Paul Desmarais est décédé, Charlevoix est en deuil

9 octobre 2013
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Charlevoix est en deuil avec le décès de M. Desmarais, son plus illustre citoyen, qui laisse dans son sillage reconnaissance et respect.

Au fil des ans, M. Desmarais et sa famille ont développé des relations privilégiées avec certains Charlevoisiens, dont le Dr Jean-Luc Dupuis. Franco-Ontarien d’origine, M. Desmarais est l’homme derrière le succès financier de l’entreprise Power Corporation dont le siège social est à Montréal. Une entreprise qui possède notamment le Groupe Investor ainsi que la filiale Gesca, qui compte sept journaux dont La Presse et Le Soleil.

La fortune personnelle de M. Desmarais est évaluée à environ 4,5 milliards $. Depuis l’annonce de son décès, les messages de sympathie ont fusé de partout, ainsi que dans Charlevoix où l’homme est un mécène apprécié et un employeur important puisque plus de 130 personnes travaillent au Domaine Laforest de Sagard en haute saison. Parmi ses proches, il laisse dans le deuil sa femme Jacqueline ainsi que ses enfants Paul, André, Louise et Sophie.

Réactions

« C’était un grand citoyen. Le Canada, le Québec et Charlevoix perdent un grand homme », résume l’ancien maire de Saint-Siméon, Pierre Asselin, qui a travaillé au domaine de Sagard il y a plus de trente ans à titre d’entrepreneur. « J’ai plusieurs anecdotes, mais tu comprendras que je les garde pour moi », avertit l’homme d’affaires à la retraite, démontrant une pudeur que partage l’ensemble des charlevoisiens qui ont côtoyé le fondateur de l’empire Power Corporation.

« Je l’ai connu quand j’ai fait de la construction pour lui, à son arrivée dans la région », relate M. Asselin. « C’était un homme généreux et facile d’approche. Il s’informait toujours de mon travail, de ma famille, comment j’organisais ma vie. C’était un peu comme un père », se souvient M. Asselin qui constatera les bienfaits de la présence de ce citoyen mécène sur le territoire dans le cadre de ses fonctions de maire et de préfet.

Il y a quatre ans, Sylvie Foster a travaillé pour la famille Desmarais. Depuis l’annonce du décès de « Monsieur », elle avoue avoir plusieurs souvenirs qui lui reviennent en tête. « Ma belle mère travaillait pour lui à l’époque et elle était veuve. À un moment, elle avait fait faire des travaux sur sa maison. M. Desmarais avait pris la peine de venir voir chez elle si tout allait bien, si les travaux se passaient bien », évoque-t-elle, se souvenant que l’homme avait à cœur l’éducation. « Le décrochage scolaire, il avait de la misère avec ça. C’était un chic type. Son départ nous affecte tous », témoigne-t-elle.

Le mécène

La gratitude des Charlevoisiens à l’égard de Paul Desmarais et de sa famille prend notamment sa source dans les différentes causes locales épousées par l’homme d’affaires. Depuis plus de 20 ans, la contribution de la famille Desmarais se compte en millions de dollars dans la région.

La mairesse de La Malbaie, Lise Lapointe, souligne les contributions de l’homme au domaine des arts et en santé. Une générosité que la mairesse interprète par « l’attachement sincère pour la région » de la famille Desmarais.

Pour la Fondation de l’hôpital de La Malbaie et sa directrice Ginette Lapointe, M. Desmarais « est un grand philanthrope. C’est notre donateur majeur. Ces dons ici ont eu un impact direct sur la clientèle. L’hôpital n’aurait pas la même image aujourd’hui sans l’engagement de la famille Desmarais. » Un engagement évalué « à plus de 2 millions $ au fil des ans ».

Au Musée de Charlevoix, spécialisé en art populaire, le président Raymond Lavoie explique que 20 % du budget annuel de l’institution provient des coups de pouce récurrents donnés par la célèbre famille, notamment par l’entremise de l’Omnium de golf Jackie Desmarais qui célèbrera ses 25 ans l’été prochain. « M. Desmarais n’était pas un sauveur », précise le chef d’orchestre de cet événement, Paul-Henri Jean. « Il n’était jamais en aval d’un projet. Il fallait faire notre bout de chemin et lui prouver que notre dossier ou notre projet était bien monté, que nous étions allés chercher d’autres ressources que la sienne. » Ce dernier constate d’ailleurs que les Desmarais « sont d’une classe à part. Ils sont généreux, proches des gens et travaillent avec la collectivité ».

Le mécène au tempérament « discret et réservé » a aussi fait la différence au Domaine Forget de Saint-Irénée. Là bas, l’engagement est aussi « de longue date », soit dès les premiers pas du rêve du fondateur Françoys Bernier, il y a plus de 30 ans. « M. et Mme Desmarais en ont fait la promotion et sont associés à plusieurs projets d’infrastructures, dont la salle de concert et le pavillon Joseph Rouleau. Leur présence et leur support s’inscrit aussi dans la continuité de leur engagement à aider les jeunes artistes en début de carrière avec le fond de bourse Paul et Jacqueline Desmarais », précise le président Louis Bhérer, assurant que leur engagement « a contribué à faire du domaine ce qu’il est devenue aujourd’hui. »

Et alors que l’Aéroport de la MRC de Charlevoix-Est témoigne elle aussi de l’intérêt de M. Desmarais, une jolie chapelle jaune trône au cœur de la localité de Sagard. Restaurée en 2005 grâce à l’attention de « Monsieur Paul » et de son épouse, le lieu de culte n’aura jamais dévoilé le coût du geste. Le diacre de l’époque, Camil Savard, affirmait alors « ne pas trop le savoir » et que « dans le fond, ce n’est pas important » puisque c’était « un geste du cœur avant toute chose. C’est une belle histoire d’amour d’une petite communauté. » 

C’est d’ailleurs ce que retiennent ceux qui ont bénéficié de la générosité de cette famille. « C’est une personne très généreuse. Il nous a donné beaucoup », souligne le citoyen Jean-Guy Harvey. « On peut penser que Charlevoix ne serait pas tout à fait pareil si ce personnage important n’y était pas venu », conclue Paul-Henri Jean.

 

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