L’incendie du 100, rue John-Nairne est-il criminel ?

Par Dave Kidd 6:05 PM - 9 janvier 2023
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Le palais de justice de La Malbaie.

Le procès de Katia Trudel, de La Malbaie, accusé d’avoir allumé l’incendie qui a fait un blessé grave et détruit l’immeuble à logements du 100, rue John-Nairne, à La Malbaie, le 25 mai 2020, s’est ouvert ce lundi 9 janvier.

Le procès se déroule sous la présidence du juge Stéphane Poulin de la Cour du Québec. Six jours d’audience ont été prévus.

Dès l’ouverture, le procureur de la Couronne, Me Jimmy Simard , a annoncé qu’il fera entendre entre 9 et 12 témoins dont certains « viendront dire avoir eu droit à des aveux de l’accusée ».

Me Guillaume Lafleur-Marcotte assure la défense de la femme qui avait 47 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. Il compte faire entendre un expert.

Le sergent-détective Bernard Desbiens de la Sûreté du Québec a été premier témoin appelé à la barre. Essentiellement, il a expliqué la façon dont il avait mené son enquête. Si sa première hypothèse comme cause probable de l’incendie était celle d’une négligence avec des feux d’artifice, les choses se sont précisées à son retour de ses vacances estivales en 2020 quand un témoin, qui viendra éventuellement témoigner, lui a dit que « Katia Trudel avait allumé ce feu ».

La Couronne a aussi fait entendre l’appel fait au 911 par une voisine du 100, rue John-Nairne. « Il y a un méga feu en face à l’arrière de l’immeuble. Je vois quelqu’un dehors qui a traversé le feu. Il a des tisons après son gilet. Il a été brûlé », entend-on.

Le procureur de la Couronne a aussi révélé que la victime de cet incendie, un homme âgé dans la cinquantaine, a été brûlé sur 42 % du corps. Il a été maintenu dans un coma artificiel pendant une dizaine de jours.

Contre-interrogatoire serré

La Défense en contre-interrogatoire a relevé des contradictions entre des déclarations passées du policier Desbiens et son témoignage à la cour. « Vous improvisez vos réponses », a suggéré Me Lafleur-Marcotte. Non, je dis la vérité », a rétorqué le sergent-enquêteur.

L’avocat laisse entendre que rapidement les soupçons de la police se posent sur sa cliente en raison de ses antécédents et parce qu’elle avait indiqué à l’enquêteur Desbiens avoir fait sauter des pétards la veille dans le secteur de la rue John-Nairne.

Katia Trudel était sur les lieux de l’incendie lorsque le sergent- enquêteur Desbiens est arrivé le matin du 25 mai 2020. Il lui a parlé dans le cadre d’un autre dossier dans lequel elle était victime sans lui poser de question sur le feu. « J’ai préféré attendre », a dit le policier. « Elle aurait pu être réveillée par le feu ou encore les sirènes », a suggéré son avocat pour expliquer sa présence.

Le policier a aussi dit devant la cour que l’accusée avait acheté des feux d’artifice dans un dépanneur. La commis de l’établissement l’a mentionné à un autre enquêteur de la SQ, a-t-il continué.

On a aussi appris d’après la preuve policière que le feu avait débuté à l’extérieur du bâtiment de 12 logements. C’est ce que le directeur du Service sécurité incendie de La Malbaie a confié à l’enquêteur Desbiens.

Des techniciens en scène d’incendie n’ont pas expertisé les décombres parce qu’une pelle mécanique a été utilisée pour compléter l’extinction du feu ce qui aurait eu pour effet de détruire des indices.

Mêmes vidéos images différentes

Le contre-interrogatoire s’est poursuivi en après-midi sur le même ton. L’avocat de la Défense a présenté des vidéos qui offraient une perspective différente de celles soumises au tribunal par la Couronne en avant-midi.

Le sergent-enquêteur Desbiens avait indiqué à quelques reprises que les images captées par les caméras de surveillance n’étaient pas très nettes sur les ordinateurs qu’il a utilisés.

Sur celui de Me Lafleur Marcotte, la clarté des images apporte un éclairage nouveau. Si plus tôt en journée on voyait une lueur pouvant être celle d’un feu d’artifice, en après-midi on a vu une lumière intérieure et des personnes entrer et sortir de l’immeuble. « C’est la première fois que je vois ces images », a admis le policier.

L’avocat de la Défense a également montré quatre véhicules qui gagnent et quittent le stationnement du 100, rue John-Nairne dans l’heure précédant le feu. « Avez-vous identifié ces automobilistes? a-t-il demandé à l’enquêteur. « Non », a répondu Bernard Desbiens.

« Votre hypothèse de travail de départ est fondée sur une erreur », a soutenu l’avocat Lafleur-Marcotte. « Non. C’est une pièce du casse-tête. J’aurais agi de la même manière. Mme Trudel n’était pas un témoin standard. L’ensemble du casse-tête la distinguait », a maintenu le policier.

Bernard Desbiens a déjà passé près de 5 h à la barre. Le contre-interrogatoire se poursuivra mardi matin.

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