Charlevoix, entre hospitalité et hostilité

Les points de contrôle sont levés depuis lundi dans Charlevoix, bien que les voyages non essentiels interrégionaux ne soient pas recommandés à ce jour.  Les avis sont divisés, tant sur la question de la réouverture que sur celle de la reprise éventuelle du tourisme puisque Charlevoix est jusqu’ici épargnée par le coronavirus. Reconnue pour son hospitalité, est-ce que la région sera à la hauteur de sa réputation ou les Charlevoisiens cèderont-ils à la peur et à l’hostilité?

Tourisme Charlevoix penche pour la première option et travaille activement à un plan de relance de l’industrie phare de la région.

Plusieurs étapes ont déjà été franchies, dont une importante rencontre le 14 mai. Les députées Émilie Foster et Caroline Desbiens, le sous-ministre associé au Secrétariat de la Capitale-Nationale Youri Rousseau,  les préfets, maires et mairesses de la région, la Chambre de commerce, des représentants des MRC, de Développement économique Canada et du ministère du Tourisme, ont participé à ce que Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix,  qualifie de « belle tablée virtuelle». «On a présenté l’ébauche du plan de relance de l’industrie touristique dans le but d’avoir leurs commentaires, mais aussi leur appui. On sent une belle synergie et une cohésion régionale», commente M. Dion.

Martin Dufour, président de Tourisme Charlevoix, est sorti de cette rencontre galvanisé. «On n’a reçu que des félicitations. On s’est d’ailleurs fait dire qu’on était en avance sur beaucoup de régions, car chez nous, le travail n’a jamais arrêté, même si on a fonctionné avec une équipe réduite», indique M. Dufour.

Le plan s’appuie sur la consultation virtuelle, une invitation à laquelle 110 des 450 membres de Tourisme Charlevoix se sont présentés, et sur un sondage auquel près de 150 entrepreneurs touristiques ont répondu.  «C’est adapté à notre région. Avec la pandémie, oui, on ferme une porte, mais on ouvre une fenêtre. Ça va être positif pour le futur, ça va donner un erre d’aller au tourisme dans notre région», croit fermement M. Dufour, propriétaire de la pourvoirie Club Bataram.

Le plan se déclinera en une série d’orientations. «Il y a de bonnes idées là-dedans, qu’on va proposer à notre c.a. et qui vont  aussi tenir compte des commentaires des gens qui ont participé à la rencontre du 14 mai.  Par exemple, on aimerait miser sur la connaissance du milieu par le milieu, se servir des Charlevoisiens comme ambassadeurs!  On voyage tous, mais on ne connaît pas tant notre région. C’est important que lorsqu’un visiteur de l’extérieur arrive ici, il puisse être informé par les gens d’ici sur tout ce qui est à sa portée», explique Martin Dufour.

Des actions du plan de relance ont déjà été déployées, comme le  200 000 $ en allègement financier octroyé aux membres et l’aide annoncée aux festivals et événements. Le coût des cotisations annuelles a été réduit de 50%.

Une ressource interne à Tourisme Charlevoix a déjà comme mandat d’aider les membres à se retrouver dans les différents programmes d’aide gouvernementale.

Le plan de relance sera peaufiné et présenté au  conseil d’administration de Tourisme Charlevoix cette semaine. L’ensemble des intervenants du milieu touristique sera convoqué à une rencontre visant à présenter le plan détaillé. «Nous serons prêts à rebondir rapidement lorsque le  gouvernement annoncera une réouverture progressive de l’industrie touristique», complète M. Dion.

Le tourisme, oui, mais le temps venu

Dans son plan, Tourisme Charlevoix n’élude pas la question de la  frilosité de certains Charlevoisiens à accueillir de nouveau les visiteurs.

«On sait que les gens ont des craintes par rapport à la relance touristique et on respecte ça. Quant à savoir si cet épisode « COVID » va nuire à notre réputation d’hospitalité, c’est dur à dire, mais personnellement, je trouve que les mentalités changent dans Charlevoix au fil de la crise. Quand les gens vont commencer à réserver et qu’on sera en relance, c’est là qu’on verra si on est capable d’avoir une attitude positive envers l’industrie», dit Mitchell Dion.

Tourisme Charlevoix souhaite inclure la population locale dans son processus de relance. «Dans notre démarche,  la population aura sa place dans les actions, car c’est important que la population se sente écoutée et partie prenante. Il est trop tôt pour définir comment. C’est important d’avoir des mesures qui les visent aussi.»

Martin Dufour est confiant. «Je pense que les Charlevoisiens vont être prêts à accueillir les visiteurs.  En ce qui concerne nos entrepreneurs, c’est certain! On veut qu’ils sachent qu’on est là pour eux et qu’on  travaille ensemble pour être prêt pour la relance.»

Le tourisme dans Charlevoix en chiffres*

Volume annuel de touristes dans la région: près de 700 000

Dépenses globales des touristes de la région: 250 millions $

Nuitées dans Charlevoix: 2 197 000

*données pour l’année 2017