«J'ai toujours aimé avoir un beau journal…»

Par Emelie Bernier 4:05 PM - 9 mars 2017
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C’était en 1974. Guy Charlebois arrivait tout juste de Californie quand lui est tombée dessus une proposition qu’il a aussitôt acceptée, un peu par audace, un peu aussi parce qu’il n’avait rien de mieux à faire dans les jours à suivre!
« Je suis arrivé comme un cheveu sur la soupe », rigole-t-il. Parlant de cheveux, celui-ci les avait bien longs, à la mode hippie de l’époque! « Charles Warren avait approché mon frère Pierre-Paul pour partir un journal avec lui, mais mon frère était aux études… Il nous a présentés et ça a cliqué! Moi, je faisais un peu de photo, mais je n’avais pas d’expérience en journalisme. J’ai commencé comme ça, en écrivant des petits textes sur les chiens écrasés… Et ça fait 44 ans que je suis dans le métier aujourd’hui », lance-t-il en riant.
Durant plusieurs années, les bureaux du journal sont… dans sa maison! « On développait nos photos dans la cave, les bureaux étaient dans mon salon, ça fumait des clopes à la journée longue », se remémore-t-il avec un sourire. Les tribulations du journal, il les a vécues de près. « On a commencé avec Paul Brisson, avant de passer à Québécor. Il y a une vingtaine d’années, ça a brassé pas mal dans le monde des médias. Ils ont renvoyé Charles, Paul Brisson… et quand Charles m’a dit qu’il partait quelque chose, je l’ai suivi. Je n’avais pas envie de faire des compromis au niveau de la qualité », se rappelle-t-il.
Il était pourtant conscient du risque de quitter une entreprise aux reins solides pour partir un nouvel hebdomadaire. « Je voulais m’embarquer, mais c’était risqué de perdre mes culottes! Mais on avait une bonne équipe. Dès le début de l’Hebdo Charlevoisien, Sylvain Desmeules a laissé le Plein-Jour pour venir avec nous. Quand sa fille est née, il corrigeait les épreuves de la première édition! », se rappelle avec un sourire Guy Charlebois. D’avoir Paul Brisson comme pilier le rassurait aussi. « Paul Brisson, c’est un homme qui brassait des affaires! C’est un des kingpin, un leader des hebdomadaires au Québec. Si tu n’as pas un gars comme lui derrière toi, c’est beaucoup plus difficile. On est une équipe. Il nous laissait de la latitude, à Charles et moi, c’était une relation de confiance qui dure aujourd’hui et se poursuit avec son fils Simon », ajoute-t-il.
Parmi ses priorités, Guy Charlebois a toujours tenu mordicus à ce que le journal soit monté dans Charlevoix. « Les deux premières années, c’était sur la Côte-Nord, mais on a rapatrié le tout ici pour avoir le contrôle de la qualité. C’est en gardant une qualité qu’on a fait notre nom, qu’on a gagné des prix, qu’on a survécu alors que Québécor a fermé », lance non sans fierté Guy Charlebois. « Pendant 12 ans, il y a eu les deux journaux. Et ça a été assez difficile. Fermer Québécor, ça a été un exploit! On n’avait jamais vu ça ailleurs. C’était une grosse machine, ils achetaient les commanditaires, les circulaires… Ils avaient vraiment les moyens financiers de nous mettre les bâtons dans les roues. Mais on a pris le temps de s’asseoir avec les partenaires, expliquer pourquoi il fallait nous faire confiance! On sait que Québécor voulaient notre peau, mais la communauté a été derrière nous », confie-t-il.

Les partenaires qui ont cru en cette bande de passionnés un brin téméraires.

Car ce journal, il l’a dans la peau. « J’ai toujours aimé avoir un beau journal, avec de bons articles, un beau montage. » D’ailleurs, après 44 ans, il n’a pas encore accroché ses patins, incapable de tourner le dos à une profession qui le passionne encore. « J’ai encore un petit pied dans la place. J’aime encore ça, mais il faut que la jeunesse prenne sa place ».
Il croit encore que l’Hebdo Charlevoisien, devenu Le Charlevoisien, a sa place. « Il faut que ça continue, parce que notre mission est importante. Le journal est encore un gros morceau, mais il faut se réorienter, rester à jour, développer le Web, investir pour rester en avant de la vague… Je pense que jusqu’ici, on le fait bien et qu’on va toujours réussir à s’adapter et à se distinguer », conclut-il.
 

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