Conférence de Jasmin Roy: pour en finir avec l’intimidation

Par Emelie Bernier 10 mai 2011
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Enfant, Jasmin Roy était différent, mais vivait plutôt bien avec cette différence : un léger handicap physique, une propension à se tenir davantage avec des filles, des parents « granos »… Un déménagement de la ville à la campagne sera pour lui le début d’une descente aux enfers. L’intimidation venait de faire son entrée, fracassante, dans sa vie.

 

« Ma vie a basculé.» Jasmin Roy a raconté son calvaire à près de 550 jeunes des écoles secondaires de la région. 150 personnes ont aussi assisté à la conférence qu’il a présentée au Domaine Forget la semaine dernière. Plusieurs se sont reconnus dans ses propos. «C’est ce qui me touche le plus, les gens qui témoignent. Parfois, ce sont des adultes qui ont encore des souvenirs douloureux, mais qui n’en ont jamais parlé. Énormément de jeunes aussi», explique-t-il.

 

C’est en avril dernier que Jasmin Roy a publié Osti de fif. Le livre incluait déjà des témoignages de jeunes, victimes comme lui d’homophobie et d’intimidation. Il ne s’attendait pas à ouvrir ainsi une boîte de Pandore. « Moi, je ne pensais qu’à sortir un livre, mais ça a fait boule de neige. Chantal Longpré, présidente de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), est entrée en contact avec moi. Les directeurs d’école reconnaissaient le problème. Il fallait que je fasse quelque chose.»

L’idée de

la fondation Jasmin Roy

germe rapidement. «Suite au lancement de la fondation, ça a éclaté : des victimes, des parents de victimes, il y a tellement de monde qui m’a écrit! » Sur le site (wwwfondationjasminroy.com), on découvre des témoignages bouleversants. « Ce sont des capsules de quatre minutes. Ce qu’on voit,  c’est très difficile, mais ça aurait pu l’être plus », commente M. Roy. «L’objectif de la Fondation est simple, on veut qu’il y ait quelqu’un dans l’école en permanence affecté uniquement  à la problématique, quelqu’un qui crée un lien de confiance, qui est facilement identifiable et qui a du temps pour mobiliser les ressources et pour agir! Ce qu’on demande pour commencer, c’est une journée par semaine. Ça représente 10 000 $ par an par école », estime-t-il.

 

Pour faire valoir son point, il se base sur son vécu, mais aussi sur celui des jeunes qui lui font quotidiennement parvenir leurs histoires horribles. « Comme eux, j’aurais voulu trouver du support, de l’aide, de

la protection. Moi

, je ne peux pas attendre. Les jeunes qui souffrent se multiplient. Je me donne 10 ans pour parvenir à outiller les écoles, regardez-moi aller! Je vais peut-être aller plus vite que les gouvernements», dit celui que le théâtre, ainsi qu’une longue psychanalyse plusieurs années plus tard, ont sauvé du gouffre. Un projet-pilote subventionné par les Caisses Desjardins débutera cet automne, à la grande satisfaction de M. Roy.

 

(ndlr : Ne manquez pas notre dossier sur l’intimidation la semaine prochaine. Si vous avez vécu ou si vous vivez de l’intimidation, vous pouvez nous faire parvenir votre témoignage à emelieb@hebdocharlevoisien.ca. Des extraits pourront être publiés sous le couvert de l’anonymat afin de bonifier notre dossier.)

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