Accueil dithyrambique pour le recueil de la poétesse insulaire Alycia Dufour

Par Emelie Bernier 6:00 AM - 16 mai 2022
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La poétesse Alycia Dufour. Photo Fabienne Mailloux

L’Insulaire Alycia Dufour est une artiste qui chemine sur de multiples avenues de création. La plus récente en lice, la poésie, l’a menée à publier Une flambée mes mains, aux Éditions Poètes de brousse.

À tout juste 25 ans, Alycia Dufour se commet dans un premier recueil.
«Je fais de l’écriture créative depuis quelques années, mais la poésie est récente. C’est la musique qui m’a amenée vers la poésie plutôt que vers le roman. La poésie est plus sonore, plus musicale. Je viens d’une famille où on raconte beaucoup, d’une façon plus grande que nature », raconte l’autrice.


Une flambée mes mains est sa première publication solo, mais elle a publié dans diverses revues comme Estuaire et Exit et sur internet via le Crachoir de Flaubert notamment. Elle a contribué à un livre du collectif Les Bourrasques.
Son recueil a reçu un accueil critique plus que favorable. Elle a été parmi les 5 finalistes nationaux du Prix de la poésie de Radio-Canada.

«Ça m’amuse et je trouve ça touchant. Je n’écris pas pour les critiques, mais pour moi, pour les gens qui viennent d’où je viens, qui ont un bagage commun, un senti commun, des préoccupations communes. J’écris pour qu’ils se sentent touchés. Quand la critique « trippe », c’est l’fun mais ce n’est pas mon but premier. C’est un petit nanane! », rigole-t-elle.


Ses poèmes sont ancrés dans le territoire et la mémoire. « Je décris mon recueil comme de la poésie narrative, avec des personnages. On est dans un univers vraiment de forêts, de lacs, de terre, un décor assez charlevoisien. Ça raconte un peu la filiation entre les parents, les ancêtres, le présent et le passé et ça réinvente le folklore, la tradition. J’aborde comment le corps se rattache au territoire. Il y a des bibittes un peu flyées, à mi-chemin entre le minéral, le végétal, l’humain et l’animal, c’est ma manière de réconcilier toutes les tensions qui peuvent habiter quelqu’un par rapport au territoire », résume-t-elle.


L’enfance et une certaine mythologie sont très présentes dans les poèmes où on retrouve la figure légendaire de la fille aux mains coupées. « Le point central de ma démarche est de partir de l’île, de l’enfance, de ma provenance et broder autour de ça. Comment réinventer les légendes, les histoires familiales, l’imaginaire d’enfance qu’on m’a transmis, et réinterpréter avec mon regard de personne de 25 ans? J’écris pour me rattacher à mes racines et m’en créer de nouvelles. Certains écrivent pour se déraciner, moi pour m’enraciner davantage… »

Parallèlement, Alycia Dufour développe des projets musicaux avec des amis. « Je fais de la musique depuis toute petite. Chez nous, tout le monde pianotait chantait, dansait… J’ai une formation en chant classique. L’écriture a pris beaucoup de place, mais j’aimerais aller vers l’art vivant, chercher quelque chose de plus multidisciplinaire maintenant », ajoute celle qui a complété récemment une résidence de création aux Ateliers Baie-Saint-Paul.

« Le matin, j’allais au Centre d’archives régional pour faire des recherches généalogiques sur ma lignée. Puis, en après-midi, dans l’atelier, je remettais tout en perspectives en me filmant, en m’enregistrant. Je voulais retrouver ma voix, mon accent de Charlevoix, ne pas essayer de mimer les langages littéraires », explique-t-elle.

Elle aimerait faire de ce matériel brut un balado poétique. À suivre! Le recueil Une flambée mes mains est disponible à la Librairie Baie-Saint-Paul.

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