Réseau social

Par Émélie Bernier 3:47 PM - 5 novembre 2019
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Salut l’ado. J’aimerais te jaser encore un peu. Te raconter un petit bout de la mienne, d’adolescence. Je l’ai vécue à une époque où réseau social rimait avec amis de chair et d’os. Où le virtuel n’existait qu’au cinéma et dans les livres de science-fiction. Où les téléphones ne se trimballaient pas.

Autant dire à la préhistoire, quoi.

Ce n’était ni mieux ni pire qu’aujourd’hui. L’ado de 1990 était aussi mêlé que celui de 2019. Moi, je l’étais, en tout cas. J’avais à la fois peur de tout et envie de défoncer les murs. Je suffoquais devant tous les choix que je devais faire alors que je ne me connaissais même pas. Je voyais déjà le temps filer vitesse grand V. Je voulais TOUT faire. J’étais assujettie au FOMO (fear of missing out) bien avant que l’expression existe.

J’étais souvent fâchée.  Contre ma mère, mon père ou la terre entière. J’avais la chance, et la tare, d’être « bollée ». D’un côté, l’école était facile, mais de l’autre, je n’ai jamais très bien appris à apprendre et je m’y emmerdais royalement.  Je m’ennuyais aussi ferme les soirs d’hiver dans mon bled, Saint-Jo, où il ne se passait pas grand-chose. Voire rien.

« Ennui. Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide », écrivait le philosophe Blaise Pascal dans ses Pensées il y a presque 400 ans. L’ennui ne date pas d’hier…

Dans mon temps, on n’avait pas internet pour saouler notre ennui. On s’ennuyait, c’est tout. Ou on se saoulait tout court, mais ça, ce n’est pas un conseil que je te donne.

L’ennui avec l’ennui 2.0., l’ennui d’aujourd’hui, ton ennui, c’est justement sa relation intime, voire fusionnelle, mais plutôt malsaine avec ton « cell », selon les experts.

Sarah M. Coyne, une chercheure, a développé des outils pour les ados, afin de les accompagner dans leur relation avec le grand méchant ouèbe, les réseaux sociaux et ton fameux « cell ». Sur son site, (en anglais seulement, mais tu comprendras j’en suis sûre), elle diffuse de chouettes petites capsules qui sont en quelque sorte un guide pour une utilisation positive de tout cela. Elle y fait de la « social media litteracy », qu’on pourrait traduire par alphabétisation des réseaux sociaux ou littératie numérique. L’internet est un langage comme un autre, avec ses codes, ses pièges, sa grammaire.

En gros, elle rappelle que les réseaux ne sont pas le démon, mais un formidable outil pour apprendre, s’informer, communiquer, connecter avec les autres.

Par contre, elle prévient que si tu t’ennuies, les réseaux sociaux ne te remonteront pas le moral. Bien au contraire. Devant l’étalage de bonheur que les usagers y font, tu risques de te sentir encore plus poche, rejet, déconnecté.

Elle rappelle que l’intimidation y est monnaie courante.  Dans ce cas spécifique, la règle est simple : si tu ne le dirais pas en face, ne le dis pas en ligne. Même s’ils donnent parfois cette impression, les réseaux sociaux ne t’accordent aucune immunité!

Sarah M. Coyne fait la nuance entre l’utilisation passive et active des réseaux sociaux. « Poster », « liker », commenter, chercher, échanger,  c’est en faire une utilisation active. « Scroller » des heures durant juste pour passer le temps, c’est tout le contraire. Et ce n’est pas une bonne idée. Si une utilisation active peut t’élever, la passive, elle, risque de te tirer vers le fond.

Quoi qu’il en soit, un conseil. Rappelle-toi que derrière toutes les photos parfaites, il y a des êtres humains parfaitement imparfaits. Qui s’ennuient parfois. Comme toi et moi.

 

Maintenant, va voir ça :

sarahmcoyne.com/resources

 

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