Hippie un jour…

Par Émélie Bernier 7:00 AM - 24 août 2023 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Marc Laforest et sa guitare vont très bien ensemble… très bien ensemble… Photo courtoisie

À la fois nouvel arrivant et revenant, Marc Laforest est le seul « non-natif » de cette galerie de portrait. Vieux sage façon Gandalf-le-gris, Marc Laforest retrouve aujourd’hui
l’effervescence qui l’a conduit ici avec toute une horde de hippies au milieu des années 1970…Né à Montréal, il est arrivé une première fois dans la région en 1974, emporté par le mouvement du retour à la terre. C’est le temps des communes, du Mouton Noir, des Échassiers, de la Fête foraine… Le choc des cultures est grand entre les nouveaux venus et les « de souche ».

Entre un jam de guitare et une corvée chez des copains, Marc Laforest se lance dans un étonnant projet de pisciculture au coin du rang Sainte-Marie et du chemin Cartier. « Pas rentable », le projet meurt au feuilleton.

Marc Laforest. Courtoisie

Puis, il sera de la cohorte derrière la naissance de la radio communautaire. « C’est parti autour  de notre table de cuisine dans le rang Sainte-Marie! On a fait une première réunion, la demande au CRTC, puis on a pris le bâton de pèlerin et vendu le projet dans la région auprès des organismes, des conseils de ville… » Visiblement, le pèlerinage aura valu la peine. Presque 45 ans plus tard, CIHO existe encore!

Quelques années plus tard, la vie le ramène à Montréal. Il y travaille à titre de rédacteur publicitaire et relationniste de presse, entre autres, avant de traverser un important passage à vide.

Cette période, moins joyeuse, il la traverse avec courage, non sans aide. Une fois retombé sur ses pattes, il trouve dans son bagage d’éclopé la force d’aider, à son tour, ceux qui passent un mauvais quart d’heure.  

« Après m’être soigné, j’ai étudié en psycho et je suis devenu éducateur spécialisé. J’ai travaillé dans un milieu d’hébergement en santé mentale avec des jeunes de la rue », explique celui qui a beaucoup utilisé la musique pour rejoindre la clientèle. Ce travail, on le sent, est une grande source de sens et de fierté « C’est ce qui m’a construit! », résume-t-il.

L’heure de la retraite approchant, les sauts de puces vers Charlevoix se font, au fil du temps de plus, en plus fréquents…

Marc Laforest dans les anciens locaux de l’Auberge des Balcons.

Chasse-balcon

En 2021, la renaissance de l’Auberge du balcon vert, ancien fief hippie, sous un nouvel avatar, l’Auberge des Balcons, lui donne l’occasion qu’il attendait pour revenir se poser dans Charlevoix. Technicien de son, homme à toute faire, il sort régulièrement sa guitare.

« J’accompagne des poètes à la guitare, j’organise des jams… Il y a toujours eu ici, de génération en génération, un réseau de créatifs, marginaux ou non,  qui se connaissent, se tiennent, se fréquentent, s’encouragent », raconte-t-il.

Ce réseau est d’ailleurs l’argument massue qui l’a ramené, définitivement cette fois, dans Charlevoix. Petit frère de l’Auberge du même nom, Le Bistro des Balcons, à la fois salle de spectacle, café et lieu de tous les possibles, est l’incarnation de cette effervescence et il s’estime chanceux d’être de la partie!

Un de ses vieux chums lui faisait récemment remarquer que le Baie-Saint-Paul d’aujourd’hui a des airs de celui d’hier. Quoi qu’il en soit, Marc Laforest adore sa nouvelle bande multigénérationnelle. « Même si y’en a qui les appellent les wokes, ils ont une culture de bons vieux freaks! », rigole-t-il.

Marc Laforest est tombé dans la bonne talle.

« Quand je m’entoure de créatifs et que je contribue à la vie culturelle,
je suis heureux. Ici, j’ai trouvé un projet qui me rend heureux! Je
ne suis ni dans la décision, ni
dans la gestion. J’ai des projets d’écriture, je fais de la musique, je vais à la pêche… Je suis quelque chose comme un électron libre
allié du bonheur! », lance-t-il avec un sourire.

Et l’Auberge de jeunesse est
sans doute bien contente de
pouvoir compter sur ce « vieux freak » sympathique!

Coups de coeur  

Le Bistro des Balcons et Maison Mère

« Maison Mère, où se trouve le Bistro des Balcons, est un lieu qui traduit bien l’effervescence, le renouveau à Baie-Saint-Paul. La majorité des gens qui gravitent autour sont des créatifs, des originaux, des énergumènes de mon espèce, des bourlingueurs. C’est un parc immense et formidable, un lieu d’expression, une place pour la communauté! C’est bien lancé et ça va se consolider. Je suis sûr que ça va devenir un lieu où la population locale va avoir le réflexe de venir. »

Le rang Sainte-Marie

« Un lieu de pèlerinage. »

La rivière du Gouffre

« En 50 ans, j’ai vu la rivière du Gouffre s’assainir, le saumon qui est revenu… Et parce que j’aime pêcher! »


(NDLR : Voici la sixième chronique de notre série Les Revenants, où des Charlevoisiens qui sont allés voir ailleurs s’ils y trouvaient leur bonheur racontent pourquoi ils sont revenus s’ancrer là où tout  a commencé…
et pour de bon! La chronique fait relâche, mais reviendra peut-être plus tard cet automne… À voir!)
 

Partager cet article