Enquête publique : deux enquêteurs de la CNESST témoignent

Par Dave Kidd 12:45 PM - 30 avril 2024
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François Lachance et Caroline Pelchat de la Commission des normes, de l’équité de la santé et de la sécurité au travail

Caroline Pelchat et François Lachance, les deux inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité de la santé et de la sécurité au travail, qui ont mené l’enquête sur le décès des deux pompiers, ont comme prévu témoigné à l’enquête publique présidée par la coroner Andrée Kronström.

Les enquêteurs ont eu besoin de 10 mois pour recueillir toute l’information pertinente à leur travail. Près de 10 entreprises et regroupements ont été rencontrés. « Il y a avait beaucoup de faits à valider »,  a souligné François Lachance.

Ils ont repris les quatre causes retenues pour expliquer les tragiques événements du 1er mai 2023, de même que les recommandations accompagnant leur rapport d’enquête. 

Dans le témoignage de François Pelchat, on apprend que Saint-Urbain est à refaire son plan municipal de sécurité civile (PMSC). Le plan comprend aussi de la formation pour les employés. « Le PMSC est une analyse des besoins et de ses capacités. Les travailleurs devront aussi être informés », note-t-il. Le dg de la municipalité a confirmé que ce document est sur la voie rapide.

Caroline Pelchat a rappelé que le directeur du service incendie « ne possédait pas le plan alors qu’il a deux rôles à jouer. Il n’y a pas eu d’exercice ni de formation en mesure d’urgence. Il n’y a rien sur les inondations alors qu’elle en subit chaque année. Le centre de coordination n’a pas été ouvert et l’état d’urgence n’a pas été déclaré non plus », a soutenu Caroline Pelchat. En contre-interrogatoire, Me Valérie Savard lui a fait admettre que cette déclaration « n’était pas obligatoire ».

Un guide pour le sauvetage nautique est en élaboration par le ministère de la Sécurité publique. Il découle des recommandations sur le décès d’un pompier survenu à Lachine, a révélé l’inspectrice.

Des tests de flottabilité des habits de combat ont été menés dans le cadre de l’enquête.

La conclusion des tests est qu’un pompier qui porte son habit de combat va couler, peu importe sa position dans l’eau. Un habit porté et lavé plusieurs fois coule plus facilement qu’un neuf, a relaté Caroline Pelchat. « Sortir de l’eau seul, pour grimper sur un zodiac avec ou sans VFI est impossible à moins d’avoir échelle ou corde », note-t-elle aussi.

On savait que les deux pompiers de Saint-Urbain ne portaient pas de veste de flottaison. « Avec ou sans habit de combat, avec ou sans veste de flottaison individuelle, cela n’aurait rien changé compte tenu du débit de la rivière du Gouffre cette journée-là (308 mètres cubes secondes au lieu de 42 habituellement) », a soutenu l’inspectrice. 

Dans le contre-interrogatoire toujours, l’avocate de la municipalité est revenue sur une des conclusions de l’enquête de la CNESST en fonction du fiable nombre de ressources humaines dont dispose Saint-Urbain. « Les lacunes mentionnées se rapportent au manque de visuel lors de l’intervention et de communication claire. Avec un coordonnateur de site, la situation aurait été différente. Avez-vous tenu compte des effectifs? », a demandé Me Savard.

« La Loi sur la santé et sécurité au travail ne tient pas compte des effectifs. D’autres mesures doivent être prises. L’absence de solution n’est pas une manière de se déresponsabiliser. On n’avait pas de planification sur les inondations. Avec un plan on aurait été en mesure de mieux se préparer. C’est plus comment on va répondre à la situation et non les effectifs », a soutenu l’enquêteur Lachance.

La Garde côtière entendue

La 5e journée de l’enquête publique a débuté avec le témoignage de Karyna Lortie, coordonnatrice en recherche et sauvetage au centre de sauvetage de Québec de la Garde côtière canadienne.

Elle a expliqué que la rivière du Gouffre n’est pas sous la juridiction de la Garde côtière. Son unité est néanmoins intervenue.

« L’appel est entré via le 911 à 13h55 pour une assistance pour deux hommes tombés d’un Argo à l’embouchure du fleuve. On a agi comme si c’était sur notre territoire. Trois minutes plus tard, le Centre de trafic maritime lance un Mayday pour demander assistance à d’autres navires qui naviguaient au large de Baie-Saint-Paul. Neuf minutes plus tard, du support aérien est demandé. Un Griffon parti de Bagotville arrive en moins d’une heure sur les lieux. C’est assez rapide. Un navire de 47 pieds de la base de Tadoussac est également dépêché. Un avion Hercule de la Défense est arrivé sur les lieux vers 16h30. Un hélicoptère de la Garde côtière a aussi participé le lendemain », a résumé la coordonnatrice.

Elle a également précisé que « étant donné que ce n’était pas sous notre juridiction, ce n’était pas un cas marin comme on dit dans notre jargon, on a déterminé qu’on assisterait les secouristes, mais qu’on ne prendrait pas la direction des opérations de recherche », a expliqué Karyna Lortie.

L’appel du 911 à la Garde côtière ainsi qu’une conférence téléphonique avec le Centre de gestion des appels de la Sûreté du Québec ont aussi été entendus. Les répartitrices font le point sur les unités en route et celles à venir.  

On apprend aussi que la Garde côtière « a appelé le responsable de la marina de Baie-Saint-Paul, aussi membre de la Garde côtière auxiliaire, qu’on avait dans notre liste téléphonique, mais il n’était plus actif. On savait qu’il était retraité, mais on espérait qu’il pourrait nous aider quand même. L’appel n’a pas porté fruit », a précisé Karyna Lortie en répondant aux questions de l’avocate de la Municipalité de Saint-Urbain.

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