Le travail au noir dénoncé par l’Agence pour vivre chez soi
Selon Pierre Tremblay, directeur de l’entreprise d’économie sociale l’Agence pour vivre chez soi, le travail au noir revient en force dans les services de soutien à domicile.
Au Québec, les entreprises d’économie sociale en aide domestique (EÉSAD) donnent pour 5,5 millions d’heures de service auprès des personnes en perte d’autonomie à domicile. Or ces chiffres stagnent depuis 2004, bien que les besoins de notre population vieillissante explosent. L’explication est simple : le travail au noir trouve preneur en la matière.
«Le plus surprenant, c’est que le ministère de la Santé et des Services sociaux demeure lui-même un acheteur de services au noir. Oh! bien sûr, ce n’est pas directement ! En fait, le CLSC donne de l’argent aux clients du soutien à domicile pour que quelqu’un, généralement au noir, leur donne les services requis. On appelle cela, en jargon administratif, l’autogestion», dénonce à grands cris M. Tremblay.
Ce dernier ne lance pas la pierre pour autant au CLSC. Ce dernier a augmenté ses heures de service achetées auprès de l’Agence de près de 14 000 heures en cinq ans. L’Agence pour vivre chez soi a vu son nombre d’heures passer de 103 000 en 2003-2004 à 97 000 en 2009-2010, mais près des deux tiers (65 000) de ces heures proviennent des demandes du CLSC.
«Il faut même féliciter l’engagement de son personnel. L’attaque est davantage portée aux décideurs et aux politiciens. Le problème est qu’il se dépense une quantité incroyable d’argent pour soigner des images, pour donner l’impression que l’on fait quelque chose alors qu’on ne fait rien pour le soutien à domicile. Nous sommes d’ailleurs certains que devant cette dénonciation, ces gens n’en prendront nullement la responsabilité», continue M. Tremblay.
M. Tremblay en a gros sur le cœur. Il critique vertement le gouvernement de Jean Charest. «Ce gouvernement annonce des coupures, il y a fort à parier que nous continuerons d’attirer son attention pour cette belle initiative. Parions aussi que l’argent sera réalloué pour défendre les mêmes priorités ineptes et sans vision», dit-il.
