Des aînés isolés par la COVID-19

Par Emelie Bernier 7:00 AM - 18 mars 2020
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Diane Boissonneault (à droite) et sa mère Clémence Mondou. Photo archives

Parce qu’ils sont particulièrement vulnérables à la COVID-19, les aînés qui habitent des résidences et centres d’hébergement et de soins longue durée y sont confinés. C’est le cas de Clémence Mondou, récemment installée dans une résidence privée de Baie-Saint-Paul, et seule pour traverser cette délicate étape d’adaptation à son nouveau milieu.

« Ironie du sort, j ai déménagé ma mère de Drummondville à Baie Saint Paul (le vendredi 13 mars) pour être plus près d’elle. Hélas, je n’ai pas le droit de la visiter », explique Diane Boissonneault, la fille de Mme Mondou, qui a tenté de faire plier la direction de la Résidence avant de se résigner.

Lors du déménagement, Mme Mondou et sa fille ont été « reçues avec le thermomètre et le Purell ». « C’est normal et rassurant », dit celle qui a pu dormir dans le nouveau logement de sa mère pour une nuit avant qu’on lui signifie clairement qu’elle devait quitter pour respecter les mesures de prévention. Elle est interdite de visite depuis.

« Ma mère est encore dans ses boîtes, il n’y a pas de rideaux aux fenêtres… Elle est livrée à elle-même dans une nouvelle résidence. Elle a besoin de moi pour plein de choses! Je me console en me disant qu’il y a des infirmières sur place, et des Petites Franciscaines de Marie pour l’accompagner dans tout ça, mais je me sens impuissante », confie-t-elle

Mme Mondou est presqu’aveugle et souffre de démence. «Je sais que les interdictions de visites sont faites dans le but de protéger nos aînés. Mais ma mère ne peut même pas écouter la radio pour suivre les nouvelles sur la pandémie, parce que je n’ai pas eu le temps de lui installer et que, de toute façon, elle est atteinte de surdité. Du coup, elle croit que je l’abandonne! », se désole sa fille.

Mme Boissonneault avait prévu amener sa mère chez le dentiste, avant que les cliniques dentaires n’annoncent leur fermeture. «C’est vraiment déconcertant, tout ça. Elle est déménagé ici parce que nous pensions pouvoir nous en occuper davantage, lui rendre visite. Ça la rendait heureuse, mais elle se retrouve seule dans un nouveau milieu. »

Elle tente de dénicher les aspects positifs de la situation. «Elle a un nouvel appartement qu’elle apprivoise tranquillement. Elle ouvre ses boîtes, elle gagne en autonomie. Et elle est en sécurité. Je sais qu’elle est en sécurité, mais combien de temps est-ce que ça durer? »

La fille de Mme Mondou souhaiterait que le gouvernement Legault élargisse l’accès dans les résidences pour personnes âgées aux proches aidants, si ceux-ci ne sont pas infectés par le coronavirus, bien sûr. «J’aimerais que ce soit un peu plus souple pour les proches aidants… Mais on me répète qu’il n’est pas question de laisser entrer personne. Même la coiffeuse ne peut plus y aller! Et les messes sont annulées!  On ne peut pas dire qu’ils lésinent sur la prévention», conclut-elle.

 

Le mot d’ordre du gouvernement Legault

Depuis le 13 mars 2020, les visites non essentielles dans les hôpitaux, les CHSLD, les ressources intermédiaires, les ressources de type familial et les résidences privées visées pour aînés sont interdites afin de protéger les personnes les plus vulnérables ainsi que les travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux.

 

 

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