Pacte fiscal avec les municipalités: ‘un jour triste pour les régions’

Par Emelie Bernier 5 novembre 2014
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 Mise à jour 17 h 33

 

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé, aujourd’hui, lors du dévoilement du pacte fiscal entre le gouvernement provincial et les municipalités, que les Villes verraient leur budget amputé de 300 millions $. Le gouvernement libéral amputera ce montant du budget dévolu aux villes dès 2015.

 

M. Couillard a aussi confirmé que les MRC détiendront désormais les rênes de leur développement économique et par extension du soutien à l’entrepreneuriat, tâche qui appartenaient jusqu’ici aux CLD. Les conférences régionales des élus passent aussi sous le couperet. Elles seront définitivement abolies.

La recherche de l’équilibre budgétaire est l’argument du premier ministre pour justifier ces coupes.

 

Jean Fortin, maire de Baie-Saint-Paul et président de la CRÉ de la Capitale-Nationale, est extrêmement déçu, même si ces nouvelles ne sont pas une surprise. « C’est décevant, même si on s’y attendait. C’est exactement le scénario qu’on avait vu. Ce n’est pas une grande journée pour les régions, ni pour la concertation régionale », confie-t-il.

Il se console cependant de voir que les municipalités pourraient transférer une part de leur développement économique aux CLD. « Il semble y avoir une ouverture, mais quels seront les moyens? », questionne-t-il. Pour les CRÉ, cependant, « c’est la fin, c’est clair », résume le fervent défenseur de cette organisation. « On avait un lieu de concertation régionale! Les argents qui allaient à la CRÉ étaient mis sur des projets, pas seulement sur du personnel. Ce que je reproche, c’est la manière dont ça s’est fait. Personne n’a été mis tant que ça à contribution dans ces décisions », déplore-t-il, émettant une pensée pour les équipes qui seront mises à pied. « On perd aussi au niveau de la santé. Dans le scolaire, on ne sait pas où on s’en va. Je ne pense pas qu’on nous en donne, on nous en retire Il va falloir être vigilant! Pour les régions, on a toute une bataille à faire. On balaie de la main 40 ans de développement régional », ajoute-t-il, visiblement inquiet.

«C’est quoi la politique de développement régionale qui sous tend ça? De quelle façon on va s’orienter pour travailler ensemble maintenant? C’est quoi la place de Charlevoix, de ses MRC, dans ce nouvel ensemble? C’est quoi, l’avenir des régions?», autant de questions qui demeurent pour l’instant sans réponses pour le maire.

Réactions dans l’est

À La Malbaie, le maire Michel Couturier affirme, au terme de cette journée, avoir beaucoup plus de questions que de réponses. « Mais il fallait s’y attendre (aux coupures), c’était inévitable. La situation de l’état québécois et le besoin d’une réorganisation des structures étaient omniprésents depuis quelques temps. Par contre, je ne pensais pas que ça aurait cet impact là », réagit-il. ‘Mais on ne peut pas lutter contre le mouvement actuel. Je crois que comme élu, il faut entrer dedans et voir comment nous pourrons répondre aux missions qui seront les nôtres. »

Ce que M. Couturier déplore, c’est le « facteur humain » qui vient avec l’annonce de l’abolition des CRÉ, mais surtout des CLD. « Nous travaillons beaucoup avec ces gens-là, avec qui nous développons des liens. Ce soir, j’ai beaucoup de sensibilité pour ce qu’ils vivent. Je les félicitent pour leur travail. Leur expertise, ils l’ont toujours et nous en aurons encore besoin. »

Pour le maire de Clermont Jean-Pierre Gagnon, la journée est triste pour les régions. Celui-ci d’ailleurs ‘ne comprend pas’ la position des associations municipales et leur retirera son appui, avec l’assentiment de son conseil municipal. Il estime que sa ville perd aujourd’hui 3 % de son budget, soit près de 150 000 $.  « Je ne serais plus membre d’une association qui ne défend pas des villes comme la nôtre, qui ne portes pas nos revendications et qui cautionnent des coupures semblables dans nos budgets », déclare-t-il. Il déplore d’ailleurs l’insensibilité de ce pacte municipal pour les villes en région. « M. Coderre et Labeaume ont l’air content, mais c’est qu’ils sont des maires de villes riches et qu’ils avaient déjà tout dédoublés les services dans leur municipalité », ajoute M. Gagnon.

Celui qui est président du CLD de la MRC de Charlevoix-Est affirme que c’est un « jour triste pour les régions. « L’abolition des CLD, ça signifie 450 000 $ de moins chez nous pour le développement économique. Ici, le CLD, il était partout et de tous les dossiers. Avec le budget qui reste, nous ne pourrons pas garder toutes les ressources et Dieu sait que nous en avons besoins. »

(Avec la collaboration de Brigitte Lavoie)

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