Louis-Philippe Lavoie : portrait d’un Louis Cyr charlevoisien

Par Gilles Fiset 7:00 AM - 17 octobre 2018
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Ces hommes à la force peu commune s’entrainent de façon particulière, ici en tirant un camion… en marche.

Remarqué à ses débuts par un professionnel de la discipline, Louis-Philippe a trimé dur pour en arriver là en s’entrainant plus de 15 heures par semaine et… en mangeant jusqu’à sept repas par jour.
Louis-Philippe Lavoie de Baie-Saint-Paul vient de terminer sa première année comme professionnel dans le Circuit des hommes forts. Il a réussi à se classer en sixième position au Canada, une belle performance pour un athlète qui a commencé à s’entrainer il y a quelques années seulement.
Une rencontre déterminante
La rencontre avec l’homme fort professionnel Franky Bonneau en août 2013 sera déterminante pour la carrière sportive Louis-Philippe Lavoie. Franky Bonneau se livraient alors à une démonstration de force derrière le Centre éducatif Saint-Aubin à Baie-Saint-Paul. « Je me suis porté volontaire plusieurs fois durant la démonstration pour lever des charges et Franky m’a assuré que j’avais du potentiel. Il m’a aussi invité à venir s’entrainer avec lui. J’y suis allé et en décembre 2013, j’ai participé à ma première compétition de levée de poids (power lifting). « Franky m’avait inscrit à la compétition sans me le dire. Il croyait beaucoup en moi », témoigne Louis-Philippe.
Bien avant cette rencontre cependant, le futur homme fort professionnel songeait déjà à tenter sa chance dans cette discipline. « Ça faisait longtemps que je voulais faire des hommes forts. Je regardais des compétitions à la télévision qui présentaient des champions comme Hugo Girard et Jean-François Caron et je me disais que c’est ce sport là que je veux essayer. Mais à l’époque, je ne connaissais pas de place où m’entrainer ni ici, ni dans la région de Québec », relate le colosse de 6 pied et un pouce pour 320 lb.
Entrainer tous les muscles
Louis-Philippe s’entraine cinq fois par semaine dans un gymnase conventionnel et au moins une fois durant la fin de semaine, quelquefois deux, à reproduire des épreuves de compétitions. « Il faut entrainer la musculature pour toutes sortes d’épreuves différentes. On ne connaît pas d’avance ce qui va nous être demandées et même si on le savait, il y a de temps en temps des bris de matériel et l’épreuve est échangée pour une autre. Il faut être prêt à tout », explique-t-il.
Les entrainements durent de deux à trois heures et ceux de la fin de semaine doivent compter au moins cinq types d’épreuves différentes, parmi une vingtaine de choix, pour se rapprocher le pplu spossible du déroulement d’une compétition. « Des fois on travaille juste à développer la force et d’autres fois, on essaie d’améliorer notre technique », précise Louis-Philippe.
Un gymnase assez particulier
C’est dans un garage sur la rue Saint-Jean-Baptiste à Baie-Saint-Paul en partie transformé en gymnase que s’entraine Louis-Philippe durant les fins de semaine. Rémi Bernier, le propriétaire, l’avait aménagé au départ pour son entrainement et celui d’un de ses employés, Franky Bonneau. Ce dernier travaillait alors à titre de chauffeur pour sa compagnie de taxi. « Il avait de l’équipement et il s’entrainait. Ça m’a donné le goût », confie M. Bernier. « Au début on faisait les exercices à l’extérieur, mais j’ai finalement décidé de fermer une des allées de mon garage pour la convertir en gymnase. Il est très complet pour les épreuves de force. Même des types comme Jean-François Caron viennent s’entrainer ici de temps en temps », raconte M. Bernier.
Tous les équipements ou presque, soit une quinzaine, doivent être fabriqués à la pièce puisque très peu d’athlètes peuvent se venter de faire des exercices avec des poids de plusieurs centaines de kilos parfois.
Avant de passer professionnel cette année, Louis-Philipe a compétitionné durant trois ans chez les amateurs. Même s’il a eu un succès modeste lors de sa première compétition, une dixième place sur douze, il s’est bien rattrapé avec les années en terminant deuxième au Québec et au Canada l’an dernier. Cette belle performance lui a permis de passer chez les professionnels, son rêve.

Une des appareils utilisés durant l’entrainement pour simuler une compétition.


Pas sans douleur
Ces quatre années de compétitions n’ont pas toujours été faciles. « On a toujours des petits bobos, des problèmes de coude ou de genou par exemple. On pousse la machine à fond tout le temps. C’est un peu comme une voiture de rallye. Elle est toujours rendu au garage se faire réparer. Il faut prendre soin de notre machine tout le temps. Dès que tu as un petit quelque chose, il faut y voir », affirme Louis-Philippe. Ce dernier doit d’ailleurs s’assurer de recevoir des soins de chiropractie et de massothérapie régulièrement aux deux ou trois semaines. « Sans cela, ça me tire tellement dans le haut du cou que j’ai des maux de tête épouvantables ».
Être aux petits soins pour son corps, sa machine, n’empêche pas les athlètes de force de souffrir de blessures invalidantes. « L’hiver passé, je me suis fait une déchirure partielle dans le tendon du poignet et durant l’été, je me suis écrasé une vertèbre en faisait un exercice avec un poids de 870 lb. Ça a pris un mois et demi à revenir », révèle Louis-Philippe.
Quelques fois, c’est durant la compétition que le malheur arrive et il faut bien fait avec. « Au Rodéo de Charlevoix d’il y a deux ans, je me suis fait une entorse lombaire pendant la compétition. Ça a nui à ma performance, mais j’ai quand même réussi à terminer », confie le colosse de Baie-Saint-Paul.
 
Manger… encore et toujours
Pour entretenir sa prodigieuse musculature, Louis-Philippe, comme tous les athlètes de force, doit manger une quantité phénoménale d’aliments. « Normalement, je mange entre six et sept repas par jours pour ne pas perdre de masse musculaire. J’en prend un en me levant le matin, un durant l’avant-midi, un au dîner, un avant l’entrainement et un autre après, un autre durant la soirée et il arrive même de me lever la nuit pour manger encore », révèle-t-il en ajoutant qu’il parle bien de repas et non de collations. « Un repas c’est au moins 400 grammes de viandes et deux tasses de riz, par exemple ».
Heureusement, les athlètes de force n’ont pas beaucoup de restrictions alimentaires. « On peut s’en permettre un peu. On n’est pas obligé de suivre une diète spéciale. Dans mon cas je mange même un gâteau complet pour dessert de temps en temps, pas trop souvent », confie-t-il en riant.
Bien que cela puisse ressembler à un rêve de pouvoir manger autant, ce n’est pas aussi facile dans la réalité.
« Au début, j’aimais ça parce que j’étais un gros mangeur, mais aujourd’hui il arrive que je me force pour manger. Des fois tu n’as pas faim, mais c’est l’heure et tu dois t’obliger à avaler quelque chose », avoue Louis-Philipe.

Un des énormes repas que doit avaler Louis-Philippe de six à sept fois par jour. Photo gracieuseté

 
 
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