Les lacs de Saint-Aimé se détériorent

Par Jean-Baptiste Levêque 9:34 PM - 16 avril 2024
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Yannick Desmeules et Payse Mailhot, de l’OBV Charlevoix-Montmorency, et la mairesse de Saint-Aimé-des-Lacs, Claire Gagnon, lors de la présentation publique de l’étude.

Saint-Aimé-des-Lacs connait une détérioration généralisée de ses lacs due à l’augmentation du phosphore, selon une étude commandée par la Municipalité. Sans surprise, l’activité humaine sur les rives des lacs en est la cause.

Plus précisément, les facteurs aggravants sont les sols à nu (en raison des constructions de maisons ou de coupes d’arbres), les installations septiques, l’absence de bandes riveraines adéquates, les chemins et les routes qui bordent les lacs.

L’étude, appelée une diagnose écologique, a été réalisée par l’Organisme de bassins versants Charlevoix-Montmorency (OBV) à l’été 2023 dans six lacs : le lac Brûlé, le lac du Pied-des-Monts, le lac Long, le lac du Rat-Musqué, le lac Antoine et le lac Sainte-Marie. Les dernières données prélevées dans la plupart de ces lacs dataient de 2007. Le lac Nairne, qui a été davantage étudié, ne fait pas partie de la diagnose.

Le lac le plus affecté est celui du Rat-Musqué. En 16 ans, le taux de phosphore est passé de 11,3 à 30, alors que la limite permise par le gouvernement est de 20. « C’est une grosse évolution négative, le niveau trophique est passé de moyen à eutrophe (dernière stade avant de devenir un marais). Le lac vieillit en accéléré », constate Payse Mailhot, coordonnatrice de projets pour l’OBV.

Dans le cas du lac Long, le taux de phosphore a doublé pour se rendre à la limite permise. « Il y a de l’activité humaine sur 60 % des berges et une augmentation significative des végétaux aquatiques, ce qui empêche oxygénation de l’eau », poursuite la coordonnatrice.

Le lac Sainte-Marie, qui est celui de la prise d’eau potable de la municipalité, est jugé « préoccupant ». Longé par la rue Principale, ayant plusieurs bassins versants traversant la route 138, il reçoit « beaucoup de sel et devient une eau dure, minéralisée, ce qui cause un risque. On a vu beaucoup de mortalité de poissons dans les dernières années », mentionne Payse Mailhot.

Les autres lacs se dégradent peu, mais ne sont pas à l’abri des principaux dangers : l’érosion des berges, les embarcations à moteur à essence et les habitations qui génèrent des eaux grises et noires, des apports non filtrés et une diminution des bandes riveraines végétalisées.

Une quarantaine de citoyens ont participé à la séance d’information au Centre aimélacois.

La Municipalité suivra les recommandations du rapport

Dans son rapport, l’OBV a émis plusieurs recommandations pour « renverser la vapeur », notamment de s’assurer qu’il y ait des végétaux partout sur les rives des plans d’eau, suivre de manière plus rapprochée l’état de vieillissement des lacs, cartographier les milieux humides, mieux entretenir les installations septiques autonomes, mieux gérer les apports en sel de routes et interdire ou encadrer les embarcations à moteur.

L’OBV a enfin proposé plusieurs actions à la Municipalité : effectuer des tournées des rives des lacs pour le suivi de l’état des bandes riveraines, réaliser un document personnalisé pour chaque riverain sur sa situation, distribuer des arbustes ou encore faire des aménagements forestiers autour des traverses de cours d’eau.

Le conseiller municipal responsable de l’environnement, James Dufour, a confirmé l’intention de financer ces actions à hauteur de 120 000 $, en demandant la moitié au programme fédéral ÉcoAction et en investissant elle-même 30 000 $. 24 000 $ seront octroyés par l’Association de protection de l’environnement du lac Nairne et 6 000 $ par un citoyen anonyme.

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