Réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires: Des entreprises d’ici concernées

Par Emelie Bernier 18 avril 2013
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La volonté du gouvernement Harper de réviser en profondeur le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) inquiète certains propriétaires d’entreprises qui y ont régulièrement recours, principalement dans le secteur agricole.

 

Le gouvernement conservateur, dans la foulée de sa réforme de l’assurance-emploi, souhaite que les employeurs tentent d’abord davantage d’enrôler des travailleurs du pays, avant de se tourner vers la main-d’œuvre étrangère. Certains abus, notamment ceux de la Banque Royale, ont mené le gouvernement à cette réforme du PTET dont on ne connaît pas encore tous les tenants et aboutissants.

 

Valérie Leblond, du Jardin des Chefs aux Éboulements, est soucieuse. Elle attend quatre travailleurs guatémaltèques d’ici quelques semaines, à temps pour le démarrage des travaux aux champs. La situation actuelle ne la rassure pas. «La plupart des Québécois ne veulent pas d’un travail saisonnier, qui plus est dans le domaine agricole où le travail est harassant », explique-t-elle. Cette année sera la troisième où elle fera appel aux travailleurs guatémaltèques. Un de ceux-ci sera de retour pour la troisième année consécutive. «Il est mon bras droit de chantier, je l’ai formé.  Le fait qu’il ne puisse travailler en tout que 48 mois n’est pas bon pour mon entreprise », ajoute-t-elle.

 

Des travailleurs guatémaltèques, elle souligne l’endurance au travail. «Ils sont depuis toujours dans les champs, ça ne leur fait pas peur d’être accroupi 10 heures par jour à cueillir dans un champ au soleil. Je mets au défi M. Harper de les suivre. Il ne durera pas 15 minutes! », lance-t-elle. Elle réfute les allégations souvent entendues de « cheap labor ». « Quand on calcule tout, les billets d’avion, la partie du logement défrayée par l’employeur, le salaire, c’est bien au-delà du salaire minimum. Je les engage pour leur compétence, pas pour économiser sur la main-d’œuvre», argue-t-elle. Le fait que ses travailleurs, qu’elle traite avec beaucoup de respect et considère comme des amis, retournent au pays et soient capables de vivre dignement est un plus. « Chacun a acheté une maison pour sa famille et une terre pour cultiver. Le sacrifice qu’ils font en ne voyant pas leurs femmes et leurs enfants est important », résume-t-elle. Pour l’instant, elle ignore si ses employés pourront avoir leur visa. « Je suis en « stand-by », j’ai hâte que ça se règle. S’ils ne viennent pas, j’ai un gros défi », soupire-t-elle. La maison où ils doivent résider est déjà louée. Et les employés potentiels ne se bousculent pas au portillon.

 

Au Fairmont Le Manoir Richelieu, les travailleurs mexicains arriveront sous peu.  Jean Ribef, directeur aux ressources humaines, trouve « logique et sain» le resserrement promis par Stephen Harper. « Notre stratégie, c’est de combler les postes régionalement. Je pense que dans l’hôtellerie, ce n’est pas un problème. Pour cet été, les visas de nos travailleurs étrangers sont émis, mais si je devais combler des postes d’ici leur arrivée, je choisirais les travailleurs d’ici », explique-t-il.

En 2012, le Canada a reçu plus de 213 500 travailleurs étrangers, dont 35 600 au Québec.

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