La passion selon Rachelle et Francine

Par Emelie Bernier 1:35 PM - 1 Décembre 2016
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Il y a 25 ans, Rachelle Néron et Francine Tremblay se lançaient dans une aventure peu commune, voire farfelue : mettre sur pied une chorale afin de venir en aide à leur église, celle de Sainte-Agnès, en mal d’amour et de rénovations. 25 ans plus tard, 300 000 $ ont été versés à l’église et à une pléiade d’organismes communautaires de la région. Et l’histoire s’écrit encore, de plus belle!
Par Émélie Bernier
Rachelle Néron et Francine Tremblay sont des âmes sœurs, dans le travail comme dans la création. En plus d’être les figures de proue de ce grand bateau qu’est la Chorale de Sainte-Agnès, elles sont partenaires d’affaires en tant que copropriétaires du café Gaufréfolies, niché dans le centre commercial de La Malbaie et où se tient la rencontre. Autant dire que l’une ne va pas que rarement sans l’autre.  Et la musique n’est jamais loin derrière!
« On n’est pas faites pareilles, mais on se complète! », lancent les deux complices qui ont grandi dans la musique et se connaissent depuis toujours. « À 2 ans, je sautais sur le divan en chantant, “olé olé”! On n’a pas fait La Voix, mais ça gazouillait fort! La mère de Rachelle dirigeait la chorale, la mienne jouait de l’orgue à l’église. Elle jouait aussi de l’accordéon, papa jouait du violon… », se souvient Francine en riant.
Francine s’occupe davantage du jeu des comédiens lorsque vient le temps de monter le spectacle annuel de la chorale, tandis que c’est à Rachelle que revient la direction musicale de l’ensemble aujourd’hui. Elle est assistée de Jocelyn, conjoint de Francine, tandis que Gaëtan, conjoint de Rachelle, est membre de la chorale et s’investit dans les décors! Leurs enfants sont aussi de l’équipage. « C’est vraiment une histoire de famille », rigolent-elles.
Une famille qui grandit
De 40 personnes la premièrepage-2-rachelle-et-francine-important année, l’ensemble en compte 80 maintenant. « On n’a jamais recruté! Les gens viennent au spectacle puis ils viennent donner leur nom… Il y a des choristes qui emmènent leurs enfants, leurs petits-enfants. Et ces enfants devenus des adultes sont encore avec nous », s’émerveillent-elles.
Cet aspect multigénérationnel ne rend-il pas le travail plus difficile? « On ne dirige pas un enfant comme un adulte, mais ça se passe bien! Les enfants nous appellent “matante”! On est proche… et moi, je manipule le cerveau sans que ça paraisse! Les enfants écoutent bien, apprennent à danser, à jouer… C’est une belle école! », rigole Francine.
Certains choristes sont là depuis les tout premiers débuts et ne se passeraient pas de ce loisir, si prenant soit-il! « Chacun a sa place, chacun amène sa couleur! Oui, je suis la directrice parce que ça prend quelqu’un pour trancher. Et on vit des petites frictions, mais tout finit par s’arranger!  On est 80 caractères, mais les gens sont là pour le plaisir, la musique. Il y a de beaux échanges, beaucoup de fraternité », résume Rachelle.
Art-thérapie
Les spectacles de la Chorale de Sainte-Agnès sont l’occasion de passer des messages, de faire réfléchir. « On n’est pas dans le grand déploiement, on est dans l’humilité, la simplicité. Au fil du temps, des choses ont chapage-2-memere-et-rosannangé dans nos vies, on a vécu des deuils. Tout ça nous humanise. On ne voit plus les choses de la même façon, on grandit et on se soutient. Les membres de la chorale sont unis par quelque chose de très beau… la solidarité, le respect. On fait de la magie avec rien! Tout se réalise! On en prend conscience à la fin, quand les planètes s’alignent! », avance Francine tandis que Rachelle s’active derrière le comptoir à répondre à quelques clients.
Se chicanent-elles parfois, entre le stress du commerce et celui de la pièce qui se construit au fil des mois?
« Il n’y a pas de confrontation, mais des divergences d’opinions, des fois! On n’est pas toujours d’accord, mais on réussit toujours à s’entendre! Après 25 ans, on passe à peu près par les mêmes étapes chaque année. On a du recul », analyse Rachelle. Et elles ont appris à déléguer. « Il y a les décors, les costumes qui sont gérés par des super bonnes équipes… On se mêle de nos affaires! On a appris ça… », lancent-elles en riant.
Un 25e avec Rosanna, Ti-Coune, Mémère Bouchard et Cie
Au moment d’écrire ces lignes, les deux femmes baignaient dans la fébrilité, une semaine avant le début des représentations de Traditions chez Rosanna, leur 25e production. (Il reste une représentation le 4 décembre, au Domaine Forget). Francine a la tête qui tourne, alors que Rachelle semble plus calme.  « Avant, on a hâte, mais on sait qu’après ça va être fini! On se dit ” savoure-le, tout ce que tu as imaginé, c’est en train de se réaliser!”  Après, je sais que je vais être dans un état dépressionnaire… Moi, quand vient le temps d’accrocher mon costume de scène, j’ai la mort dans l’âme », confie Francine, qui enfile courageusement les atours de Rosanna. « C’est difficile de jouer dans cet univers, parce qu’il ne faut pas nous comparer! Je n’ai pas de formation de théâtre, je ne suis pas Nicole Leblanc, mais je vais donner mon 100%! Tout le monde d’ailleurs, même les enfants! »
Quoi qu’il en soit, Francine n’aura pas la mort dans l’âme très longtemps, car dès janvier, le duo s’attaquera à son prochain spectacle! « C’est aussi quelque chose de recommencer en janvier! Rien que faire le deuil de l’histoire… Il ne faut plus y penser, parce qu’on n’est pas capable de repartir! », réalise Rachelle.
Avant d’entrer sur scène, Rachelle et Francine pourront passer un minuscule moment côte à côte. Ces quelques instants seront précieux et leur rappelleront à quel point elles sont chanceuses de s’être trouvées. « Ensemble, on a tout vu, tout vécu. Quand on vit des choses difficiles, on se dit  “on va faire un meilleur rôle” et “the show must go on!”. Avant de rentrer sur scène, on aura la chance d’être toutes les deux. C’est touchant. On n’est pas toujours à la même place, mais cette année, on a construit le début pour être ensemble, avoir une petite minute, un moment pour se faire un câlin. Notre amitié est indestructible », confie Francine, l’œil brillant.
L’aventure Gaufréfolies se terminera en avril prochain pour les deux complices. Mais la chorale, elle, n’a pas poussé sa dernière note! « Ça fait partie de nos vies! Et on ne veut pas savoir quand ça va s’arrêter! Ce n’est pas dans notre pensée », lance Francine, glissant un regard vers sa complice qui opine du bonnet. « On ne prend pas notre retraite de la chorale, loin de là! On va avoir plus de temps, plus d’énergie à y consacrer! », conclut Rachelle.
Et encore plus de temps pour réaliser des petits miracles et semer la joie dans le public!
https://www.lecharlevoisien.com/archives/sortir-decembre-2016/#page1

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