Prof, ma fierté!: miser sur la formation générale aux adultes

Par Emelie Bernier 7:00 AM - 23 Décembre 2018
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Josée Scalabrini, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) était de passage dans Charlevoix pour soutenir les enseignants de la formation générale des adultes dans le cadre de la campagne Prof, ma fierté!
Dans la région, environ 200 jeunes adultes poursuivent leurs études auprès des enseignants dévoués de ce secteur marginal qui manque cruellement de reconnaissance et de ressources, selon Mme Scalabrini.
«Ici, c’est la région où les profs ont décidé que c’était assez de toujours oublier l’éducation des adultes. Les enseignants de Charlevoix se sont levés. Les choses n’ont pas changé encore, mais déjà, on parle dans les médias de plus en plus depuis 1 an et demi. Les enseignants de Charlevoix ont été un déclencheur, ils ont été un exemple pour bien des régions au Québec. Ensemble, on a créé ensemble Mettre la FGA sur la carte. Ça vient de gens déterminés à faire connaître leur réalité», louange-t-elle.
Elle rappelle que l’éducation des adultes permet de battre des records de réussite et de diplomation au Québec. « Il y a souvent des ministres qui sont capables de dire que le Québec est la province qui diplôme le plus de gens avant 25 ans. Pourquoi? À cause de l’éducation des adultes! Pourtant, c’est le secteur où il y a le moins de services, le moins de financement, où on accompagne moins les enseignants et les élèves. On a des gens ici qui ont vendu cette dimension et qui ont fait des choses dans leur commission scolaire », indique-t-elle.
Si les profs se battent avec ardeur pour leurs élèves, elle est d’avis qu’ils doivent maintenant investir un peu de leur énergie à défendre leurs propres intérêts. «À travers les années, on nous a laissé tomber. On s’imaginait que les enseignants, au Québec, c’est pas un travail, c’est une vocation et qu’il arrive quoi que ce soit, les enseignants vont la porter à bout de bras, cette école-là. Ce n’est plus vrai! On l’a fait pendant des années. On oublie de parler de tous les petits miracles qui se font par les enseignants et là, ils sont essoufflés et on a besoin de valorisation », clame la présidente de la FSE-CSQ. Les moyens sont connus.
« Il faut commencer par demander aux enseignants quels sont leurs besoins. On va arrêter de focuser sur l’intégration à tout prix sans service. On va ralentir les projets particuliers sélectifs qui viennent sortir les meilleurs élèves de nos classes et on va repenser la composition de la classe. Et on va même penser au salaire que devraient avoir les enseignants. Au Québec, les profs sont les moins bien payés au Canada! . Améliorer nos conditions c’est améliorer les conditions de réussite des élèves.» La précarité est le lot de 76% des enseignants du secteur FGA, contre 46% dans le secteur dit régulier. «Ils sont importants, mais on ne leur donne pas de permanence, on ne crée pas d’équipe, on ne leur permet pas de construire des choses qui vont leur permettre de mieux accompagner les élèves », déplore Mme Scalabrini.  « Chaque jeune qui décroche au Québec, c’est en passant par l’éducation des adultes qu’il va faire le parcours qui lui manque qui va lui permettre par la suite d’aller en formation professionnelle, au cégep ou à l’université.  Et c’est le secteur qui est abandonné. Il faut en parler», conclut-elle, déterminée à talonner le gouvernement récemment élu sur cette question.

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