Sur les traces des forgerons

Par Karine Dufour-Cauchon 3:30 PM - 6 août 2019
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Chloé Couturier a un emploi d’été qui sort de l’ordinaire à la forge-menuiserie Cauchon.

Pour amasser leurs premières économies, il est courant pour les étudiants d’occuper des emplois journaliers, parfois lassants. Ce n’est pas le cas de Chloé Couturier, 18 ans, dont l’emploi d’été consiste à être forgeronne. Bienvenue à la Forge-menuiserie Cauchon!

Chloé Couturier, originaire de La Malbaie, est l’une des rares personnes de sa génération à avoir appris un art oublié de nos sociétés industrialisées: la forge. Aux côtés de ses deux collègues, Camille Poinlane et Jessica Tremblay, Chloé chauffe et bat le fer devant les visiteurs, curieux de s’immerger dans une autre époque.

Toussaint Cauchon, fils unique du forgeron Henri Cauchon, entouré de son équipe Gertrude Savard, Jessica Tremblay, Camille Poinlane et Chloé Couturier.

La Forge-menuiserie Cauchon, érigée en 1882, est « la forge la plus complète du Canada » selon le gouvernement du Québec. Classée monument historique par le ministère de la Culture et des Communications du Québec depuis 1983, la Forge fait revivre à ses visiteurs l’expérience artisanale d’autrefois. Pour ce faire, le centre d’interprétation engage des étudiants en période estivale, dont les rôles varient entre guide-interprète et forgeron.

Il s’agit d’un emploi d’été sortant de l’ordinaire pour Chloé. « J’ai travaillé en restauration un peu dans les dernières années. C’est sûr que ce travail fait changement, et cela me fait exploiter mes habiletés plus manuelles. J’aime cela ! », témoigne la forgeronne.

Un peu d’histoire

L’immersion est aujourd’hui possible grâce au seul fils d’Henri Cauchon, héritier direct de la forge, Toussaint Cauchon. Avoir redressé l’établissement familial et en faire profiter aujourd’hui le public est une fierté pour le Charlevoisien maintenant âgé de 83 ans.

« Un peu avant son décès en 1963, mon père m’a raconté toute sa vie et la vie de mon grand-père Joseph qui a construit la forge. J’ai tout écrit son témoignage et j’ai laissé mijoter cela. J’ai quand même fermé la forge en 1963, c’était dur sans mon père. Pendant 30 ans, personne n’est rentré à l’intérieur. C’était mon repère pour me rappeler de mon père », raconte Toussaint Cauchon.

« Dans les années 80, le ministère de la Culture a répertorié la tonne d’outils, tous faits à la main, et les a classés biens historiques.  En 1983, ils ont classé ensuite l’établissement comme ayant une valeur patrimoniale et historique importante. C’est seulement en 1995 que nous avons décidé de donner l‘accès au public, et de partager notre histoire. Aujourd’hui, on ne le regrette pas », conclut M. Cauchon.

Aujourd’hui, l’organisme à but non lucratif offre des visites sur l’histoire de la famille Cauchon à travers une exposition permanente. Vidéos, interprétation et manipulation de pièces servent à illustrer l’ingéniosité des artisans Cauchon et leur détermination à faire connaître leurs techniques issues d’un autre temps.  Bienvenue à tous !

*Karine Dufour-Cauchon n’a pas de lien de parenté avec la famille de la Forge Cauchon.

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