Le sablier de Jean Fortin

Par Dave Kidd 17 février 2016
Temps de lecture :

Il est bien difficile de percevoir ce que le maire Jean Fortin nous annoncera cet automne. Le politicien traversera bientôt  la zone du « j’y vas-tu ou ben j’y vas pas », comme l’ont chanté Richard Desjardins et Éric Lapointe dans Un beau grand slow. Pour le maire, rester dans la danse équivaut à continuer de défier la loi non écrite du « mandat de trop ». 

Jean Fortin possède toutes les qualités d’un bon politicien sans jamais trop les utiliser. Son arme la plus puissante demeure la confiance; la sienne et celle qu’il place en les autres. Il a survécu à bien des combats sans y laisser trop de plumes. Il n’est pas reconnu pour ses déclarations fracassantes. Bien au contraire. Il réussit à expliquer le fonctionnement de l’horloge sans vraiment donner l’heure! 

L’actuel maire de Baie-Saint-Paul a vécu la fusion de la Ville avec des municipalités de la Paroisse de Baie-Saint-Paul et de Rivière-du-Gouffre. Son thème du changement a eu raison de Jacinthe B. Simard aux élections de 1999.   ❡

Un peu avant le déclenchement de cette campagne électorale, je me rappelle lui avoir demandé avec ma diplomatie légendaire: « Qu’est-ce que vous faites? » Il a étiré sa réponse avec de longues phrases pendant de longues minutes. Honnêtement, il me donnait l’impression d’un aspirant qui aurait perdu d’avance plutôt que celle d’un politicien déterminé à aller au combat. Avec les années, j’ai fini par comprendre la « complexité du personnage ». Jean Fortin carbure aux débats d’idées et aux concepts. La personnalisation, ce n’est pas sa tasse de thé. À la fin des années 1990, Jacinthe B. Simard était la politicienne la plus en vue et la plus puissante de Charlevoix. C’est contre elle qu’il se présentait. Un défi plus grand que nature, disaient certains. C’était tout un pensez-y bien avant de prendre LA décision. 

Puis le maire Fortin a vécu des moments difficiles. L’annonce de la démolition de l’hôpital est devenue préoccupante lorsque l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, a demandé à un groupe d’élus et d’intervenants de soumettre des propositions pour un ou deux hôpitaux. Il devait gérer cela alors qu’il était « dans l’opposition » au conseil municipal. Claude St-Charles, Mario Tremblay, Josette Tremblay et Gilbert Gaudreault  ne l’ont pas ménagé. Rappelez-vous aussi de la saga de l’enfouissement des fils sur la rue St-Jean-Baptiste. 

En politique municipale depuis 26 ans, Jean Fortin occupe la fonction de maire depuis 19 ans, ex-paroisse et Ville. En novembre dernier, il disait avoir encore des idées. L’aréna, l’avenir du complexe conventuel des Petites Franciscaines de Marie et une piscine figurent parmi les dossiers qu’il veut régler d’ici novembre 2017. Bonne chance! La politique financière de la Ville ne permettra pas de tout réaliser, je pense. 

Aussi, au fil des années, un politicien ne se fait pas que des amis. Jean Fortin n’y échappe pas. Des membres de la communauté d’affaires n’ont toujours pas digéré que le parc industriel régional soit implanté à Saint-Urbain. Le poids de la dette de la Ville relève aussi de l’administration de l’actuel maire. Tout comme sa proximité avec Groupe Le Massif déplait à d’autres. Cependant, l’unanimité reste chose impossible en politique et je serais curieux de découvrir les résultats d’un sondage au sujet du taux de satisfaction à son égard.  

Ainsi, les défis seront toujours nombreux pour le maire Fortin, ou un éventuel successeur. Il se retrouve toujours sur la ligne de front puisqu’il est à la tête de la ville centre de sa MRC. Mais je crois que Jean Fortin s’ennuie dans sa MRC, lui qui a déjà déclaré son intérêt pour un préfet élu au suffrage universel pour une seule MRC.  Il ne l’avouera jamais ouvertement, par respect pour les autres maires, mais il doit sans doute rêver à des échanges seulement avec les maires de Clermont et de La Malbaie…  

Avant  de poser des gestes qui pourraient potentiellement  influencer la gouvernance régionale, M. Fortin, vous devez vous brancher. Vous n’êtes pas sans savoir que vous ne serez pas seul sur les rangs. Luc Goudreau, celui qui est assis à votre droite au conseil municipal, vise le siège à sa gauche. À  moins d’un revirement majeur, il se présentera. Il  est assez difficile de le manquer; il est partout. Il ouvrira la machine dès que votre annonce sera faite.  

Luc Goudreau a fait carrière dans le milieu des affaires et il adore la politique. Il baigne dedans depuis son enfance.  Le duel s’annonce intéressant si jamais c’est une lutte à deux.  

Partager cet article