À propos du spectacle gratuit

Par Brigitte Lavoie 3:55 PM - 29 octobre 2019
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Les élèves ont pu voir le spectacle de Kattam et ses tamtams au Domaine Forget.

J’ai une devinette pour vous. Qu’est-ce que nos élèves du primaire, les pays d’Afrique et une boîte de vis ont en commun? Je vous donne un gros indice : salle de concert. Avez-vous deviné? Tous les automnes depuis 2012, et aussi chaque printemps désormais, les parents charlevoisiens reçoivent une petite lettre demandant d’autoriser l’écolier de la maison à participer à une sortie scolaire au Domaine Forget. Et là, le parent a beau lire de haut en bas, et relire une autre fois la petite lettre, il finit par comprendre, médusé, que ça ne lui coûte rien. Rien pantoute. Même pas 2 $? « C’est gratuit maman! Juste à signer ton nom en bas de la feuille. Je veux y aller, c’est le fun le Domaine Forget! »

Donc, la semaine dernière, les parents ayant fait leur mini devoir, les 2 000 élèves du primaire de la Commission scolaire de Charlevoix sont débarqués à Saint-Irénée. « Pendant tout le temps du primaire, un jeune viendra au moins six fois au Domaine Forget », explique Ginette Gauthier, directrice générale de l’institution. « Ces spectacles professionnels permettent à nos enfants de se sentir aussi à l’aise dans une salle de concert qu’à l’aréna. Ce sont des sorties culturelles qui leur permettent d’élargir leurs horizons, de découvrir différents styles musicaux, différentes cultures. »

Mais vous imaginez bien que tout ça, la salle, l’artiste professionnel, l’équipe technique et les autobus, c’est tout sauf gratuit. Il y a d’ailleurs une courte mention là-dessus dans la petite lettre aux parents : « Grâce à la participation du Groupe BMR Henri Jean et fils »…

La semaine dernière, après avoir accueilli à la maison une écolière ravie de sa sortie au Domaine, j’ai discuté avec Ginette Gauthier et j’ai appelé Gilles Jean, le patron de BMR. Je voulais savoir pourquoi il envoie nos enfants voir des spectacles alors qu’il n’est pas obligé de le faire. Pourquoi son entreprise choisit de mettre ses commandites ici, plutôt que là? Mais on a eu de la misère à se rejoindre, M. Jean et moi. Vous savez comment c’est. Je soupçonne aussi M. Jean d’avoir eu, en plus de tous ses chats de chef d’entreprise à fouetter, pas tellement envie de s’épancher sur ses capacités de commanditaires. Alors je n’ai presque pas insisté. Et j’essaie de prendre exemple sur M. Jean, c’est-à-dire d’user de délicatesse, d’éviter l’arrogance et de ne pas trop beurrer épais…

Mais permettez-moi quand même, avec l’aide de Ginette Gauthier du Domaine, de souligner le fais que « nous sommes vraiment choyés d’avoir un partenaire qui croit beaucoup en la jeunesse et qui privilégie la culture. Le Groupe BMR est notre commanditaire majeur pour les spectacles jeunesse depuis les débuts. » Sans ce partenaire et son niveau d’implication, la petite lettre d’autorisation parentale pour la sortie au Domaine viendrait avec une facture. En ville, les parents paient jusqu’à 10 $ par enfant pour le même genre de sortie. Desjardins et la Commission scolaire de Charlevoix, via le Conseil des arts et des lettres du Québec, font aussi leur part dans ce dossier jeunesse avec le Domaine Forget. Un A+ pour la collaboration messieurs dames!

Alors la semaine dernière à Saint-Irénée, Kattam et ses tamtams s’est produit quatre fois devant une salle comble, permettant aux enfants de s’émerveiller et de bouger comme c’est permis dans une salle de concert. Kattam a improvisé avec eux, les transportant sur le continent africain au rythme des percussions et de l’origine de ses instruments. Que de plaisir ils ont eu, paraît-il.

L’air de rien, ces sorties culturelles alliant commanditaires locaux et vision culturelle font en sorte qu’aller au Domaine Forget est devenu une habitude pour nos enfants en plus de leur aiguiser l’esprit critique, puisqu’ils ont désormais une opinion sur la qualité du spectacle. Et ce n’est pas rien. Toi, lecteur adulte, as-tu la chance d’aller deux fois par année assister à des prestations d’artistes professionnels dans l’une des plus belles salles de concert du Québec?

Donc, à propos du spectacle gratuit, il y a comme un petit mot qui me vient, comme une chanson. Celle que
les conducteurs d’autobus entendent parfois retentir au retour d’une sortie scolaire : « C’est un M, un E un R, c’est un C avec un I. Rassemblez toutes ces lettres et vous trouverez le mot MERCI! »

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