et rassembleur, il fait oublier à certains qu’ils ont le droit de vivre leurs émotions négatives. La spécialiste en accompagnement de personnes en situation de détresse psychologique rappelle qu’on a le droit «de ne pas bien aller ».

«On vit une situation hors du commun où personne n’est épargné. Peu importe comment on gère son stress dans la vie, ça nous affecte tous. C’est important de se rappeler que l’on doit se donner le droit d’être malheureux, d’être triste ou fâché de ce qui se passe. On peut se dire “pour moi, ça ne va pas bien”. Le message du slogan est porteur d’espoir et vise à s’encourager collectivement, qu’on ne doit pas lâcher et qu’on va s’en sortir. Mais il y a des gens pour qui cette phrase n’a pas de sens, car ils vivent des choses difficiles. Oui, il faut se donner espoir, mais il y a des gens pour qui ça ne va pas bien et c’est correct ainsi », nuance Mme Laroche.

Le « sommet » des appels La directrice de CPS soutient que contrairement à ce à quoi s’attendait son équipe d’intervention, les appels de détresse n’ont pas débordé lors des premières directives de confinement. Maintenant que la majorité de la population est isolée depuis plus d’un mois, les effets « commencent à se faire ressentir ».

«On s’était préparé au pire. On s’attendait à ce qu’il y ait une augmentation de la demande et ce n’est pas arrivé. Toutefois, de plus en plus de nouvelles demandes arrivent. L’isolement est un facteur important pour des gens qui pourraient avoir des idées suicidaires », soutient-elle.

La fin de l’isolement commence aussi à semer des graines d’anxiété. Une autre approche clinique devra être mise en œuvre pour contrer le phénomène, ou du moins, aider ceux pour qui le retour à la normale est anxiogène. «Une nouvelle peur s’est créée. Pour certains, le déconfinement est positif, alors que pour la plupart, c’est quelque chose qui fait peur. On se prépare à accompagner ces gens-là aussi ».

Quand s’inquiéter?

Voici un petit guide pratique pour savoir quels sont les signes à observer chez nous et chez nos proches en matière de détresse psychologique:

– Vous observez des changements, des symptômes qui ont une incidence sur le fonctionnement au quotidien; – La personne n’est plus en mesure de s’occuper d’elle ou des gens vivant à son domicile;

– La détresse se transforme en crise de panique;

– La personne vit un important découragement face à l’avenir et a le sentiment qu’elle ne pourra pas passer au travers;

– L’irritabilité se transforme en comportements violents, envers soi ou envers les autres;

– La détresse crée ou augmente les idées de mort ou de suicide.

Si vous observez ou vivez l’une de ces situations, n’hésitez pas à faire appel au Centre de prévention du suicide de Charlevoix en semaine au 418 665-0096 ou en tout temps au 1 866 APPELLE (277-3553).

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