Le territoire de Charlevoix-Est est « très riche » en bâtiments agricoles patrimoniaux, selon la firme Patri-Arch qui en a réalisé l’inventaire. Un constat auquel s’ajoutent plusieurs recommandations en faveur de la conservation et de la mise en valeur.
300 bâtiments, construits pour la majorité avant 1950, ont été répertoriés plus tôt cette année sur le territoire de la MRC de Charlevoix-Est. De ce nombre, 55 ont été jugés d’intérêt supérieur et font l’objet d’une analyse plus poussée. La firme Patri-Arch s’est ainsi attardée aux caractéristiques architecturales et historiques de ces bâtiments et à leurs particularités locales. 35 personnes, dont plusieurs propriétaires et des intervenants politiques et culturels locaux, ont assisté le 7 décembre dernier à la présentation des résultats.
Martin Dubois, consultant en patrimoine de la firme Patri-Arche, constate que la région est « très riche » en bâtiments agricoles patrimoniaux. « Chaque région a sa particularité et des éléments bâtis particuliers, et Charlevoix-Est est bien représenté. En plus ici, les paysages donnent une valeur ajoutée à ces bâtiments » résume-t-il. Si, « en général les bâtiments ont bien passé le temps », M. Dubois y va tout de même de recommandations pour leur conservation et leur protection. Il recommande également de poursuivre l’acquisition de connaissances, qui se retrouvent beaucoup dans les traditions orales, et de sensibiliser la population à l’importance de ce patrimoine bâti. Les propriétaires ont également besoin d’être accompagnés dans la mise en valeur des bâtiments d’intérêt et le patrimoine agricole devrait être pris en compte dans la mise en valeur des paysages.
Réalisé au coût de 20 000 $ dans le cadre de l’Entente de développement culturel, cet inventaire représente un outil de réflexion pour les intervenants culturels et politiques locaux. « Selon la volonté des propriétaires, nous allons voir l’intérêt à poursuivre la démarche et de prioriser des actions », précise l’agente culturelle Catherine Gagnon. Les fiches de l’inventaire peuvent notamment être consultées en ligne au www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca sous l’onglet Patrimoine immobilier.
Pour sa part, la MRC de Charlevoix est également à inventorier son patrimoine bâti agricole avec la firme Patri-Arch. Des 518 bâtiments retenus lors du préinventaire, une soixantaine font l’objet d’un inventaire plus précis. Les résultats seront présentés au printemps 2012.
Préserver, mais encore…
L’argent est souvent le nerf de la guerre dans la conservation des bâtiments agricoles à valeur patrimoniale. Il y a pourtant « urgence d’agir » selon le consultant en patrimoine de la firme Patri-Arch, Martin Dubois : « Il y a toujours urgence d’agir parce que si on laisse ces bâtiments à l’abandon, ils vont s’écrouler d’eux-mêmes. » M. Dubois constate cependant, à la lumière des observations contenues dans l’inventaire des bâtiments agricoles patrimoniaux, qu’il « y a un bon momentum ». Et « ça coûte moins cher d’entretenir ces vieux bâtiments à mesure que de les laisser aller et de les réparer dans quelques années ». M. Dubois précisait également, à l’intention des particuliers et des producteurs agricoles, que « la meilleure façon de conserver le patrimoine est parfois de donner une autre fonction à un bâtiment qui ne convient plus à un usage agricole ».
Programme du MAPAQ
La présentation de l’inventaire des bâtiments agricoles le 7 décembre dernier a également été l’occasion pour le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) de présenter son Programme d’appui à la multifonctionnalité agricole. En place jusqu’en mars 2015, ce programme profite d’une enveloppe de 750 000 $ pour la région de la Capitale-Nationale et s’adresse notamment aux entreprises agricoles ayant moins de 150 000 $ de revenus. « C’est une opportunité pour révéler les paysages et réinventer l’intervention en milieu agricole », a notamment souligné le représentant du MAPAQ, Jean Noreau, qui invite les producteurs à s’informer.
« Nous avons de beaux bâtiments, il faut les conserver, mais quelle aide financière avons-nous? », a pour sa part questionné un particulier, propriétaire d’un bâtiment patrimonial. L’agente de développement culturel au CLD de la MRC de Charlevoix-Est, Catherine Gagnon, a tenu à préciser qu’il « existe d’autres pistes de solutions », notamment auprès du Fonds du patrimoine qui s’adresse aux bâtiments classifiés. Les agentes de développement culturel, Catherine Gagnon et Céline Lapointe, invitent d’ailleurs les propriétaires à leur faire part de « leurs commentaires et suggestions afin de déterminer quelles actions nous pourrions mettre en œuvre à l’échelle des moyens que nous avons ».
