Journal d’une pandémie

Par Emelie Bernier 6:00 PM - 14 avril 2020
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Geneviève Jodoin se considère chanceuse de vivre la pandémie dans Charlevoix.

En ces temps inédits, quelques Charlevoisiens se confient sur leur façon de vivre et de voir la pandémie qui bouleverse l’humanité… et leur quotidien!

Geneviève Jodoin, artiste et propriétaire de L’Auberge La Fascine

Êtes-vous confinée ?   « Bien sûr, comme tout le monde, mais avec mon chum et mes 3 enfants! »

A quoi vous occupez-vous?  « Mon chum et moi, on a entrepris des travaux dans la maison qui avaient été laissés en plan depuis des années, faute de temps… ;). »

Télétravaillez-vous?  « Oui, quand le besoin se fait sentir, surtout pour compléter les dossiers des artistes qui, si tout va bien, seront sur la scène de la Fascine cet été et pour mettre à jour les menus pour emporter et prêt à manger de la Fascine. »

Quel est votre secret pour ne pas céder à l’anxiété?

« Je suis un fille très active qui manque toujours de temps en temps normal alors j’essaie de voir ce moment comme un cadeau.  Mon secret? Avoir au moins un projet par jour (que ce soit une recette ou le ménage d’une armoire que j’avais oubliée), m’entraîner chaque matin, faire de la musique et prendre une marche chaque fin d’après-midi! »

Une activité qui vous divertit particulièrement ces temps-ci?

« Ne pas oublier que j’ai 3 enfants dans la maison…..  Ils sont particulièrement divertissants!  Mais j’aime bien fouiller dans mes livres de recettes et préparer des menus pour la semaine.  Ça me permet de savoir ce qui s’en vient, d’avoir ce dont j’ai besoin et de ne pas être obligée d’aller à l’épicerie trop souvent. »

Une phrase que vous vous répétez pour vous motiver?   « Je pense à ma maman qui avait l’habitude de dire « un jour à la fois… »  C’est un peu cliché, mais ça fait la job! »

Une leçon à tirer de la pandémie?   « Que si on se met tous ensemble pour faire bouger les choses, tout est possible. La plupart des gens ont réalisé l’importance de retourner à l’essentiel, mais le plus grand défi sera de garder ces bonnes habitudes une fois la crise passée.  Ne pas retomber dans la surconsommation et la vie qui va trop vite et nous fait oublier qu’on n’en a qu’une. »

Une série télévisée, un livre à recommander?

La série : La série québécoise sur tout.tv  « C’est comme ça que je t’aime » dont la tête d’affiche est l’extraordinaire Marilyn Castonguay, native de l’Isle aux Coudres.

Livre : Ta mort à moi – David Goudreault

En cette période de confinement, Geneviève Jodoin vous offre sa version de Gens du pays. 

Michel Couturier, maire de La Malbaie et propriétaire de Couturier Mode & Travail

«Jusqu’ici, le confinement se passe bien. Je travaille en grande majorité à domicile tout ce qui concerne le travail de maire. Comme je suis entrepreneur, je travaille avec mon fils Vincent pour livrer et organiser les commandes de couturiershop.com.  Ma vie tourne autour de mon travail de maire et du magasin. Toute cette crise me rend un peu nerveux, surtout l’aspect relance économique. Être entrepreneur est stressant tous les jours, même quand ça va bien. Là, quand ça va repartir, ce ne sera pas le même rythme… Les factures vont rentrer, mais est-ce que la clientèle sera là? Ce ne sera pas impossible mais pas non plus facile de passer à travers. Avec l’équipe de la Ville, on réfléchit beaucoup à ce qu’on peut faire pour faciliter la relance.  Pour me changer les idées, je fais beaucoup de marche en forêt. On organise des 5 à 7 en FaceTime avec mes amis. Je passe bien sûr du temps en famille! Et je fais des modifications à mes motos, parce que la saison s’en vient, même si on ne pourra pas vraiment se promener, aux dernières nouvelles… »

Une leçon à tirer de la pandémie? « J’espère que les gens vont réaliser l’importance de la base : être avec ses enfants, marcher en forêt, jouer aux cartes, comme nos grands-parents le faisaient, en famille, sortir un ballon et jouer dehors! J’espère qu’on va retenir que c’est important de prendre le temps de revenir aux choses simples et agréables.»

Une série télévisée, un livre à recommander? « Black List sur Netflix et Leo sur Illico »

 

 

 

Clément Turgeon, directeur général et artistique du Festif!

«Au Festif!, les choses n’ont pas tourné comme on aurait prévu…  Là, je gère l’annulation, ça prend tout mon temps, mais après, je vais continuer à vivre et à venir travailler au bureau.  Je passe par la porte arrière du sous-sol, je barre toutes les portes… C’est certain que l’annulation a un impact important sur le travail, mais on a plein de projets sur lesquels on continue de travailler.  On fait aussi des choses qu’on ne ferait pas normalement comme de la recherche de programmes pour nos salariés, l’écoute des points de presse… On est en contact avec nos partenaires. Pour ne pas céder à l’anxiété, j’utilise la musique comme relaxant! Ou comme exutoire si je suis fâché. Ces temps-ci, ma plus grande fille Mathilde, qui a 5 ans, fait une obsession sur ses jouets de poneys alors le matin, en me levant, le soir en arrivant du bureau,  je dois y jouer et en la couchant, je dois lui raconter des histoires de poneys. Vive les petits chevaux ! s je reste positif. On est en santé, on vit dans un endroit fantastique… Et ma fille, quand elle a compris qu’on annulait le festival, elle m’a dit « c’est pas grave, papa,  on va te trouver une autre job! » Cette candeur là me console. Alors, je vais profiter de mes enfants… Et je vais avoir extrêmement au Festif 2021. Il y a une partie de moi qui est conditionnée à être sur cette adrénaline-là! »

Une leçon à tirer de la pandémie? « En fait, j’aime beaucoup Churchill qui dit « il ne faut jamais gaspiller une bonne crise»! Moi, je garde le cap, je me dis qu’on déborde de créativité et qu’on en sortira plus fort. »

Une série télévisée, un livre à recommander? « J’écoute des vieux films et des vieux galas de lutte en VHS. Ça me permet de ne penser à rien! Ah!Ah! »

Marie-Anne Rainville, directrice générale du Musée maritime de Charlevoix

«Je vis très bien le confinement, mais ma chaise de cuisine est moins confortable que mon bureau! Ah!ah! En fait, je travaille autant qu’avant la pandémie, sinon plus! Je cumule mes heures de travail régulières, mais à ça s’ajoute tout le temps que je passe à consommer de l’information. D’abord,  pour savoir à quoi le Musée pourrait avoir droit, mais aussi pour mieux comprendre les mouvements économiques qui découleront de la situation dans le but de faire, le moment venu,  une relance qui soit la plus adéquate possible! Je consomme 3 à 4 heures d’information par jour, je fais ça très sérieusement…Ce que je fais aussi mieux et façon plus appliqué, c’est la socialisation par les médias sociaux! Je parle avec mes amis, mes petits enfants, ce que je faisais déjà, mais on est plus assidu. J’ai besoin de savoir que ma tribu va bien. Marcher avec mon chien est mon anxiolytique, tout comme la nature, la beauté des lieux… Je me trouve chanceuse de vivre ça ici plutôt qu’au centre-ville de Montréal… »

Une leçon à tirer de la pandémie? «On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait. Les planifications doivent donc laisser de la place à l’inattendu, parce qu’on ne peut pas prévoir l’imprévisible.

Une série télévisée, un livre à recommander?

« J’ai dévoré le dernier Louise Penny, Le meilleur homme. Ce n’est pas très original, mais c’était excellent et captivant! »

Eric Desgagnés, président de Tourisme Charlevoix et co-propriétaire de Cidrerie et Vergers Pedneault

Êtes-vous confiné? « Pas à 100% parce que je vais au bureau une journée par semaine, mais je vis mon confinement avec mes 4 enfants et ma blonde qui travaille dans le milieu hospitalier. On fait très attention! »

Télétravaillez-vous? « Oui, la plupart du temps. Je planifie la saison, je fais de la recherche de financement… On continue à regarder pour des projets, mais c’est un autre rythme. »

Quel est votre secret pour ne pas céder à l’anxiété? « Je reste zen! Je suis positif dans l’âme, mais je suis soucieux parce que je comprends que ça va ne pas repartir pas à 100%. Donc, je suis  positif avec une vision à 50% . »

Une activité qui vous divertit particulièrement ces temps-ci?

« Je fais des travaux dans ma maison! »

Une leçon à tirer de la pandémie?  « Je pense qu’on va tous être plus propres et qu’on va avoir la peau des mains usée! Ah!ah! Plus sérieusement, j’espère qu’’on va ralentir et poser des gestes plus songés au lieu de courir à hue et à dia. J’ai l’impression que quand la crise va être réglée, on va reprendre à notre rythme effréné. C’est bon pour l’économie, mais pour notre bien-être, ce n’est pas une si bonne chose. Ça prend du temps pour apprendre, mais peu pour oublier… Je pense que ça va être vite oublié, je pense. »

Une série télévisée, un livre à recommander?  « Hum, je suis en mode assez large, je pitonne… »

 

Mathieu Simard, directeur général et architecte pour le Groupe Habitat.

Êtes-vous confiné ? « Oui à la maison, je fais du télétravail, il n’y a personne à nos bureaux présentement. »

À quoi vous occupez-vous? « Nous avons un volet conception des plans, ce qui me permet de poursuivre le travail. Je fais aussi des travaux à la maison. J’ai une cabane à sucre artisanal avec mes deux frères. J’y vais plus souvent. Je fais aussi des activités extérieures avec les enfants. J’aime bouger et demeurer actif. «

Quel est votre secret pour ne pas céder à l’anxiété « Je ne suis pas anxieux de nature. Nous respectons les consignes. Pour mon entreprise, nous avons des projets qui roulent à l’année. Les mois de mars et avril sont souvent tranquilles. Donc ce ne serait pas une catastrophe pour nous si les chantiers résidentiels reprennent seulement le 3 mai. »

Une phrase fétiche? « Un jour à la fois! C’est important, surtout ces temps-ci. »

Une leçon à tirer de la pandémie? « Il faut prendre le temps de s’arrêter et faire ce qui nous rend vraiment heureux. Parfois, on consomme pour consommer parce qu’on désire un bien, qui par la suite n’est plus nécessaire. »

Un livre ou une série à recommander? « J’aime les biographies. Je lis présentement celle d’Hervé Pomerleau et je vais aussi lire la biographie de Léonard De Vinci. »

 

Jean Fortin, maire de Baie-Saint-Paul

«Je suis confiné et je travaille de la maison, mais je me suis rendu quelques fois à mon bureau de l’hôtel de Ville. Nous poursuivons les différents comités et les rencontres avec la MRC. Nous le faisons par vidéoconférence ou par conférence téléphonique. Cela permet entre autres d’approfondir certains dossiers. À la ville ça va assez bien, on gère bien la situation. La plupart des employés sont en télétravail.  Pour ne pas laisser trop de place au stress et à l’anxiété, comme je suis plus présent à la maison, je mets plus de temps à notre érablière tout en respectant les consignes. La santé des gens me préoccupe, en particulier celle des aînés. La population est assez disciplinée et c’est encourageant. Si on se compare à Montréal ou à New York où il y a beaucoup plus de morts, on s’en tire pas si mal. Toutefois, le volet économique me préoccupe beaucoup. Plusieurs petites entreprises sont en démarrage et d’autres sont en croissance. C’est fragile. Avec ce qui se passe nous ne savons s’il y aura des touristes, qui viennent habituellement pour marcher sur la rue St-Jean-Baptiste ou dans le Boisé du quai. L’impact économique de la pandémie concernera beaucoup de monde… »

Une leçon à tirer de la pandémie?

« La fragilité de notre monde et de nos économies. Mais aussi la résilience des citoyens et leur capacité à se discipliner collectivement face à une situation comme celle-ci. Ça va nous obliger de revoir certaines de nos façons de vivre, espérons pour le mieux ».

 

Martin Guérin, directeur du bureau de la députée Émilie Foster

«On faisait déjà un peu de télétravail, comme il y a deux bureaux de comté, sauf que là, nous sommes confinés à la maison. Pour moi, ce qui change le plus, c’est la question du service de garde. On a deux p’tits poux qui se promènent pendant que l’on travaille, ou qui se pointent dans l’écran pendant qu’on est en vidéo-conférence. Ça fait sourire les gens, et je crois qu’ils sont compréhensifs »

Une leçon à tirer de la pandémie ?

« C’est sûr que c’est plus difficile de travailler à la maison, de voir les mêmes murs. Dans ce temps-là on doit se rappeler pourquoi on fait ses sacrifices-là, pour nos personnes âgées et nos parents. On va apprendre de cette solidarité-là »

Un livre ou une série à recommander? « Nous sommes en train de lire en famille quelques pages des Harry Potter chaque soir. C’est léger et ça stimule l’imagination des petits. On a tous vu les films, mais les livres comportent d’autres détails tout aussi savoureux !»

 

Geneviève Laurin, enseignante en biologie au Centre d’études collégiales en Charlevoix 

« En tant qu’enseignante qui doit conjuguer avec une nouvelle formule de cours à distance, c’est un peu les montagnes russes. Il y a des moments où ça va super bien, comme on peut avoir soudainement pleins de courriel d’étudiants qui ont des difficultés. L’idéal, ça serait vraiment de ne pas apprendre cette nouvelle façon de travailler en plein milieu d’une session, mais bon, on doit faire avec ! Au niveau personnel, je crois prendre la situation sereinement. Moi et mon conjoint travaillons à la maison et ça va bien. Nous, les enseignants, sommes chanceux de continuer à percevoir un salaire à travailler à la maison. Oui, ça nous empêche de faire des choses, de sortir, mais d’autres vivent cette période beaucoup plus difficilement. On en connait qui sont dans le feu de l’action en santé, on leur lève notre chapeau ! »

Une leçon à tirer de la pandémie?

« J’ose espérer que l’on va en retenir quelque chose. On ne pourra pas se refaire prendre par surprise par une nouvelle pandémie. L’Histoire nous apprends que ce sont des phénomènes qui reviennent.  Avec notre densité de population et la facilité de déplacement que nous avons, c’est sûr que des pandémies, il y en aura encore. On doit en apprendre des leçons, du moins, en ce qui concerne l’économie. Elle ne peut pas bien tolérer des périodes comme celles-ci à répétition. »

Un livre ou une série à recommander?

« Tout ce qui touche Star Trek, je le recommande. Ça nous montre une vision de l’avenir ou l’humanité va mieux. Je pense qu’on en a vraiment besoin maintenant. »

 

Marie-Josée Lavoie, coordonnatrice à la distribution au Service d’aide communautaire de Charlevoix-Est (Sur la photo, accompagnée de sa fidèle bénévole Jessica Saint-Pierre) :

Comment vous vivez cette pandémie ?

« Ça brasse ici, on n’arrête pas deux minutes ! Les demandes ont grandement augmenté. Maintenant, je ne suis plus seule dans la banque alimentaire, j’ai Jessica avec moi qui m’aide beaucoup. Il faut se dire que l’on ne peut pas aller plus vite qu’un panier à la fois.  C’est comme si c’était Noël, ici, au SACC . Une chose est sûre, c’es que l’on travaille fort»

Une leçon à tirer de la pandémie?

« On va retenir que les gens de Charlevoix sont très proactifs et prêts à aider les autres. Nous avons beaucoup de bénévoles, beaucoup de dons en denrées et en argent qui rentrent, et on a beaucoup d’aide. C’est merveilleux de voir cette solidarité-là dans Charlevoix. »

Un livre ou une série à recommander?

« Je n’ai pas beaucoup le temps de lire ou d’écouter des séries, mais je peux recommander d’écouter du David Jalbert ! Ça passe le temps et c’est toujours bon. »

 

Propos recueillis par Karine Dufour-Cauchon, Lisianne Tremblay et Émélie Bernier

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