Le chemin de Jeannine : « ma mère, c’était mon âme sœur »

Par Jean-Baptiste Levêque 8:00 AM - 14 mai 2023
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Sylvie Rémillard et sa mère, Jeannine Desjardins Rémillard. Photo courtoisie

Derrière le comptoir de l’Hôtel Baie-Saint-Paul, Jeannine Desjardins Rémillard a, de façon discrète, marqué l’histoire de la Ville. Sa fille, Sylvie Rémillard, lui rend hommage dans un livre, Le chemin de Jeannine, une page d’histoire à la fois personnelle et collective.

« Ma mère a eu un parcours plutôt exceptionnel pour son époque. Elle a, entre autres, conjugué vie de famille et vie d’hôtelière, tout en s’impliquant dans son coin de pays d’adoption », explique l’auteure.

En 1953, le grand-père de Sylvie Rémillard rêve d’un petit hôtel de campagne pour son fils Carmel et sa bru Jeannine. « Et il avait bien repéré que ma mère était pas mal entreprenante. Il a dit : j’achète cet hôtel-là (le Baie-Saint-Paul), à condition que tu en sois la gérante. Mon père en faisait une grande partie, mais la capitaine du navire, c’était ma mère. »

« Quand ils sont arrivés en 1953 à Baie-Saint-Paul, c’est le premier hiver où le chemin était dégagé pour aller à Québec. Il n’y avait pas 200 lieux d’hébergement touristique, il y en avait essentiellement trois : le Belle Plage, le Morin, puis l’Hôtel Baie-Saint-Paul », raconte Sylvie Rémillard.

L’Hôtel Baie-Saint-Paul, dans les années 50. Photo courtoisie

L’hôtel tenu par ses parents tenait donc une place centrale dans le tourisme d’époque de la ville, pour le meilleur et pour le pire. L’endroit avait une bonne réputation auprès de ses clients, mais sa seule présence provoquait des tensions avec l’Église.

« (Mes parents) se battaient pour obtenir un permis d’alcool. Alors ils étaient décriés en chair à l’église. Mais le dimanche, la servante du curé appelait pour avoir le vin de messe puis pour avoir le petit remontant de Monsieur le curé, pour avoir son cognac. Puis ça, il ne le payait pas. »

Le livre de 300 pages est truffé d’anecdotes du genre, rempli de photos, de textes et d’artéfacts liés aux différents commerces que Jeannine Desjardins Rémillard a gérés. Selon Sylvie Rémillard, « c’est à la fois le portrait d’une femme, d’une pionnière, mais aussi le portrait d’une époque ».

« Ça s’appelle Le chemin de Jeannine parce que, au propre comme au figuré, elle a fait du millage. Quand elle est partie de Lachute, d’où elle venait, pour s’en venir à Baie-Saint-Paul en 53, elle ne savait même pas c’était où! »

Même si elle est retournée à Lachute quelques années pour y tenir un commerce, la mère de Sylvie Rémillard gardait Charlevoix dans son cœur. Elle et son mari y sont finalement retournés afin d’y tenir un motel et pour finalement y terminer leurs jours.

Jeannine Desjardins Rémillard, derrière le bar du Motel la Brinde, à Baie-Saint-Paul. Photo courtoisie

« Elle est morte il y a deux ans, dans son village, comme elle l’appelait, où elle a passé la plus grande partie de sa vie. Malgré son grand âge, tout près de 100 ans, son départ a laissé un grand vide dans ma vie, un vide que j’apprivoise encore », avoue Sylvie Rémillard.

« J’étais très proche de ma maman, j’ai eu cette chance-là dans la vie. C’était mon âme sœur, ma mère. On s’aimait vraiment profondément, inconditionnellement. »

Écrire un livre sur sa mère a permis à Sylvie Rémillard d’alléger un peu son deuil. « Ma mère rêvait d’écrire l’histoire de sa vie. Pour diverses raisons, elle ne l’a pas fait. À son décès, j’ai décidé de combler son désir. Comme le chante Diane Dufresne, dans sa chanson Hollywood Freak, je me suis dit… Faut qu’y en aye une qui le fasse, pis je vas le faire à ta place! »

Le livre Le chemin de Jeannine est disponible en bibliothèque seulement : on peut le consulter sur place ou l’emprunter à la Bibliothèque René-Richard de Baie-Saint-Paul, ou encore le commander dans les autres bibliothèques de la région.

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