Quelle décentralisation ?

Par Dave Kidd 8:40 AM - 27 octobre 2021
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Le premier ministre du Québec, François Legault.

Pensiez-vous réellement qu’on allait voir les CIUSSS disparaître? J’espère que non. La décentralisation en santé annoncée dans le discours de François Legault la semaine dernière n’ira pas jusque-là. En fait, elle ira jusqu’où?

En 2018, à Saint-Siméon, à bord de l’autobus de campagne de la CAQ, François Legault répondait aux questions de la presse locale. La question sur les CIUSSS lui avait été posée. « Je n’ai pas l’intention de jouer dans les structures », avait-il dit, et il avait promis de nommer des directeurs des hôpitaux.


Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. Manon Demers a cependant été nommée directrice adjointe des services santé physique pour le secteur de Charlevoix à la Direction des soins infirmiers du CIUSSS.


Trois ans, mais surtout une pandémie plus tard, François Legault préconise la décentralisation en santé et répète qu’il dirige « le gouvernement des régions». Il n’en fallait pas plus pour susciter de l’espoir et créer des attentes partout où l’on trouve que les décideurs sont trop loin de l’action.


J’ose espérer que la décentralisation ne se limitera pas à « une liste de rappel locale». Il est vrai que ça peut aider à (re) créer un sentiment d’appartenance envers un établissement de santé, mais l’autre mot à la mode en santé est complémentarité. Donc, on comprend que tous les établissements doivent fonctionner pour être complémentaires. Localement, il faudra rester uni.


En écoutant le premier ministre Legault, pendant une fraction de seconde j’imaginais que les hôpitaux de La Malbaie et de Baie-Saint-Paul retrouveraient une direction générale. On aurait enfin une personne pas loin, que je supposais facile d’accès, et qui mènerait le bateau comme dans le temps. Fini les appels à Québec pour savoir ce qui se passe chez nous. Le lendemain, le ministre de la Santé certifiait que les CISSS et les CIUSSS allaient rester.


Je l’avoue, j’aurais aimé que la structure revienne à sa plus simple expression. La santé, ça va au ministère de la Santé. Le CIUSSS de la Capitale-Nationale devient sa direction régionale. On prend tout le monde et la vie continue. Le défi que cela aurait posé est le retour des combats avec les grands hôpitaux de Québec pour obtenir des fonds. Dans ce duel, on aurait été David contre Goliath et on s’entend «qu’un hôpital neuf à Baie-Saint-Paul et 250 M$ pour améliorer celui de La Malbaie », on se le ferait servir à toutes les sauces.


Il y a beaucoup de politique en santé. Je ne vous apprends rien. Le plus bel exemple est la conversion des horaires des ambulanciers.Ça fait des années que c’est dans l’air. Le syndicat, l’employeur, le CIUSSS, la députée, tout le monde s’entend pour dire que ça n’a pas de sens. Le ministère de la Santé invoque la définition de nouveaux critères pour statuer sur la question. Un comité a aussi été formé pour se pencher sur ce dossier très précis.

Mettons que pour gagner du temps, on ne saurait faire mieux.

Imputabilité est un autre mot fort dans le jargon caquiste. Je suis très favorable à ça. C’est important de connaître ce qui s’est passé quand ça ne marche pas. Je ne cherche pas des coupables tous les jours, mais quand il y a de l’argent public en cause, je veux tout savoir.


Un dossier est si vite tombé entre deux chaises. Avec une seule personne assise sur la grande chaise, on présume que le dossier ne tombera pas ailleurs que sur son bureau!

Je me demande davantage comment, et, surtout qui pourrait quitter la tour du CIUSSS de la Capitale-Nationale pour atterrir ici. Depuis que le CIUSSS a été formé, on a surtout assisté à des départs des dirigeants pour Québec.
En cette année électorale, ce serait intéressant que les choses se clarifient avant le X sur le bulletin de vote.

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