Bloquer ou non les sentiers aux motoneigistes?

Par Eric Maltais 10:39 AM - 2 février 2017
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Raynald Harvey, Lucie Cadieux, Michel Dufour et Pierre Tremblay, maire des Éboulements, qui appuient les producteurs.

Les présidents des deux syndicats de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Charlevoix annoncent qu’ils recommandent à leurs membres de suivre le mouvement national qui leur permet de bloquer l’accès des sentiers transcanadiens sur leurs terres, mais ils ne joueront pas à la police afin de connaître l’ampleur du mouvement.
En conférence de presse ce mercredi, Lucie Cadieux et Michel Dufour respectivement présidents de l’UPA de l’Ouest et de l’Est, ont confirmé que les producteurs pourront agir dès le 6 février à partir du moment où ils auront déclaré leurs intentions 48 heures à l’avance à leur association. « C’est le seul moyen de pression que nous avons pour forcer la main du gouvernement. Le retrait de l’accès à nos terres ne fait pas notre affaire mais il faut savoir que les agriculteurs donnent gratuitement accès aux motoneigistes et là, nous ne sommes pas d’accord avec la réforme que l’ex-ministre Pierre Paradis a mis en place », explique Mme Cadieux.

Dans le fond, le mouvement national de l’UPA ne demande que deux choses : retarder d’un an la mise en place de la réforme et la création d’une table interministérielle pour analyser la situation en harmonie et permettre aux agriculteurs de respirer une année additionnelle.

« Nous sommes confiants que le retour dans ce dossier du ministre Laurent Lessard en relève à Pierre Paradis permettra de calmer le jeu. M. Lessard reprend un ministère qu’il avait et nous avions une bonne écoute de sa part. Nous sommes confiants que le gouvernement acquiescera à nos demandes », poursuit-elle.
Il faut rappeler que l’annonce de la réforme de la taxation en regard aux agriculteurs a été annoncée en mars 2016 et il était dit alors qu’elle serait implantée à coût nul. « À la Confédération de l’UPA, ils nous ont demandé nos comptes de taxes pour effectuer une analyse et les experts en sont venus à la conclusion que 83% des agriculteurs subiraient une hausse variant entre 30 et 40% de leur facture », explique les leaders du milieu agricole. La firme Raymond, Chabot, Grant & Thorton a aussi évalué 310 dossiers qui confirment la position de l’UPA.
Aussi, parce qu’il n’aurait pas respecté certaines démarches au niveau des avis juridiques, l’UPA a expédié une mise en demeure au ministère de l’Agriculture, de Pêches et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), de même qu’au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire afin de bloquer cette réforme (MAMOT).
« Sur les fermes, le revenu net a baissé au cours des dernières années. Nous ne sommes pas capables d’absorber que les taxes vont doubler d’ici 10 ans. Les producteurs ne sont pas là pour vendre mais pour nourrir le Québec », ajoute M. Dufour, dont l’entreprise se veut un exemple de transfert familial.
Tourisme affecté
Jacques Lévesque, de Tourisme Charlevoix, s’inquiète du mouvement : « La motoneige et l’agrotourisme représente un secteur important de notre industrie. Nous avons de la neige en abondance, des conditions idéales, et cette menace a déjà des impacts négatifs pour nos membres. Comment pouvons-nous vous aider? Comment agir en amont pour supporter votre cause? J’espère que le ministre Lessard va vous supporter ».
Raynald Harvey, du Club des Aventuriers, s’inquiètent aussi de la situation : « On est en train d’envoyer nos touristes au Saguenay / Lac-Saint-Jean car leurs sentiers resteront ouverts. Ils ont une entente avec les trois MRC qui versent un montant d’argent à l’UPA afin de les supporter. Eux, ils sont innovateurs dans leurs actions ».
Les membres de l’UPA de la région de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord sont contre ce mouvement mais doivent se rallier par solidarité. « Nous ne faisons pas le poids au niveau de la démographie. De plus, nous vivons de l’agrotourisme aussi alors si nous fermons nos sentiers, nous laissons aller nos revenus de restauration », a conclu Mme Cadieux.
Des régions comme la Montérégie et Sherbrooke possèdent de gros producteurs mais ils accueillent bien peu de motoneigistes. L’or blanc, on le retrouve dans les régions du Québec, dans celles qui ont besoin des revenus de cette industrie pour maintenir des opérations économiques rentables. Des régions fragiles quant à leur économie…
 
 

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