Déficit zéro au PLQ: «des décisions difficiles, ça implique des sacrifices»

Par Patrice Bergeron, La Presse Canadienne 7:00 PM - 25 mai 2024
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Le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a dit que le gouvernement Couillard, dont il a fait partie, sera jugé favorablement par l’Histoire. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Les libéraux ont rendu un long hommage à leur ancien chef et premier ministre Philippe Couillard, samedi à Bromont, tout en renouant avec un de ses engagements: rétablir l’équilibre budgétaire.

Dans son premier discours public devant les militants depuis sa défaite et sa retraite de la politique, M. Couillard en a profité pour attaquer les adversaires du PLQ, qui selon lui victimisent les Québécois.

«Quand on se présente comme victime, on dit au monde entier qu’on est faible»,  a-t-il lancé, en les accusant d’«agiter des épouvantails», tout en justifiant ses années de rigueur budgétaire. 

«Sans des finances saines, les plus grandes ambitions restent des rêves. (…) C’est pas d’aligner des chiffres, c’est de développer des marges de manoeuvre.»

Tous les anciens chefs libéraux étaient au conseil général du Parti libéral (PLQ) dans un hôtel de Bromont pour saluer leur dernier premier ministre à avoir gouverné, de 2014 à 2018, il y a donc 10 ans cette année, avant d’être battu par la CAQ.

S’il reprend le pouvoir, le parti s’est engagé par résolution samedi à présenter un plan de retour à l’équilibre budgétaire, en reconnaissant qu’il faudra faire des «sacrifices».  

La plupart des anciens ministres de son cabinet ont rendu un hommage à M. Couillard, même l’ancien président français François Hollande a tenu à lui livrer un petit message vidéo, ainsi que d’autres anciens premiers ministres des provinces et l’ex-maire de Québec, Régis Labeaume.

«Un grand premier ministre»

«Plus les années passent, plus les Québécois réalisent qu’il s’est accompli beaucoup plus de choses en quatre ans de gouvernement Couillard qu’en sept ans de la Coalition avenir Québec (CAQ)», a déclaré le président du PLQ, Rafael Primeau-Ferraro.

«Vous avez été un grand premier ministre!», a-t-il lancé sous les applaudissements. 

Le mandat de M. Couillard a été marqué par l’objectif du déficit zéro et des surplus budgétaires, des compressions entre autres en santé et en éducation, que plusieurs ont trouvé difficiles et ont qualifié d’«austérité» en attaquant le gouvernement à l’époque.

«Je sais que ça a été difficile, de voir le traitement qui lui a été réservé», a dit l’ancien attaché de presse de M. Couillard, Harold Fortin, dans son discours, en s’adressant à la conjointe de M. Couillard, Suzanne Pilote.  

«Plus les années vont passer, plus les gens vont reconnaître que son mandat a été extrêmement positif», a assuré son ancien ministre Pierre Arcand dans un témoignage.

«L’Histoire va se charger en temps et lieu de reconnaître, et nous, on le reconnaît déjà, les bienfaits du gouvernement de Philippe Couillard», a affirmé en mêlée de presse samedi matin le chef libéral intérimaire Marc Tanguay, en faisant valoir que le gouvernement Legault est actuellement en train de s’enfoncer avec un déficit de 11 milliards $ sans donner de meilleurs services à la population.

«Courageux»

«Je vous parie que l’Histoire retiendra que Philippe Couillard a été un des premiers ministres les plus courageux de notre Histoire», a déclaré André Pratte, le président de la Commission politique nationale du PLQ.

«Il a eu le courage de rétablir l’ordre dans les finances publiques», a-t-il poursuivi, devant un parterre de militants qui l’ont applaudi.

Un de ses anciens ministres délégués, Stéphane Billette, l’a qualifié de «grand chef d’orchestre», tandis qu’un des survivants de la tuerie de la mosquée de Québec, Boufeldja Benabdallah, a dit que c’était un «chef d’État».

«Je ne pense pas que les Québécois aujourd’hui vont analyser en mal ce que M. Couillard a fait», a soutenu le leader parlementaire libéral, Monsef Derraji. 

«Des sacrifices»

Les militants ont adopté une résolution pour qu’un gouvernement libéral dépose un plan de retour à l’équilibre budgétaire dès la première année de son éventuel mandat en 2026. 

Pour revenir à l’équilibre budgétaire, un futur gouvernement libéral sera prêt à imposer des sacrifices.

«Les décisions difficiles, ça implique nécessairement des sacrifices», a déclaré le député libéral André Fortin, en mêlée de presse.

«Les décisions difficiles que Philippe Couillard a prises, ce ne sont pas tous les premiers ministres qui auraient osé les prendre, alors moi, je lève mon chapeau», a-t-il dit, lui qui a été ministre du gouvernement Couillard.

Aucun programme éternel

«On va être capable de résorber le déficit», a assuré le député Frédéric Beauchemin, candidat pressenti à la direction du parti.

Y aura-t-il des compressions? «Non», a-t-il répondu.

«Je ne pense pas qu’il n’y a aucun programme de l’État qui devrait être éternel, c’est sûr et certain. Donc, comme on a déjà dit, on doit revisiter certains programmes.»

Le PLQ prévient-il les électeurs qu’ils vivront le même film qu’entre 2014 et 2018, des compressions et des gels de budget pour rétablir les finances publiques? 

«Non, il n’y a pas de même film, a assuré M. Derraji. Les Québécois veulent qu’on gère bien les finances publiques.»

Fortin vante Milliard

Dans la course à la direction qui se dessine au PLQ, le député André Fortin a vanté la candidature du président de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FFCQ), Charles Milliard, qu’un groupe de militants presse de se présenter.

«Charles Milliard serait un très bon candidat, je regarde son profil économique, on a toujours été, à la base un parti économique», a dit M. Fortin

Un groupe de jeunes militants a fait une sortie publique pour l’appuyer samedi matin.

«Aujourd’hui, on espère qu’il débute une réflexion, on pense que c’est la bonne personne», a plaidé le vice-président externe de la commission jeunesse du PLQ, Nicolas Proulx.

Environ 450 militants prennent part à ce conseil général et la participation aurait pu être encore plus élevée, assure-t-on: il a fallu fermer les inscriptions en raison du manque de places.

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