Laboratoire de médecine d’urgence rurale à Baie-Saint-Paul : le projet de télémédecine avance

Par Gilles Fiset 12:00 PM - 7 août 2019
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Avec le système REACTS, l’infirmière ou l’ambulancier devient les bras et les mains du médecin qui peut guider la personne sur place pour procéder à toutes sortes d’actes grâce à la vidéo

Même s’il n’y a pas encore eu d’annonce officielle quant à l’instauration d’un centre de recherche en médecine d’urgence rurale à l’hôpital de Baie-Saint-Paul, l’équipe du Dr Richard Fleet a décidé d’aller de l’avant et planche déjà sur un projet de télémédecine.

Le président-directeur général du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale, Michel Delamarre, avait annoncé en mai que le projet de laboratoire d’urgence rurale tel que demandé par le Dr Richard Fleet, titulaire de la chaire de recherche en médecine d’urgence rurale de l’Université Laval, devrait voir le jour à l’hôpital de Baie-Saint-Paul, si tout se déroulait comme prévu.

Cependant, au moment d’écrire ces lignes, le chercheur universitaire a déclaré ne pas avoir encore eu de confirmation officielle de la part des dirigeants du CIUSSS que son projet de laboratoire vivant en médecine d’urgence rurale (un nom qui convient mieux que centre de recherche, selon lui) était officiellement accepté.

Qu’à cela ne tienne. « On fait comme si tout allait très bien se passer et que le gouvernement allait acquiescer aux requêtes », affirme-t-il en entrevue téléphonique. Bien qu’il espère grandement avoir des réponses à l’automne, au plus tard. D’ailleurs, il n’attend même pas d’avoir les réponses à ses demandes de subventions ou encore de savoir si le scanner à l’hôpital de Baie-Saint-Paul sera finalement installé, une condition essentielle pourtant au développement de son laboratoire vivant.

Il a confié être déjà en train de plancher sur un projet. « J’élabore un protocole de recherche qui utilise de nouvelles technologies dans le transport de patients à l’initiative du CIUSSS de la Capitale-Nationale », affirme-t-il.

Il s’agirait, selon le chercheur, d’implanter des systèmes de télémédecine comme celle de l’entreprise Reacts à l’intérieur des ambulances. Cela dans le but de diminuer le laps de temps entre l’accident ou le traumatisme et l’intervention de l’équipe des urgences. Un temps qui semble trop long en région pour le Dr Richard Fleet.

Qu’est-ce que la télémédecine?

Ce type de technologie permet des transferts de données ou d’informations entre professionnels de la santé, mais surtout, pour le cas qui nous intéresse, une communication auditive et visuelle instantanée. Avec ce système, l’infirmière ou l’ambulancier devient alors les bras et les mains du médecin qui peut guider la personne sur place grâce à la vidéo pour procéder à toutes sortes d’actes. Si le transport en ambulance est long, on peut même procéder à une échographie sur place pour gagner du temps grâce à une sonde spéciale qui s’ajoute au téléphone ou à la tablette.

Trois fois plus de risques en région

Selon une étude faite par son équipe et parue récemment, le taux de mortalité en région rurale serait 3,4 fois plus élevé qu’en région urbaine au Québec lors d’un accident avec traumatisme. De plus, l’étude démontre que « 50 % des décès se passent avant d’arriver à l’hôpital ou tout juste en arrivant à l’urgence. Donc probablement que les délais pour trouver des victimes ou pour les rapatrier à l’urgence où on peut faire des interventions sont trop longs », pense le Dr Fleet en ajoutant sur le sujet que « l’idée d’avoir des hôpitaux bien équipés et bien soutenus pour les gens des régions, c’est peut-être une bonne chose ».

Des conclusions qui remettent en question certaines affirmations faites en 2011 lorsque le ministère a voulu enlever le statut de centre de traumatologie primaire à l’Hôpital de Baie-Saint-Paul.

En effet, le Dr Daniel Lefrançois, directeur national de traumatologie, du préhospitalier et des urgences au Québec à cette époque, avait mentionné qu’en traumatologie, être dirigée vers l’hôpital le plus près n’était pas la meilleure option. « En traumatologie, hors de tout doute, c’est l’accès aux soins définitifs qui compte », a-t-il déclaré (Le Soleil, 28 avril 2011).

L’étude du Dr Fleet, faite sur une période de près de cinq ans sur plus de 80 000 patients, a justement été entreprise à la suite de cette décision d’enlever le statut de centre de traumatologie primaire de l’Hôpital de Baie-Saint-Paul. « Nous avons décidé de faire une étude à ce moment parce que nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup d’études scientifiques sur le sujet et que les décisions se prenaient uniquement sur la base d’opinions et pas d’évidences scientifiques », énonce le chercheur.

 

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