«Personne ne veut voir son voisin tomber»: ce qu’ils souhaitent pour relancer l’économie d’ici

Par Karine Dufour-Cauchon 6:00 AM - 22 avril 2020
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Le centre-ville de La Malbaie désert.

S’ils misent sur le bon cheval, les entrepreneurs de Charlevoix pourraient ressortir gagnants de cette crise du coronavirus. Une chose est sûre, c’est que plus rien ne sera comme avant. Voici ce qu’en disent trois acteurs du monde des affaires de la région.

1) « Charlevoix peut “scorer” fort » – Raphaël Dubois, président de la Chambre de commerce de Charlevoix

L’après-crise peut s’avérer fort profitable pour la région, si l’on sait comment se positionner dans un monde des affaires où tout sera différent. C’est ce que soutient le président de la Chambre de commerce de Charlevoix, Raphaël Dubois. Malgré la crise qui amène son lot d’angoisse chez les entrepreneurs de la région, M. Dubois soutient que Charlevoix sera en meilleure position que plusieurs autres endroits du Québec.

Le président de la Chambre de Commerce, Raphaël Dubois – Courtoisie

Avec une analogie sportive, le président illustre sa confiance envers la communauté d’affaires de Charlevoix qui, le moment venu, sera animée d’un nouveau souffle. « Où peut-on “scorer” fort ? Sans dire qu’on n’aura pas deuxtrois ecchymoses et des égratignures, je crois que l’on sera bien positionné par rapport à d’autres régions. Charlevoix n’a visiblement pas beaucoup de cas de COVID-19. Ça pourrait jouer à notre avantage », entame-t-il.

Charlevoix sera le choix des familles et des travailleurs qui, à la lumière de la crise, seront attirés par un milieu de vie où la tranquillité règne. « À long terme, peut-être qu’il y aura un certain déplacement naturel des populations des villes, qui voudraient venir s’installer ici. Si on est capable de travailler là-dessus, à attirer le plus de gens possible, tant mieux. On pourrait voir arriver des nouvelles familles et des nouveaux travailleurs dans la région, des gens qui viendront acheter des maisons, qui auront besoin de se nourrir, de se vêtir, etc. C’est un espoir que j’ai », décrit-il.

Selon lui, la clientèle touristique pourrait aussi venir profiter des grands espaces de Charlevoix, une fois le confinement régional terminé. «Ces gens-là devront prendre des vacances, voudront sortir. Ceux qui allaient aux ÉtatsUnis voudront probablement rester au Québec, c’est une autre opportunité à saisir », prévoit-il.

En ce qui concerne la Chambre de commerce, le président appréhende une suite difficile, comme pour la plupart de ses membres. Les nouveaux adhérents au regroupement d’affaires se feront rares, et le financement sera difficile. Le président et son équipe continuent, le temps de la crise, à faire de la représentation des entreprises de Charlevoix auprès des gouvernements.

2) « Personne ne veut voir son voisin tomber » – Érick Tremblay, président de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville de La Malbaie.

Pour le représentant des entrepreneurs du centre-ville de La Malbaie, il faut également insister sur la solidarité entre les commerçants. Érick Tremblay affirme que la concurrence et la compétitivité ne sont pas les mots d’ordre en ce moment.

Julie et Érick Tremblay, propriétaires du restaurant Belle & Bum de La Malbaie .

« Il n’y a pas de recette secrète dans un cas comme on vit aujourd’hui. Il y a plus que jamais une conscience généralisée sur l’importance de l’achat local. Tout le monde veut aider son voisin. Personne ne souhaite le voir fermer à cause de la crise. Au contraire. Il y a une belle opportunité à saisir de voir encore plus grand pour La Malbaie, pour Charlevoix. On doit s’assurer que tout le monde survit à cette crise-là», affirme le président de la SDC.

Il prévient que la solution «miracle » ne reposera pas entièrement sur le 2.0 . « Je crois que tout n’est pas numérique. Même à l’ère où nous sommes en 2020, un contact est nécessaire. L’important, ce sera de marteler le message que l’on doit investir dans nos commerces locaux. Cette crise-là aura remis beaucoup de gens en question sur leurs façons de faire, d’acheter, de consommer », commente le président, également restaurateur au centre-ville de La Malbaie.

La SDC a tenté de suivre les annonces d’aide aux entreprises qui défilaient au fil des jours. « On a laissé le temps aux gens d’assimiler l’information. Depuis le début de la crise, on s’est assuré de garder le contact avec nos entrepreneurs. On a essayé de transmettre un maximum d’informations selon les annonces… Les inquiétudes étaient bel et bien présentes», conclut M. Tremblay, qui se dit toutefois satisfait des soutiens apportés aux communautés d’affaires.

3) « On craint que certains ne s’en sortent pas » – Pascal Harvey, président de la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC)

Les circonstances mènent la vie dure à certaines entreprises, surtout celles qui n’œuvrent pas dans un service essentiel. Organisme spécialisé dans l’aide financière aux entreprises, la SADC est bien placée pour constater la détresse qui s’est installée chez certains membres de la communauté d’affaires. « Dès les premiers jours, nos équipes ont tenté de répondre aux insécurités de nos membres. Dans les circonstances, on s’en tire bien. Par contre, avec les arrangements pris avec les 70 entrepreneurs qui ont un prêt chez nous, ce sera un manque à gagner de près de 180 000$ qu’on devra assumer », a entamé le président de l’organisation, Pascal Harvey.

Claudia Villeneuve, conseillère au développement des affaires et Pascal Harvey, directeur général de la SADC.

Pour la relance, il lance un message aux différents commerçants et propriétaires d’entreprises. Pour lui, la planification est la clé pour se sortir de cette situation remplie d’incertitudes. « Qu’est-ce qu’on peut tirer comme leçon de la crise ? Une chose est sûre, c’est que les entrepreneurs n’auront pas le choix de réinventer leurs modèles d’affaires. Comment peut-on cibler de nouveaux marchés, développer de nouveaux produits ? On doit se faire un plan de continuité, car c’est certain que dans les prochaines années, une autre crise semblable peut arriver. Peut-être une autre pandémie, une catastrophe naturelle ou un piratage majeur, qui sait ? », lance-t-il.

Bien qu’il parle de planification et de survie, il partage sa crainte en ce qui concerne les entreprises qui avaient déjà des difficultés avant la pandémie de la COVID-19.

«On s’attend aussi à ce que certaines entreprises ne passent pas à travers, il ne faut pas se le cacher. Ici, on a dû conjuguer avec un peu de psychologie, il y en a qui étaient à terre complètement », décrit-il finalement.

Il est de ceux qui espèrent que les mesures d’aide gouvernementale soient encore présentes lorsque la machine économique sera relancée. En attendant, il invite toutes les entreprises intéressées à participer à un webinaire sur le thème de la relance économique, le 30 avril prochain. Contactez la Chambre de commerce, organisateur, pour plus de détails.

 

 

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