Conducteurs de chien de sang: armés pour abréger les souffrances

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 15 juin 2023 Initiative de journalisme local
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Jimmy Duchesne et Charles Bouchard. Photo courtoisie

Charles Bouchard et Jimmy Duchesne prennent part pour une seconde année consécutive au projet pilote de port d’armes en recherche de grand gibier blessé. L’an dernier, leur participation au projet pilote leur a permis d’abréger les souffrances de plus d’une vingtaine de bêtes, mais là n’est pas le seul avantage du port d’armes pour les conducteurs de chien de sang.

« C’est plus sécuritaire pour le conducteur, pour le chien et ça évite à l’animal blessé par balles ou à l’arbalète de souffrir inutilement durant des heures et des heures », résume Charles Bouchard.

Hors projet pilote, le conducteur de chien de sang doit retourner à son véhicule y porter son chien et revenir avec le chasseur armé pour achever la bête, avec les risques que cette opération comporte. « D’abord, la nuit, les chasseurs ne peuvent pas porter leurs armes. Puis, l’animal blessé peut se relever et s’enfuir. Il va mourir plus loin, après avoir souffert durant des heures, et on ne le retrouvera pas. Ensuite, un animal blessé peut être dangereux et attaquer », explique le conducteur de chien de sang expérimenté.

Si, la  nuit, il est interdit d’avoir une arme en forêt et de l’utiliser, une exception est faite dans le cadre de ce projet pilote, exclusivement pour les conducteurs de chien de sang. Certaines contraintes s’appliquent. « Avant de faire la sortie de nuit armée, il faut avertir SOS braconnage, pour que ce soit clair que ce n’est pas un braconnier et pour que si quelqu’un appelle pour dénoncer les coups de feu, ils sachent que c’est un conducteur de chien de sang armé qui est dans le secteur. »

Fait non négligeable, le fait de pouvoir abréger les souffrances du grand gibier blessé permet d’accélérer les recherches. « Avant le projet pilote, on donnait souvent un délai de quelques heures pour laisser faiblir ou mourir l’animal au bout de ses souffrances pour avoir plus de chance de le rattraper. Là, on sauve du temps, ce qui permet de faire plus de recherches et d’éviter à plus d’animaux de souffrir pour rien », résume Charles Bouchard.

Il envisage mal un retour à l’ancienne façon de faire. « On est très content que ce soit reconduit, mais on ne peut pas retourner en arrière. Ça n’a fait que confirmer ce qu’on savait », dit-il, parlant en son nom et en celui de son acolyte Jimmy Duchesne. Le projet pilote a été développé par le gouvernement du Québec, en collaboration avec les associations de conducteurs de chien de sang.  

Un 3e conducteur en formation

Un nouveau conducteur de chien de sang et son chien sont en formation. « Dans le fond, nous le parrainons, ce qui est obligatoire. On lui transmet nos connaissances. Nous sommes une communauté qui est davantage dans le partage de savoir que dans la protection de notre territoire. »

Ce sont les parrains qui devront donner leur accord pour que le nouveau chien de sang et son maître puissent participer à des recherches actives. « Dans la grosse saison, ça arrive qu’on ne puisse pas répondre à tous les appels, alors c’est tant mieux si on ajoute quelqu’un sur le territoire », conclut M. Bouchard.

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