Le jardinier des Chefs tire sa révérence

Par Emelie Bernier 11 septembre 2012
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Jean-Luc Boulay, Jean Soulard, Daniel Vézina, Stéphane Modat, Christian Levesque, Mathieu Saulnier, Serge Jost… Le gotha de la gastronomie québécoise contemporaine avait répondu à l’invitation de Jean LeBlond dimanche pour saluer comme il se doit le départ à la retraite de leur jardinier et ami.

Rien  ne destinait  Jean Leblond, issu du milieu de la culture et des communications, à une carrière de maraîcher. En faisant l’acquisition d’un fécond lopin de terre dans Charlevoix dans les années 1970, l’homme, alors réalisateur à Radio-Canada, mettait le pied dans un engrenage de bonheur. « Très vite, les chefs avec qui j’avais travaillé sur une émission de gastronomie m’ont demandé de faire pousser tel ou tel légume introuvable sur le marché. Bientôt, je n’ai plus eu le temps de faire autre chose », rigole le septuagénaire. C’est à lui qu’on doit, notamment, l’arrivée sur les tables de la pomme de terre bleue et de la betterave jaune ! Les minilégumes, le mesclun « personnalisé », les crosnes du Japon, les artichauts de Jérusalem, les sucrines, les fleurs comestibles, le piment basque… À travers mil essais et erreurs, il a su fournir une matière première d’exception à ses amis chefs.

Pour souligner ce parcours et cette audace, une soixantaine de chefs de renom, de nombreux producteurs et collaborateurs de longue date ainsi que plusieurs amis et membres de la famille ont convergé vers Les Éboulements centre où les attendait une fête champêtre sous le signe de la reconnaissance, de l’abondance et de la bonne humeur. À la table d’honneur, Jean-Michel Breton, retraité prématuré (pour des raisons de santé) des cuisines du Fairmont Le Manoir Richelieu«  L’esprit de la fête, c’est aussi de reconnaître la participation intense de Jean-Michel Breton à la Route des saveurs, à la solidarité entre les restaurateurs et les producteurs », explique Jean LeBlond.

 

À l’heure de passer le flambeau à sa fille Valérie, il tenait à saluer ses collaborateurs de longue date. «Je voulais dire merci à tous ces collègues, à tous ceux qui m’ont rendu heureux dans mes jardins! Ma reconnaissance va  à tous les chefs qui encouragent les petits producteurs», poursuit M. LeBlond.  

 

 

«Jean Leblond, c’est un pionnier ! Il a mis les producteurs sur la carte. Sa grande force, c’est d’avoir su s’adapter à la cuisine des chefs avec des produits exclusifs. C’est ce qu’on cherche », louange Patrick Turcot, successeur de Chef Breton. Au-delà des légumes et autres feuillages, la complicité est appréciée de tous. «On parle de qualité de produits, de prix, mais on oublie souvent le service et c’est ce qui fait la différence ! En ayant Valérie qui reprend le flambeau, on sait que le lien de confiance va rester! » constate-t-il.

 

Pour M. Turcot, l’événement de dimanche est à marquer d’une pierre blanche. « Je ne pense pas que ce soit arrivé souvent que des événements aient regroupé autant de chefs et de chefs exécutifs. Ça nous a ralliés, permis de partager nos passions. La connexion était là ! Ça donne envie de faire ça chaque année…même si c’est un travail colossal », de conclure en riant M. Turcot.

 

Les 50 ans de mariage de M. Leblond avec son épouse Catherine était au nombre des prétextes à la fête qui a réuni pas moins de 250 convives.

 

« J’ai l’impression de tirer ma révérence un peu comme un impresario qui aurait  passé sa vie à mettre en scène des produits, des événements, des hommes !  Le mot-clé de la fête, c’est la reconnaissance, en premier lieu envers ma fille Valérie qui me permet de rester sur ma terre en prenant le relais. Et… c’était un maudit beau party ! » conclut Jean LeBlond, un large sourire égayant son visage de « jeune » retraité…

 

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