La Mi-Carême de Caméramage au Musée de Charlevoix: son, image et mémoire tissés serré

Par Emelie Bernier 13 janvier 2014
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Le collectif Caméramage bouleverse les habitudes du Musée de Charlevoix en y posant son exposition La Mi-Carême, installation étonnante et polymorphe où s’unissent la vidéo, le son, la peinture, la sculpture, la performance et la sociologie, puisant à une source fondamentale,  la mémoire.


4 univers créatifs ont convergé pour donner forme à cet objet hétéroclite, soit ceux des sonorisateurs Simone d’Ambrosio et Raphaël Néron-Baribeau, du cinéaste René Journault et de l’artiste peintre et sculpteur Jimmy Perron, originaire de l’Isle-aux-Coudres.  «L’idée a germé en 2010, quand on a souligné l’anniversaire du décès de Pierre Perrault. Ça faisait un bout que j’avais envie de revisiter la pêche aux marsouins en faisant une installation « artistiquement présentable ». On est allé planté des harts en canot à glace dans l’anse de la pointe de l’islet, avec des masques de mi-carême et ça a donné quelque chose d’intéressant, qu’on a aussi repris pour les 50 ans de Pour la suite du monde», se remémore M. Perron.


C’est à cette seconde occasion que Jimmy Perron fait la connaissance de Simone d’Ambrosio qui propose de pousser plus loin l’aventure. «Ça été la genèse de cette exposition que je considère, sans prétention,  comme un concept novateur qui réunit des médiums non conventionnels », explique Jimmy Perron.  

Cet été, le collectif a récolté une bonne partie du matériel de base de l’exposition en renouvelant l’expérience visuellement impressionnante du plantage de harts dans l’anse de la Roche à Caya, cette fois en agrémentant la performance d’une ambiance électro-acoustique, et en filmant l’opération sous tous ses angles.   Des entrevues avec José Dufour, représentant la relève, Donald Dufour, «mémoire vivante de l’Isle » et archiviste méticuleux, et Marie-Louise Dufour, qui raconte sa propre histoire intimement liée à celle de l’Isle, ont été intégrées aux projections et complémentent le propos.


Des démarches soutenues ont permis au collectif d’obtenir une bourse du Conseil des arts du Canada, dans le volet Inter-Arts, ce qui n’est pas anodin aux yeux de M. D’Ambrosio. « Notre volonté était de mélanger les dimensions tout en gardant un lien entre l’art pictural, la vidéo et l’électro acoustique. Les trois filons sont l’authenticité, l’histoire et le futur», dit-il.


S’ils ont travaillé chacun de leur côté, la mise en commun des parties a été à la fois intense et réjouissante. « Il y a eu peu d’intervention dans les champs d’action de l’un et l’autre, nous avons eu beaucoup de liberté. Après une semaine de mise en commun, je suis bouche bée devant le résultat. C’est un objet qui n’a pas réussi à définir, mais ça se tient. On a laissé parler le talent de chacun et c’est cohérent», constate Jimmy Perron.

L’exposition se veut immersive, avec ses multiples projecteurs et amplificateurs, ses surfaces de projection, dont quelques tableaux texturés signés par Perron, et sa pêche à fascine allégorique. Elle est en place jusqu’au 23 mars au Musée, mais ses créateurs l’imaginent déjà sur les routes. « Je souhaite que le projet conserve une base insulaire, mais il va évoluer, prendre de l’ampleur, se métamorphoser pour s’adapter à d’autres lieux. Je le vois ailleurs », conclut Jimmy Perron.

 


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