Capote pas

Par Émélie Bernier 3:45 PM - 29 octobre 2019
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Bel ado. Tu es si jeune et si plein de tout. D’avenir, de rêves, de désirs, de pulsions, de questions, de choix, de doutes. Si on me donnait le choix, je ne crois pas que je retournerais dans tes godasses. J’espère que tu y es bien, mais sinon, lis ça. Je l’écris pour toi.

 

Tu as les mains moites, les dents serrées, un vague mal de cœur, comme s’il battait à contretemps, coincé dans ton thorax devenu trop étroit.

Tu as la tête en gigue, mais pas une gigue joyeuse sur une « toune » de Carotté. Non. Plutôt une vrille virevoltante, étourdissante, vertigineuse qui lève ce même petit cœur qui « feele » déjà pas fort fort.

Devant toi, un pan rocheux, à pic, pas de prises faciles. Et tu sens qu’on te pousse sans cesse dans le dos pour que tu grimpes.

Tu figes. Tu ratatines par en dedans. Tu as envie de vomir, de te liquéfier, de disparaître.

Ce mur de roc effrayant et dont tu ne vois même pas l’ombre du sommet, les docs et les psys l’appellent détresse psychologique.

Et des beaux ados comme toi qui y font face, il y en a tout un tas. C’est plate, mais c’est ça.

L’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) évalue que le taux de détresse psychologique élevée chez les jeunes atteint les 37%. Et ça ne va pas en s’améliorant.

Non, t’es pas tout seul. Et y’a bien des ex-ados devenus grands qui se mettent en mode solution pour essayer de t’aider à arrêter de capoter. Première étape, comprendre le pourquoi.

« Il s’agit de la génération la plus riche, la plus connectée et la plus éduquée que la société n’ait jamais connue(…). Cette génération devra avoir les outils pour gérer l’impact psychologique de la vie numérique. Ils devront apprendre, dès le primaire, la gestion des risques, la résilience et l’importance des communautés et des interactions sociales. La génération Alpha sera connectée à la technologie, mais il importe qu’elle soit également connectée à ses émotions, ses proches et sa communauté », peut-on lire dans communiqué récent de l’AMPQ.

Ok, pas de panique. C’est un constat et on n’est vraiment pas en train de démoniser ton sacro-saint « cell », là. Il y a une tendance lourde vers ça, mais de plus en plus, les scientifiques qui réfléchissent à la question font dans la nuance.

*Ici, je m’adresse à vos parents : non, donner un iPhone à votre kid n’est pas l’équivalent de lui donner une ligne de coke, même si on entend régulièrement ce discours un tantinet alarmiste.

« L’utilisation de la technique numérique n’est associée qu’à 0,4% de variation du bien-être des adolescents. Un résultat minime comparé aux 2,7% de variation néfaste du bien-être d’un jeune fumant de la marijuana. », ont évalué les chercheurs Amy Orben et Andrew K.Przybylski, affiliés à l’Université d’Oxford.
Le problème n’est pas tant le temps que tu passes sur ton cell, mais l’utilisation que tu en fais. Ça, je vais t’en reparler, parce qu’une chronique, c’est pas assez long pour te parler de littératie des réseaux sociaux,  une patente plus qu’intéressante. Et ce n’est qu’une partie de l’édifice fragile et en construction de ta santé mentale,

En attendant, je t’invite à utiliser ton dit cell (je n’ai pas dit maudit) pour aller quelques affaires qui vont peut-être donner du relief à ta muraille, y semer des prises pour te permettre de commencer ton ascension.

 

Le site alphasconnectes.ca

Une initiative de l’AMPQ  vraiment chouette qui prône notamment l’instauration d’ un cours d’éducation à la santé mentale dans ton cursus scolaire et un vrai dialogue de société sur les normes sociales et les habitudes de vie qui se sont développées dans les dernières années et qui peuvent défavoriser le bien-être. Allez, va voir ça, on s’en reparle.

Humain avant tout, sur Facebook

Du monde normal, des jeunes, des vieux, qui témoignent clairement de leur « vécu » avec des ennuis de santé mentale. T’es pas tout seul.

L’onglet «Ça va pas» sur le site de Tel-Jeunes. Si ça ne va pas, il y a tout le temps quelqu’un là pour toi.

 

 

 

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