Un manque de transparence de la CITQ dénoncé

Par Jean-Sébastien Tremblay 6:16 PM - 27 mai 2018
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Alors que le nombre de résidences de tourisme explose dans Charlevoix, Michel Voyer et Anne-Marie Blouin, propriétaires de l’une d’entre elles à Petite-Rivière-Saint-François, dénoncent un manque de transparence de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), responsable de la classification des établissements d’hébergement. Dans les derniers mois, plus de 1400 exploitants ont appuyé sa démarche, laquelle demeure lettre morte pour l’instant.
« Je suis propriétaire d’une résidence cotée 4 étoiles depuis 14 ans. Ce nombre d’étoile est attribué par la CITQ. Lorsque ses représentants viennent faire l’évaluation d’un lieu d’hébergement, ils remplissent une grille d’évaluation sur un ordinateur portable, qui couvre plus de 111 critères. Or, il est impossible pour nous d’obtenir la grille d’analyse remplie pour notre résidence lors de l’évaluation. Nous obtenons seulement le nombre d’étoiles, de 1 à 5, à la fin du processus, sans aucune explication », explique M. Voyer.
Les critères sont communiqués à l’avance et à la demande aux exploitants, dans le guide 2015. Ce dernier couvre tous les aspects d’un lieu hébergement touristique. Néanmoins, environ 30 % d’entre eux sont subjectifs. Ils qualifient l’état d’usure des lieux, des meubles, de la peinture, etc.
«Par exemple, je ne sais si mon plancher, mes rideaux, mes meubles sont considérés impeccables, satisfaisants ou faibles selon la CITQ. Oublions la question des étoiles. Avoir accès à la grille d’analyse pour ma résidence me permettrait d’améliorer mon produit », avance M. Voyer.
Il ajoute que le service de scénarisation, au coût de 230$, par lequel l’organisme émet certaines suggestions pour améliorer un produit d’hébergement en échange de rétribution, ne répond pas aux besoins.
Ce dernier a effectué de nombreuses démarches à l’automne 2017 auprès de l’organisme pour avoir accès à son dossier, mais sans succès. Il rappelle que la CITQ est un OSBL mandaté par Tourisme Québec [nom donné au ministère du Tourisme] afin de mettre en application le programme de classification des hébergements touristiques visés par la loi provinciale en la matière et par son règlement.
« Nous ne comprenons pas que l’on puisse avoir accès à nos dossiers chez le médecin, chez le dentiste, chez Revenu Québec, etc., et que la CITQ nous refuse le nôtre », déclare-t-il.
Suite au refus qu’il a essuyé, il a sollicité l’appui des autres propriétaires de résidences touristiques dans ces démarches par l’envoi d’un courriel. Au début de l’année 2018, plus de 1400 exploitants lui avaient manifesté leur appui. « Ça a fait boule de neige. Des gens de six régions du Québec m’ont répondu », affirme-t-il.
Fort de ses appuis, il s’adresse alors aux fonctionnaires de Tourisme Québec, qui octroie le mandat à la CITQ. Bien qu’au départ, il sent une oreille attentive dans la part de ses interlocuteurs, ceux-ci endossent la politique de la CITQ.
« La prochaine étape, c’est de porter la cause devant la Commission d’accès à l’information du Québec », affirme-t-il. Par contre, il est bien conscient que ces démarches peuvent être longues et coûteuses. Pour l’instant, il compte utiliser tout autre circuit et souhaite que sa sortie dans les médias fasse avancer sa cause.
« Il y a de plus en plus de résidences de tourisme de Charlevoix. Si nous voulons nous distinguer, il faut améliorer constamment notre produit. La CITQ possède de l’information pour nous permettre cela. Nous payons 297$ par an. Il est légitime d’y avoir accès », conclut-il.
La province compte environ 5 400 résidences touristiques. L’évolution des attestations au Québec 2004-2018 indique une augmentation de 4218 résidences touristiques et une diminution de 1086 hôtels et gites.
Le Charlevoisien a effectué des demandes d’entrevues auprès de Tourisme Québec et de la CITQ. Dans les deux cas, il n’a pas été possible d’obtenir leurs réactions.

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