Adieu 2023, bienvenue 2024

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 9 janvier 2024 Initiative de journalisme local
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Bam, une autre page tournée, comme un collage inégal de petits bouts jolis à conserver et d’autres qu’on voudrait jeter au feu. Inscrits dans les phylactères de la grande BD existentielle de 2023, des oh, des ah, des bof, des ouah, des aïe, beaucoup trop de boom et de bang… En espérant que le tome 2024 abandonne enfin les tons de gris cendré, de rouge sang et de noir destruction pour embrasser la palette des pastels, voici un épilogue de l’année envolée et quelques pages à écrire cette année.

Bof

Désolée, M. le maire Couturier. Je me vois dans l’obligation d’accorder un « bof » à la Ville pour sa gestion du secteur « Grand-Fonds ». D’abord, plusieurs sont d’avis que La Malbaie a failli à son devoir de transparence dans le dossier de Huttopia. D’ailleurs, tout le développement du secteur semble manquer de planification et de cohésion. Les précipitations du 18 décembre ont donné un avant-goût de ce que d’aucuns pourraient qualifier de débâcle annoncée. Est-ce que Huttopia a suivi l’actualité?
Si elles avaient été plantées, leurs jolies tentes et cabanes auraient eu les pieds bien mouillés…
Les résidents du secteur sont en droit de s’interroger sur les impacts sur le réseau hydrographique induits par tous ces nouveaux chemins, ponts, fossés et infrastructures (notamment la pompe qui alimente les canons à neige du Mont Grand-Fonds). Avec la récurrence des aléas météorologiques extrêmes qui s’accélère (adios, Lac Monique!), un véritable plan de contingence s’impose, quitte à mettre la pédale douce sur certains projets. Y a-t-il un spécialiste dans la salle? Grand-Fonds ou non, on ne badine pas avec l’environnement!

La rivière Comporté, dans le secteur Grand-Fonds, ne sait plus où donner de la tête.
Photo courtoisie

Oups

Avait-on vraiment besoin qu’une autre grande chaîne de malbouffe vienne s’installer à Baie-Saint-Paul? Le marché est saturé (tout comme le gras du produit d’appel de cette franchise d’ailleurs!). Une visite sur la page Guide de nutrition et d’allergène de l’entreprise dont je tairai le nom est pour le moins déroutante. Difficile, voire impossible de dénicher l’information précise…

Doit-on rappeler qu’au Canada, « près de deux adultes sur trois et un enfant et un jeune sur trois ont un excès de poids ou vivent avec l’obésité, avec des taux encore plus élevés dans les populations marginalisées et en quête d’équité »? (source : Agence de santé publique du Canada)

Quoi qu’il en soit, les burgers et le poulet frit sont parmi les aliments les plus nocifs pour la santé. « Graisses et huiles hydrogénées, conservateurs, agents levants, additifs chimiques et fer réduit constituent 50 % des plats typiques de la restauration rapide ». (source : Planète durable) Miam!

Re-oups:  les aliments gras cuits à haute température sont ceux qui produisent le plus de gaz à effet de serre. Et ça, sans compter l’impact écologique de tous ces contenants à usage unique…

Pouet-pouet

Parlant de plastiques à usage unique, pouce vers le bas à la Cour fédérale pour avoir proclamé nul et illégal un décret du gouvernement fédéral qui déclarait toxiques les objets en plastique en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement. Du coup, la décision d’Ottawa d’interdire la fabrication, l’importation et la vente de six produits de plastique à usage unique (sacs, ustensiles, contenants alimentaires, anneaux pour canettes, bâtonnets à mélanger et pailles) est invalidée. On a failli avoir une bonne nouvelle… Est-ce juste moi ou quelqu’un d’autre entend le grenouillage des lobbyistes?

Snif

On a beaucoup, beaucoup pleuré le départ du gentil « cowboy » Tremblay cette année, mais il n’est pas le seul à avoir levé les feutres. Voici quelques remarquables disparus dont la Terre aurait eu encore bien besoin…  

Harvey Mead (1940-2023)

Ce nom ne vous dit rien? Dommage, mais pas surprenant. L’homme n’était pas de ceux qui courent vers les faisceaux des projecteurs, mais cet environnementaliste érudit, cofondateur du Front commun québécois des espaces verts et des sites naturels (devenu depuis Nature Québec), était un ardent objecteur de conscience, ennemi de la complaisance en matière d’environnement et de protection de la biodiversité. Une visite sur son blogue (harveymead.org) vous en convaincra. L’humble monsieur était aussi un éminent membre de la Coop des éperlans de Saint-Joseph-de-la-Rive, un Charlevoisien de cœur et un écologiste qui savait construire un argumentaire infaillible auquel il tenait ensuite mordicus, quitte à se faire montrer la porte des institutions qu’il servait… « Personne ne peut se moquer de l’environnement aujourd’hui, il faut que les promoteurs démontrent l’impact de leurs gestes », écrivait-il en… 2003.

Détail de la bande dessinée Hubert Reeves nous explique… la biodiversité.Source Le Lombard. Scénario de Nelly Boutinot et Hubert Reeves, dessin de Daniel Casavane.

Hubert Reeves (1932-2023)

L’homme qui parlait aux étoiles avait toute sa tête et celle-ci rappelait les grands sages des contes et légendes. Mi-Gandalf, mi-Dumbledore, l’homme de sciences à l’immense talent de vulgarisateur était de ceux qu’on écoute sans se lasser, qu’on lit avec délectation, qu’on rencontre avec émotion. J’ai eu cette chance quelques fois et son départ m’a fait de la peine.

« Je pense qu’il serait dommage de laisser disparaître les humains (même si, alors, il ne resterait plus personne pour le déplorer)… Ils n’ont pas fait que des bêtises. Ils ont accompli des œuvres sublimes qu’aucune autre espèce n’a pu réaliser. » – Hubert Reeves, dans sa Déclaration d’amour à l’être humain, 2014.

Écoutez La terre vue du cœur, lisez Poussières d’étoile, Patience dans l’azur, L’univers expliqué à mes petits-enfants et tous ces romans, essais, bandes dessinées dont il nous a fait don… Si, comme il le croyait, nous ne sommes pas seuls dans l’univers, et qu’un jour, par quelque tour de passe-passe cosmique, nous rencontrons ces autres formes de vie, nous aurons au moins quelque chose d’intelligent à dire!

Quoi qu’il en soit, espérons que son legs lui survive longtemps… L’espace qui doit porter son nom dans Charlevoix verra-t-il le jour avant la fin des étoiles?

Toc toc toc

Cognons à la porte d’entrée de 2024 et jetons un coup d’œil à ce qui nous y attend.

Le Plan Nature 2030 de la CAQ

Le Plan Nature 2030 de la Coalition Avenir Québec doit permettre d’atteindre les cibles de conservation de 30 % des milieux naturels de la province, suivant le Cadre mondial de Kunming – Montréal pour la biodiversité. Une vaste consultation publique a été menée en 2023 et les résultats sont attendus cette année. Les mesures du Plan se déclineront selon trois axes : donner davantage accès aux Québécoises et aux Québécois à la nature et atteindre la cible de conservation de 30 % du territoire d’ici 2030 ; agir sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité et protéger nos espèces menacées et vulnérables ; appuyer le leadership autochtone en matière de conservation de la biodiversité. Un budget de 650 millions de dollars sur sept ans lui est alloué.

2024 est l’année de la naissance tant attendue de la Stratégie de protection du caribou forestier et montagnard. Photo Peuple Loup

La Stratégie de protection du caribou forestier et montagnard

Québec devait dévoiler la stratégie « caribou », maintes fois reportée, avant la fin de l’année 2023. Le 19 décembre, le ministre Benoît Charette déclarait qu’il reportait le dévoilement à la « mi-janvier ou à peu près ». Rappelons que la raison invoquée pour justifier les plus récents reports est l’ampleur des feux de forêt qui ont ravagé le Québec l’été dernier, dont une partie de l’habitat de l’animal emblématique des Innus, Atik. La patience du fédéral s’étiole dans ce dossier.

Mi-décembre, la stratégie était « en consultation auprès des ministères » et « pour ainsi dire prête » selon les propos du ministre Charette. Début janvier, elle devrait être soumise au conseil des ministres avant de faire l’objet d’une consultation auprès des communautés des Premières Nations.

Rappelons que les communautés d’Essipit et Mashteuiasth ont avisé qu’elles intenteraient un procès pour manquement en matière de consultation et d’accommodement entourant les enjeux de leur animal emblématique en 2024, si le Québec « persiste à ne pas les inclure davantage dans la démarche ». Reste à voir si les consultations prévues suffiront pour renverser le processus judiciaire.

Le ministre a avisé que la stratégie ne fera pas l’affaire des groupes « qui sont campés », qu’ils soient environnementalistes, autochtones et industriels.

Deux projets d’aires protégées d’initiative autochtone sont sur la table, soit celle de Pessamit pour protéger un territoire incluant une partie du réservoir Pipmuacan et le projet du conseil de la nation innue d’Essipit Essipiunnu-meshkanau, une aire protégée de plus de 1 200 km qui permettrait à la nation d’atteindre un objectif de protection de 30 % de son nitassinan.

Psitt

Également à surveiller cette année, l’évolution du parc éolien des Neiges, l’évolution du projet de piste cyclable Saint-Joseph-de-la-Rive/Baie-Saint-Paul, le développement du parc du bout d’en bas à l’ile, le projet de pisciculture à l’usine de pâtes et papier de Clermont, la marche inéluctable de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, le draguage dans l’habitat du béluga, la météo, le projet d’agrandissement du parc marin Saguenay – Saint-Laurent qui pourrait s’étendre jusqu’à Baie-Saint-Paul, les tergiversations sur le pont du Saguenay et celles sur les quais de la desserte « continent-Isle-aux-Coudres »…

Le syndrome de la page blanche? Pas par ici!

Zoooooooom! 

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