50 ans de Pour la suite du monde: Mémoires vives et vastes émotions

Par Emelie Bernier 30 août 2012
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Il y a 50 ans, lorsque Michel Brault, Pierre Perrault et consorts, tombés sous le charme de l’Isle-aux-Coudres et de ses habitants, ont partagé leur émoi avec le reste du monde, ils n’auraient jamais pu prévoir que leur film, Pour la suite du monde, influerait à ce point sur la cinématographie canadienne, voire mondiale. Un demi-siècle plus tard, c’est avec émotion que l’isle s’est souvenue du passage des « messieurs de Radio-Canada… »

 

Werner Nold,  Marcel Carrière, Michel Brault, Fernand Dansereau, Yolande Simard, épouse de Pierre Perrault…  Il y avait « du phénomène au pied carré » (dixit Anie Harvey) en cette fin de semaine de festivités vaillamment préparée par des descendants des personnages et amoureux du film produit en fait par l’Office National du Film.

Pour Anie Harvey, du comité organisateur, à la fois petite-fille de Grand Louis et admiratrice inconditionnelle de l’oeuvre, on ne pouvait passer à côté de cet anniversaire. «J’ai eu le frisson pendant 72 heures! C’était très intense! On voulait célébrer ceux qui ont mis en images et en paroles notre isle, tant les cinéastes et les acteurs. Le thème, c’était Pour la suite du monde… la suite! Et on sent qu’il y a un vent nouveau, une belle relève. Le Planteur de harts est symbolique! Il nous fait dire: «on va se planter les pieds, on a une vision! On va la faire, la suite du monde!», de dire Anie Harvey. Personne ne s’est fait prié pour revenir sur l’Isle-aux-Coudres, une île qui n’est plus celle d’hier, mais qui fascine encore. 

La mi-carême a été recréée pour l’occasion. Au centre, on aperçoit Anie Harvey, digne héritière de Grand-Louis.

 

« On est fier d’avoir contribué à ce film, au nom des gens de l’isle », commente Michel Brault, coréalisateur et vénérable figure de la cinématographie. « J’ai découvert ici un aspect de mon pays que je savais que mes compatriotes ne connaissaient pas. Le moteur qui m’a animé, c’était de faire connaître des gens comme Grand Louis, Alexis… Nous avons eu besoin de faire un film qui témoigne de leur grandeur », se remémore M. Brault.

Selon lui, la réussite du film tient, outre à ses personnages, à la manière dont il a été fait… et à une part de chance, aussi. «Il fallait prendre le marsouin, d’abord,  et il fallait que le film soit bien fait. On a fait attention de penser au spectateur, de faire un film accessible. Personnellement, je fonctionnais à l’instinct», résume celui que plusieurs considèrent comme un des pères du cinéma direct.

 

La programmation de la fin de semaine a attiré une foule de curieux, insulaires et « du continent », dont une équipe de tournage de Télé-Québec laissant présager une autre « suite du monde ».

 

Vendredi, la projection du film suivie d’une généreuse boîte à chanson a ouvert les festivités. Samedi, l’exposition dans la grange d’Alexis Tremblay fils de Marie et Alexis a été l’occasion de se souvenir de l’époque qui a donné naissance au film.

Les anecdotes entourant le tournage et la vigueur du legs de Pour la suite du monde ont été à l’honneur lors d’une soirée gala tout aussi courue samedi. Le talent du conteur Simon Gauthier, de la danseuse Gabrielle Desgagnés et de plusieurs autres marsouins et marsouins adoptifs ont été mis à contribution pour ce spectacle à la fois intimiste et à grand déploiement. «C’est au-delà de mon savoir, au-delà de nos espérances On veut faire quelque chose annuellement… Qu’est ce que ce sera? On le sait pas encore!», de conclure Anie Harvey, épuisée, mais ravie à l’issue des fêtes.

Les Arthur à Noël ont offert une prestation en prélude au spectacle de Nicolas Pellerin et ses Grands Hurleurs.

 

Dans la grange du sympathique Alexis Tremblay, une exposition réunit une panoplie de souvenirs et d’artefacts liés au film. On peut la visiter jusqu’à la fin septembre.

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